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Bahreïn : Libérer les défenseurs des droits et les activistes emprisonnés

Les autorités devraient libérer en priorité les détenus les plus exposés au risque de contracter le COVID-19

Des prisonniers politiques et activistes détenus au Bahreïn. En haut (de gauche à droite) : Abdulhadi Al Khawaja, Zakiya Al Barboori, Naji Fateel, Sheikh Ali Salman, Ali Hajee. En bas (de gauche à droite) : Abduljalil al-Singace, Abdulwahab Hussain, Hassan Mushaima, Sayed Nizar Alwadaei, Nabeel Rajab. © 2020 Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD)

(Beyrouth, le 6 avril 2020) – Face à la menace mondiale du COVID-19, les autorités bahreïniennes devraient libérer les défenseurs des droits humains, les opposants, les journalistes, ainsi que tous les détenus emprisonnés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d'expression, de réunion et d’association, a déclaré aujourd'hui une coalition de 19 organisations de défense des droits humains, dont Human Rights Watch.

Le 17 mars, Bahreïn a procédé à la libération de 1 486 prisonniers, dont 901 ont bénéficié d’une grâce royale basée sur des « motifs humanitaires ». Les 585 autres personnes ont été condamnées à des peines alternatives, non privatives de liberté. Bien qu'il s'agisse d'une mesure positive, les remises en liberté ont à ce jour exclu les dirigeants de l'opposition, les activistes, les journalistes et les défenseurs des droits humains. Plusieurs d’entre eux sont âgés et/ou souffrent de problèmes de santé. Ces détenus risquent donc de tomber gravement malades s'ils contractent le COVID-19, et leur libération devrait donc être envisagée de manière prioritaire.

« La libération de nombreux détenu·e·s à Bahreïn est évidemment un soulagement bienvenu, en ce moment où la propagation du COVID-19 dans le pays suscite des préoccupations croissantes », a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International. « Néanmoins, il faut que les autorités libèrent sans tarder les personnes qui n’auraient jamais dû être en prison, à savoir les prisonniers et prisonnières d’opinion qui sont encore détenus uniquement pour avoir exercé de manière pacifique leur droit à la liberté d’expression et d’autres droits humains. Elles doivent aussi envisager de libérer les détenu·e·s âgés et ceux présentant des problèmes médicaux, qui risquent fortement de contracter le COVID-19. »

Des dirigeants de l'opposition emprisonnés pour leur rôle dans le mouvement de protestation de 2011 sont toujours derrière les barreaux. Il s'agit notamment de Hassan Mushaima, dirigeant du groupe d'opposition non enregistré Al-Haq; Abdulwahab Hussain, un chef de l'opposition; Abdulhadi Al Khawaja, un éminent défenseur des droits humains; et le Dr Abdel-Jalil al-Singace, porte-parole d'Al-Haq.

D'autres personnalités de l'opposition, dont Sheikh Ali Salman, secrétaire général de la Société islamique nationale Al-Wefaq, qui a été dissoute, sont eux aussi toujours incarcérés. C’est également le cas de Sayed Nizar Alwadaei - qui selon les Nations Unies a été arbitrairement détenu en guise de « représailles » pour l'activisme de son beau-frère, le militant exilé Sayed Ahmed Alwadaei - ainsi que des défenseurs des droits humains Nabeel Rajab et Naji Fateel. Amnesty International les considère comme des prisonniers d'opinion qui devraient être libérés immédiatement et sans condition.

Le Centre bahreïnien pour les droits humains (BCHR) estime que parmi  les 1 486 détenus précédemment libérés, 394 avaient été emprisonnés pour des motifs politiques. Selon l’organisation Salam for Democracy and Human Rights, une autre ONG bahreïnienne, 57 des 901 détenus ayant bénéficié d’une grâce royale avaient été emprisonnés en raison de leurs activités politiques.

Des dizaines de prisonniers condamnés à l'issue de procès inéquitables en vertu de la loi antiterroriste de Bahreïn, dont la portée est excessivement vaste, n’ont pas bénéficié d’une libération anticipée ou de peines alternatives, bien que d'autres détenus purgeant des peines beaucoup plus longues ont été libérés. Parmi les personnes toujours détenues figurent Zakiya Al Barboori et Ali Al Hajee, selon l'Institut bahreïnien pour les droits et la démocratie (BIRD).

Les conditions de vie dans les prisons surpeuplées de Bahreïn aggravent le risque de propagation du COVID-19. Le manque de conditions sanitaires adéquates a déjà provoqué une épidémie de gale dans la prison de Jau - la plus grande prison de Bahreïn - et dans le centre de détention de Dry Dock en décembre 2019 et janvier 2020.

En outre, Amnesty International, Human Rights Watch et l’ONU ont exprimé leur préoccupation au sujet du refus persistant des autorités de fournir des soins médicaux adéquats dans les prisons de Bahreïn. Cela met en danger la santé de certains détenus injustement emprisonnés souffrant de problèmes de santé chroniques, comme Hassan Mushaima et le Dr Abdel-Jalil al-Singace, qui sont donc davantage exposés au risque de contracter le COVID-19.

Hassan Mushaima, 72 ans, souffre de diabète, de goutte, de problèmes cardiaques et de prostate, et est également en rémission pour un cancer. Les autorités pénitentiaires ont régulièrement refusé de l'emmener à des visites médicales en raison de son refus de se soumettre à la pratique humiliante de l’enchaînement lors des transferts à de tels rendez-vous. Les instances internationales des droits humains ont déclaré que l'utilisation de moyens de contrainte sur des détenus âgés ou infirmes qui ne présentent pas de risque d'évasion sont susceptibles de constituer des mauvais traitements.

Le Dr Abdel-Jalil al-Singace, 57 ans, souffre du syndrome post-polio et utilise un fauteuil roulant. Les autorités pénitentiaires ont également refusé de le transporter à ses visites médicales en raison de son refus d’être menotté avec des chaînes.

« La première vague de libérations par le gouvernement de Bahreïn a été un pas positif, mais insuffisant », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la divison Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Les autorités devraient réduire davantage la population carcérale en libérant les détenus emprisonnés uniquement pour leurs convictions politiques ou pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique. Parallèlement, les autorités devraient intensifier leurs efforts pour s’assurer que les détenus restant en prison aient accès à des  soins médicaux, soient protégés contre le risque de transmission et reçoivent les informations nécessaires sur la pandémie de COVID-19. »

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2020/04/06/bahrain-free-imprisoned-rights-defenders-and-opposition-activists

Organisations signataires :

Americans for Democracy & Human Rights in Bahrain (ADHRB)
Amnesty International
ARTICLE 19
Bahrain Centre for Human Rights (BCHR)
Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD)
Centre
européen pour la démocratie et les droits de l'homme (ECDHR)
CIVICUS: World Alliance for Citizen Participation
Comité pour la protection des journalistes (CPJ)
English PEN
Global Legal Action Network (GLAN)
Gulf Centre for Human Rights (GC4HR)
Human Rights First (HRF)
Human Rights Watch (HRW)
IFEX
Index on Censorship
International Service For Human Rights (ISHR)
PEN America
PEN International
REDRESS

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