Mardi, les autorités de la République démocratique du Congo ont expulsé la journaliste française Sonia Rolley après que sa demande d’accréditation en tant que correspondante de l’agence Reuters a été rejetée.
Sonia Rolley, 42 ans, correspondante de longue date de Radio France Internationale (RFI), a couvert la RD Congo et la région africaine des Grands Lacs depuis 2004. Elle est connue dans tout le pays, ainsi qu’au niveau international, pour ses reportages intrépides et bien informés révélant des affaires de corruption et de violations des droits humains et couvrant également d’importants événements politiques. Plus d'un demi-million de personnes la suivent sur les réseaux sociaux.
Nommée correspondante de Reuters, Sonia Rolley avait déposé une demande d’accréditation en septembre. Elle avait reçu l’assurance que son accréditation était prête à lui être délivrée. Mais mardi, suite à une convocation, elle s’est présentée à la Direction Générale des Migrations (DGM) à Kinshasa, où son passeport lui a été confisqué. Les agents de la DGM l’ont ensuite directement conduite à l’aéroport.
Sonia Rolley a appris que son expulsion était liée à son travail passé de journaliste, avant d'être placée à bord d’un avion pour Paris. Dans une déclaration diffusée mercredi, le Ministère de la Communication et des Médias a affirmé qu’elle était en situation de « séjour irrégulier dans le pays », bien que son passeport présente un visa valide.
Les médias jouent un rôle crucial en RD Congo depuis des années, en informant sur les crises et la corruption, dans un climat marqué par des attaques de groupes armés contre les civils, des exactions commises contre les populations autochtones et les difficultés rencontrées par les organisations de la société civile pour maintenir un espace de liberté.
L’expulsion de Sonia Rolley est une nouvelle atteinte à la liberté de la presse en RD Congo, où les journalistes font de plus en plus l’objet de harcèlement, de menaces et d’arrestations. Le mois dernier, les autorités à Kinshasa ont tenté d’arrêter un journaliste congolais, Steve Wembi, qui est un collaborateur du New York Times.
Peu après sa prise de fonction, le président Félix Tshisekedi s’était engagé à promouvoir les médias pour qu’ils deviennent « réellement le quatrième pouvoir ». Une promesse qui semble désormais bien lointaine. Le 1er novembre, l’association Journaliste en danger (JED) a déclaré que « la situation sécuritaire pour les journalistes congolais [était] alarmante », faisant état pour cette année d’au moins 123 cas de menaces, d’arrestations, d’agressions physiques, ainsi que du meurtre d’un journaliste.
Alors que la RD Congo fait face à une reprise des affrontements dans l’est de son territoire et à l’approche d’un nouveau cycle électoral, les journalistes devraient être en mesure de travailler sans crainte d’être arrêtés. Sonia Rolley devrait être à nouveau autorisée à exercer son métier de journaliste dans le pays. Le journalisme n’est pas un crime, mais plutôt le signe d’une démocratie en bonne santé.
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