(New York, le 3 juin 2021) – Le gouvernement chinois devrait reconnaître les faits et assumer la responsabilité du massacre de manifestants prodémocratie en juin 1989, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autorités devraient immédiatement autoriser les événements commémorant le 32ème anniversaire du massacre, que ce soit en Chine continentale, à Hong Kong ou à Macao, et cesser de censurer les discussions au sujet de la répression du mouvement prodémocratie.
« L'interdiction de la veillée aux chandelles à Hong Kong en dit long sur le triste bilan du gouvernement chinois en matière de droits humains : 32 ans après le massacre de Tiananmen, la répression n’a fait que s’accentuer », a déclaré Yaqiu Wang, chercheur sur la Chine à Human Rights Watch. « Mais chercher à dissimuler la vérité n'a fait qu'attiser les demandes de justice et de reddition de comptes. »
À Hong Kong, pour la deuxième année consécutive, les autorités ont interdit la veillée annuelle pour commémorer le massacre, invoquant les restrictions liées au Covid-19 ; pourtant, la ville a géré convenablement la pandémie, et les règles de distanciation sociale ont été assouplies. Le 31 mai 2021, la police a arrêté l’activiste connue sous le nom de « Grand-mère Wong », âgée de 65 ans, pour « rassemblement non autorisé » après qu’elle eut manifesté, seule, pour commémorer le massacre.
Une autre personne a été condamnée à une amende de 5 000 $ HK (645 $ US) pour avoir distribué à Hong Kong des bougies électriques et des boîtes d'allumettes portant la mention « Ne jamais abandonner », afin de commémorer l'anniversaire du massacre. La police a prévu de déployer plus de 3 000 agents pour déjouer tout rassemblement non autorisé dans la ville, selon les médias. En mai, Joshua Wong et trois jeunes activistes ont été reconnus coupables de « rassemblement non autorisé » à Victoria Park en juin 2020, quand ils avaient voulu commémorer le massacre lors du 31ème anniversaire. Pour avoir allumé des bougies et s'être assis dans le parc, Wong a été condamné à 10 mois de prison.
Le gouvernement n'a jamais assumé sa responsabilité pour ce massacre, et personne n’a dû répondre des meurtres devant la justice. Le gouvernement a refusé de mener une enquête sur les événements, ou de publier des données quant au nombre de personnes tuées, blessées, disparues de force ou emprisonnées. Les mères de Tiananmen ont documenté des informations détaillées au sujet de 202 personnes tuées lors de la répression du mouvement à Pékin et dans d'autres villes.
En tant qu’État partie à certains traités internationaux relatifs aux droits humains et en tant que membre actuel du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies, dont les membres sont tenus de « respecter les normes les plus élevées en matière de droit humains », le gouvernement chinois devrait prendre d’urgence les mesures suivantes en ce qui concerne le massacre de Tiananmen :
- Respecter les droits à la liberté d'expression, d'association et de réunion pacifique, et mettre fin au harcèlement et à la détention arbitraire de personnes qui contestent la version officielle des événements du 4 juin 1989 ;
- Rencontrer les membres de l’organisation « Mères de Tiananmen », leur présenter des excuses officielles, publier les noms des victimes et dédommager de façon appropriée leurs familles ;
- Autoriser l’ouverture d’une enquête publique et indépendante sur les événements du 4 juin 1989, et rendre les résultats publics ;
- Autoriser le retour sans entrave des citoyens chinois qui sont toujours en exil en raison d’activités liées aux événements de juin 1989 ; et
- Enquêter sur le rôle des hauts responsables du gouvernement et de l’armée ayant planifié ou ordonné l'utilisation illégale de la force meurtrière contre des manifestants pacifiques, en engager des poursuites, le cas échéant.
Communiqué complet en anglais : en ligne ici.
Vidéo qui marquait le 25ème anniversaire du massacre :