Le 30 avril, le président syrien Bachar al-Assad a accordé une amnistie générale aux citoyens syriens détenus pour des crimes « liés au terrorisme » n’ayant entraîné la mort d’aucune personne. Le Réseau syrien des droits humains (Syrian Network for Human Rights, SNHR, basé en Europe) a indiqué que 193 détenus ont été libérés depuis le 1er mai, dont sept qui étaient des mineurs au moment de leur arrestation. Ces 193 personnes avaient été détenues durant des périodes allant de deux ans à huit ans.
La remise en liberté de personnes qui croupissaient dans les horribles donjons du gouvernement syrien est certes une bonne nouvelle. Toutefois, aucune information n'a été fournie au sujet des très nombreux autres prisonniers qui sont toujours incarcérés.
De récentes photos montrent des foules de personnes rassemblées sous le pont al-Ra'is à Damas, attendant avec impatience l'arrivée potentielle de leurs proches. Plusieurs familles avaient vu les noms de leurs proches sur des listes publiées sur les réseaux sociaux ; d'autres personnes les avaient rejointes dans l'espoir de reconnaître un visage parmi les personnes libérées.
Toutefois, la présidente du tribunal antiterroriste syrien, Zahera al-Bashmani, réagissant à cet « étrange » rassemblement, a indiqué que ces listes étaient fausses. Elle a ajouté que les amnisties seront accordées au cas par cas et que le gouvernement ne fournira aucune liste détaillée, ni d’informations sur un lieu de libération spécifique ; les libérations se dérouleront par « vagues ».
Le chaos autour de ces libérations limitées a été déchirant pour les nombreuses familles qui ont cherché en vain des informations sur des proches détenus pendant des années. Des dizaines de milliers de personnes sont toujours incarcérées, ou ont fait l'objet de disparitions forcées par le gouvernement.
Le processus d'amnistie accordé par les autorités syriennes à certains détenus donne aussi l’impression que précédemment, des accusations criminelles et des procès équitables ont abouti à des condamnations. En réalité, on sait peu de choses sur le sort de nombreux détenus après leur arrestation, le système judiciaire syrien étant truffé de manquements au droit à une procédure régulière. Quant au système de détention syrien, il a été décrit comme un « archipel de la torture » où certains détenus ont été tués, parfois sous la torture selon plusieurs sources. ; de nombreux prisonniers continuent de souffrir dans des conditions carcérales abjectes.
Les familles veulent avant tout savoir si elles peuvent continuer à espérer la libération de leurs proches détenus. Certaines ont recouru aux médias sociaux pour publier des photos et des informations au sujet de leurs proches, dans l'espoir que quelqu’un les reconnaîtra et facilitera leur retour.
Même quand les autorités syriennes annoncent une bonne nouvelle, c’est d’une manière limitée et chaotique qui continue de punir ceux qui vivent sous leur régime despotique.
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