La 33ème Coupe d’Afrique des Nations (CAN) se déroulera au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. Mais des questions essentielles subsistent quant à la capacité du gouvernement à garantir la sécurité et le bien-être des joueurs et des supporters.
L’Association européenne des clubs de football, les observateurs internationaux et les médias ont exprimé leurs préoccupations d’une part quant aux risques que la pandémie de Covid-19 fera peser sur ce grand rassemblement de joueurs et de responsables de la CAN au Cameroun, et d’autre part quant à l’insécurité qui règne dans les deux régions anglophones où se dérouleront les matchs.
Depuis 2017, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun sont en proie à des cycles de violence qui opposent les forces gouvernementales à des groupes séparatistes armés qui cherchent à obtenir l’indépendance du reste du pays. Plusieurs dirigeants et militants séparatistes ont publiquement menacé de perturber la CAN si les autorités ne retirent pas les forces gouvernementales actuellement présentes dans ces régions. Citant son opposition à la tenue de la CAN, l’un de ces groupes a revendiqué l’explosion d’une bombe qui a blessé plusieurs personnes le 12 décembre dans un quartier très fréquenté de Buea, la capitale régionale du Sud-Ouest. Il s’agit de la quatrième explosion dans cette ville depuis le mois de novembre.
Human Rights Watch a précédemment documenté la façon dont la crise dans les régions anglophones du Cameroun a drastiquement réduit l’accès de la population aux soins et infrastructures médicaux, et comment une corruption généralisée a drainé la plus grande partie des 382 millions de dollars US de prêts accordés par le Fonds monétaire international au Cameroun pour lutter contre le Covid-19.
Malgré ces préoccupations, le 20 décembre, Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football (CAF), a insisté pour que la compétition ait lieu comme prévu, tandis que les autorités camerounaises déclaraient qu’elles assureraient la sécurité autour de l’événement et déploieraient des soldats supplémentaires dans les régions anglophones pour empêcher les attaques de séparatistes armés. Cependant, l’histoire de la crise anglophone au Cameroun montre que la réponse du gouvernement a souvent été insuffisante pour protéger les civils contre de telles attaques.
Les autorités camerounaises ont la responsabilité de protéger les équipes participantes, les responsables et les supporters, et de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les attaques avant et pendant le tournoi de la CAN. Elles devraient s’abstenir d’organiser des matchs dans des régions où elles ne peuvent pas garantir la sécurité des joueurs et des supporters. Les autorités devraient aussi prendre des mesures supplémentaires pour contenir la propagation du Covid-19, notamment en limitant le nombre de supporters assistant aux matchs, et en mettant en œuvre une politique de dépistage pour tous les participants, tout en apportant un soutien à ceux qui doivent s’isoler après un test positif.
---------------