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Avancée du M23 en RD Congo : les combats mettent de nouveau les civils en danger

Soutenu par le Rwanda, le M23 a un long passif d’exactions et atrocités

Des civils fuyant les combats entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise près de Kibumba, au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, le 29 octobre 2022. © 2022 Moses Sawasawa/AP Photo

Le week-end dernier, les rebelles du M23 ont étendu leur zone de contrôle dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. Des dizaines de milliers de personnes ont fui pour se mettre en sécurité, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique dans l'est du pays.

Le groupe armé, qui bénéficie d'un soutien direct du Rwanda, a lancé une offensive le 20 octobre et s'est emparé d'une grande partie du territoire de Rutshuru, prenant notamment les cités de Rutshuru Centre et Kiwanja. Ces deux localités rurales abritaient une grande partie des 186 000 personnes déplacées qui avaient déjà fui la reprise des combats entre le M23 et les forces congolaises au cours des derniers mois. Bon nombre de ces personnes sont à nouveau en fuite. 

Human Rights Watch a documenté des exactions généralisées commises en 2012 par les combattants du M23 contre des civils, notamment de nombreux meurtres et viols. Le fait que les autorités congolaises et rwandaises n'aient toujours pas tenu ce groupe armé responsable de ses crimes passés renforce les inquiétudes quant à la sécurité des civils désormais sous son contrôle.

Le M23 a été formé en 2012 par des déserteurs de l'armée congolaise, eux-mêmes anciens rebelles d'un groupe armé appelé le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), également soutenu par le Rwanda. Après la prise de Kiwanja par le CNDP en 2008, ses forces ont exécuté sommairement des dizaines de civils en deux jours. « On n’a pas oublié le massacre de 2008 », a récemment déclaré un habitant de Kiwanja âgé de 44 ans. « Et en 2012, ils m'ont mis au cachot et pourtant je n'avais rien fait. Vont-ils cibler encore les gens ? »

S'exprimant lors d'un briefing des Nations Unies la semaine dernière, l'ambassadeur des États-Unis à l'ONU, Robert Wood, a appelé « les acteurs étatiques à cesser de soutenir [l]es groupes [armés], notamment l'aide apportée par la Force de défense rwandaise au M23 ».

Les responsables rwandais ont nié avoir soutenu des forces rebelles en RD Congo en 2008 et 2012, et ont démenti soutenir le M23 cette année. Au contraire, le gouvernement rwandais a dénoncé la violence et les discours de haine contre les personnes perçues comme tutsi ou rwandaises en RD Congo, qu'il impute à la « collusion entre les forces armées congolaises et les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) », un groupe armé rwandais majoritairement hutu dont certains dirigeants sont liés au génocide de 1994 au Rwanda. La connivence cette année entre les FDLR et l'armée congolaise, que Human Rights Watch a documentée, ne justifie toutefois pas que le Rwanda soutienne le M23, responsable d’abus.

L'Union africaine appelle au dialogue. Tout accord régional devra tenir compte de la protection et des préoccupations humanitaires des civils concernés. Il est essentiel de veiller à ce que les responsables des atrocités passées, qu'elles aient été commises par le M23, d'autres groupes armés ou les forces armées gouvernementales, soient traduits en justice. Sans cela, il est difficile d’entrevoir une amélioration du sort des populations de l’est de la RD Congo.

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