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À Gaza, une jeune femme conteste l'interdiction de voyager imposée par son père

De telles restrictions violent les droits des femmes et risquent de provoquer des abus

Ces jeunes femmes manifestaient dans la ville de Gaza, le 16 février 2021, contre la décision du Conseil judiciaire suprême de Gaza d’interdire aux femmes non mariées de voyager sans l’autorisation d’un « tuteur masculin ». © 2021 AP Photo/Adel Hana

Le 3 novembre, un tribunal de Gaza examinera la demande d'Afaf al-Najar, une jeune femme de 19 ans, de lever une interdiction de voyager imposée par son père. Elle a déclaré à Human Rights Watch que le 21 septembre, des agents frontaliers palestiniens au point de passage de Rafah, situé entre Gaza et l'Égypte, l'avaient empêchée de quitter le territoire parce que son père avait déposé auprès des autorités judiciaires une requête l’interdisant de voyager. Afaf al-Najar comptait se rendre en Turquie, où elle a obtenu une bourse en vue d’obtenir un diplôme en médias et communications.

En février 2021, le Conseil judiciaire suprême de Gaza a publié une ordonnance selon laquelle un tuteur masculin peut demander à un tribunal d’interdire à une femme célibataire de voyager si un tel voyage était susceptible d’occasionner un « préjudice absolu ». Ce terme n’est toutefois pas défini de manière précise. Selon l’ordonnance, les autorités frontalières sont habilitées à empêcher le voyage d’une femme visée par une telle requête, avant même qu'un juge n'ait rendu une décision finale. Telle fut la situation dans le cas d'Afaf al-Najar.

Afaf al-Najar a déclaré que son père, avec qui elle ne vit pas, a affirmé dans sa demande qu'elle n'avait pas obtenu son autorisation de voyager, sans toutefois préciser en quoi son voyage pourrait causer un « préjudice absolu ». Selon la jeune femme, le vrai préjudice est celui qu’elle a elle-même subi en raison de cette interdiction de voyager. Elle a déclaré à Human Rights Watch que son père ne lui avait pas parlé depuis mai.

Lors de la première audience du tribunal dans cette affaire, le 3 octobre, le juge a dit à Afaf al-Najar qu'elle pouvait étudier à Gaza afin d’obtenir son diplôme. Son père n'a pas assisté à cette audience.

Des organisations palestiniennes de défense des droits humains ont déclaré que de telles restrictions discriminatoires violent la Loi fondamentale palestinienne. L’ordonnance viole également le droit des femmes de quitter leur propre pays sans discrimination, en vertu du droit international des droits humains. Toute restriction de voyage doit être individuelle, basée sur un motif légitime et proportionnée.

Depuis plus de 14 ans, le bouclage oppressif de Gaza par Israël, associé aux restrictions imposées par l’Égypte au poste frontalier de Rafah, ont privé la grande majorité des plus de deux millions d'habitants de Gaza de leur droit à la libre circulation. Les autorités du Hamas devraient lever l'interdiction de voyager imposée à Afaf al-Najar. D’une manière plus générale, le Conseil judiciaire suprême devrait annuler son ordonnance, afin que les femmes de Gaza puissent voyager sans restrictions discriminatoires. « Je poursuivrai mes efforts jusqu'à la levée de cette interdiction de voyager », nous a confié Afaf al-Najar. « Je ne veux pas qu'une autre femme vive la même expérience. »

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