Au moins 350 membres et partisans du principal parti d'opposition au Cameroun, dont son vice-président, ont été arrêtés dans le pays en fin de semaine dernière, après qu'ils eurent tenté d'organiser des manifestations. Ces arrestations, visant le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), semblent marquer une nouvelle étape dans la tentative du gouvernement de limiter la contestation politique.
Les forces de sécurité du Cameroun ont déjà eu recours à une force excessive sans discernement pour étouffer d'autres manifestations du MRC. Et fin janvier, le chef du MRC, Maurice Kamto, et certains de ses alliés les plus proches ont été arrêtés, en même temps que 200 autres membres et sympathisants du parti, après qu'ils eurent organisé des manifestations de protestation dans tout le pays. Ils sont toujours en détention, sur la base d'inculpations à caractère politique.
Au cours de ces dernières semaines, le MRC a présenté plusieurs demandes d'autorisation de manifester pour protester contre l'arrestation de Kamto et réclamer sa remise en liberté. Ces demandes ont été rejetées par les autorités, qui ont invoqué des raisons de sécurité. Mais en fin de semaine dernière, les dirigeants et les partisans du MRC ont décidé d'ignorer l'interdiction, défilant dans plusieurs villes à travers le pays.
Un avocat du MRC, Emmanuel Simh, a déclaré à Human Rights Watch : « Nous avons déposé des dizaines de demandes pour pouvoir tenir des manifestations pacifiques et, comme d'habitude, les autorités les ont toutes refusées. Mais nous pensons qu'on ne peut pas nous retirer arbitrairement le droit de réunion pacifique, qui est reconnu par la constitution.»
Il est clair que les autorités gouvernementales ne sont pas de cet avis.
Des manifestants du MRC dans la ville de Douala ont été dispersés à l'aide de canons à eau, tandis que dans la capitale, Yaoundé, au moins trois manifestants ont été blessés lors de leur arrestation et un autre a été passé à tabac à son arrivée au quartier général de la police.
Les membres et partisans du MRC sont toujours en détention. Au moins 75 autres manifestants ont été remis en liberté, dont certains affirment qu'ils ont été détenus et privés d'accès à des avocats au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, établissement carcéral où Human Rights Watch a documenté le recours à la torture.
Des avocats du MRC nous ont montré des photos de blessures subies par un partisan du parti remis en liberté après avoir été détenu au SED.
Lors d'une récente réunion, le Conseil de sécurité des Nations Unies a souligné la détérioration de la situation en matière de droits humains dans les régions anglophones turbulentes du Cameroun, et ces arrestations sont susceptibles de susciter de nouveau la préoccupation de la communauté internationale. Le gouvernement devrait être conscient du fait que le monde l'observe avec attention.
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Au #Cameroun, la vague d’arrestations de membres ou partisans du parti d’opposition #MRC, dont le président Maurice Kamto (photo) avait été arrêté fin janvier, est une source de vive préoccupation, https://t.co/U1Lq0ZtlFy
— HRW en français (@hrw_fr) 4 juin 2019
Après trois ans de bras de fer entre le pouvoir et les séparatistes où en est la situation au #Cameroun anglophone ? Nous recevons @ilariallegro, chercheuse pour l’ong @hrw pour faire le point. pic.twitter.com/eUjMo3xhzw
— Le journal de l'Afrique – France 24 (@JTAfrique) 6 juin 2019
[AUDIO] #Cameroun : HRW dénonce "un durcissement du régime à l'égard de toute voix dissidente" - @ilariallegro (récemment interdite d’entrée dans le pays) souligne le rôle constructif que peuvent jouer les ONG. https://t.co/xLQPcbUEtB via @RFIAfrique
— HRW en français (@hrw_fr) 10 juin 2019
#Cameroun : "On assiste à une vraie répression de toutes voix dissidentes" https://t.co/N7oU6Q0Kyp @actucameroun @hrw @ilariallegro
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