Skip to main content

En Ukraine, un bébé malade s'accroche à la vie dans un sous-sol

Il faut permettre l'évacuation en toute sécurité des civils dans des situations à risque

Trois femmes et un jeune garçon ayant trouvé refuge dans le sous-sol d'une maternité convertie en centre médical à Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, le 28 février 2022. Le sous-sol est utilisé comme abri anti-bombes. (Cette photo ne montre ni Oksana ni Mariia.) © 2022 AP Photo/Evgeniy Maloletka 

La voix d'Oksana se brise un peu au téléphone : « Ma fille de 11 mois est tombée malade le premier jour de la guerre. »

Chaque heure depuis cet instant a été une bataille pour sauver la vie de Mariia, la fille d'Oksana. Une simple infection intestinale s'est transformée en une condition médicale qui nécessite une valve mécanique afin de pomper l'oxygène dans ses poumons. Les noms « Oksana » et « Mariia » sont des pseudonymes, la mère craignant d'utiliser leurs vrais noms.

Depuis le trajet en ambulance qui les emmenées vers un hôpital dans le sud de l'Ukraine il y a un peu plus d'une semaine, Oksana a passé de nombreuses nuits blanches, rongée par l’inquiétude pour sa fille. Elle n’a que rarement vu les soldats russes qui ont pris le contrôle de leur ville ces derniers jours.

Mais Oksana a déjà profondément ressenti l'impact de la guerre. Elle a dû mendier de l'argent à des inconnus pour acheter des médicaments, de plus en plus rares dans les pharmacies qui n'acceptent plus les cartes de crédit. Et elle craint que sa fille ne reçoive pas les soins dont elle a besoin. De nombreux médecins, infirmières et infirmiers se réfugient chez eux, tandis que d'autres ont fui la ville. Le médecin-chef de l'hôpital est injoignable. Tout le monde a peur.

Les médecins qui continuent de travailler dans cet hôpital n'ont pas été en mesure de diagnostiquer Mariia. « Nous n'avons pas pu procéder à un test IRM [imagerie par résonance magnétique] car la clinique privée qui s’occupe de ce type de test est fermée », m’a dit Oksana.

Entretemps, l'état de Mariia s'est aggravé. Elle est maintenant sous ventilateur, incapable de respirer par elle-même. « Chaque fois qu'on entend des sirènes, les médecins doivent débrancher le câble qui la relie au ventilateur afin d’aller au sous-sol, où ils lui prodiguent une assistance respiratoire manuelle », a expliqué Oksana. Ce sont les seules fois où Oksana peut voir sa fille : « Je n’ai pas accès à la salle de soins intensifs, donc je ne peux voir Mariia qu'au sous-sol. »

La ville dans laquelle Oksana et sa fille se trouvent est désormais sous le contrôle effectif des forces russes, mais les sirènes de raids aériens n’ont pas cessé de retentir. La guerre continue, tout comme les descentes rapides au sous-sol de l’hôpital.

La Russie, ainsi que l'Ukraine, ont l'obligation de garantir aux civils l'accès à l'aide humanitaire, et de prendre toutes les mesures possibles pour permettre leur évacuation. Le maire de la ville ou réside Oksana a demandé la mise en place d’un couloir humanitaire, pour permettre l'entrée de vivres et de fournitures médicales essentielles, et afin que les civils, surtout les plus vulnérables, puissent quitter la ville.

Que les parties au conflit parviennent ou non à un accord sur un tel couloir humanitaire, les chances de survie de Mariia dépendent directement du respect de leurs obligations juridiques envers les civils en temps de guerre.

......................

Tweets

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.