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Zimbabwe : Recours à la force excessive contre des manifestants

Les autorités devraient enquêter et traduire en justice les forces de sécurité responsables d’abus

(Johannesburg, le 12 mars 2019) - Les forces de sécurité du Zimbabwe ont eu recours à une force meurtrière excessive pour réprimer des manifestations nationales à la mi-janvier 2019, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. L’annonce subite par le Président Emmerson Mnangagwa d’une hausse de 150 % du prix du carburant a donné lieu à des manifestations de trois jours à travers le Zimbabwe. Les forces de sécurité, qui dans certains cas ont tiré à balles réelles, auraient tué 17 personnes et violé au moins 17 femmes.

Les autorités zimbabwéennes devraient mettre un terme aux abus toujours en cours, libérer les personnes détenues arbitrairement et traduire en justice de manière appropriée les personnes responsables de ces abus, a déclaré Human Rights Watch.

« Les forces de sécurité zimbabwéennes ont commis des meurtres, des viols, des actes de torture et d’autres violations graves lors des manifestations de janvier, et même après », a déclaré Dewa Mavhinga, directeur pour l’Afrique australe auprès de la division Afrique de Human Rights Watch. « Les autorités devraient arrêter et poursuivre les responsables d’exactions, et indiquer clairement que les crimes commis par les forces de sécurité ne seront pas tolérés. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec 45 personnes – des victimes, des membres de leurs familles, des témoins, des activistes, des membres du personnel médical, des avocats, des policiers et d'autres personnes – lors d’une mission de recherche menée en février dans les villes de Harare, Epworth et Chitungwiza, ainsi que lors de nombreux entretiens téléphoniques menés depuis le mois de janvier.

L'Association zimbabwéenne des médecins pour les droits humains (Zimbabwe Association of Doctors for Human Rights, ZADHR) a déclaré à Human Rights Watch qu'elle avait fourni des soins médicaux d'urgence à 81 personnes blessées par balle à Harare, à Bulawayo, à Gweru, à Karoi, à Chinhoyi, à Chitungwiza, à Kadoma et à Mutare, entre le 14 et le 29 janvier. Parmi les personnes qui ont succombé à leurs blessures figurait le footballeur Kelvin Tinashe Choto, 22 ans, touché par une balle à la tête lors de manifestations à Chitungwiza le 14 janvier.

Cartouche de balle retrouvée sur 7th Street dans le quartier de Mbare à Harare, au Zimbabwe, près du lieu où un résident, Tony Nyapokoto, a été tué par balle le 15 janvier 2019. © 2019 Dewa Mavhinga/Human Rights Watch

Les forces de sécurité auraient aussi commis de nombreux viols. Huit habitantes de Hopley, de Southlea Park et d'Epworth, dans la province de Harare, ont déclaré à Human Rights Watch qu'elles avaient été violées par des soldats et des policiers en uniforme et armés, dont certains étaient masqués.

Selon l’organisation Avocats du Zimbabwe pour les droits humains (Zimbabwe Lawyers for Human Rights, ZLHR), des policiers et soldats auraient effectué de nombreux raids, pénétrant de force dans des maisons en brisant portes et fenêtres, dans plusieurs banlieues de Harare, entre le 14 et 29 janvier. Selon les informations dont dispose Human Rights Watch, les forces de sécurité ont arrêté des centaines de personnes. Plusieurs d’entre elles ont été accusées de « violences publiques » et « nuisances criminelles », et traduites devant des tribunaux ; la plupart de ces personnes sont toujours en détention.

Les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et aux armes à feu par les responsables de l'application des lois prévoient que, chaque fois que le recours légitime à la force est inévitable, les forces de sécurité doivent faire preuve de « modération » et agir d’une manière « proportionnelle à la gravité de l'infraction ». Les responsables de l'application des lois doivent s’abstenir d’utiliser des armes à feu, sauf en cas de légitime défense ou de « menace imminente de mort ou de blessure grave ».

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2019/03/12/zimbabwe-excessive-force-used-against-protesters

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