(Beyrouth, le 31 décembre 2018) - Le 31 décembre 2018, la Cour suprême des Émirats arabes unis a confirmé la peine de 10 ans d'emprisonnement prononcée contre l’éminent défenseur des droits humains Ahmed Mansoor primé, a indiqué Human Rights Watch aujourd'hui. Ce tribunal est la juridiction de dernier ressort aux Émirats, pour les affaires liées selon les chefs d’accusation à la sécurité de l’État.
En mai, un tribunal d’Abou Dhabi avait condamné Ahmed Mansoor à 10 ans de prison pour « diffamation » des Émirats arabes unis sur les réseaux sociaux. Le choix de la date pour l’audience d’appel – la veille du Nouvel An – laisse craindre que les autorités avaient prévu de confirmer cette condamnation, et souhaitaient le faire à un moment où la couverture médiatique serait très restreinte. Ahmed Mansoor s’est vu décerner le prestigieux prix Martin Ennals en 2015, et est membre du comité consultatif de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
« La persécution juridique d’Ahmed Mansoor simplement pour avoir défendu des droits fondamentaux révèle l’extrême intolérance des Émirats arabes unis à l’égard de la moindre critique visant des dirigeants du pays ou certaines politiques nationales », a déclaré Michael Page, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.
Les autorités ont arrêté Mansoor le 20 mars 2017. Il a été maintenu en détention pendant plus d'un an dans un lieu qui au départ a été tenu secret, sans aucun contact avec un avocat et avec un nombre très limité de visites de sa famille. Il a été condamné le 29 mai 2018.
Selon un article paru dans le journal émirati The National le 30 mai, un tribunal d'Abou Dhabi a condamné Ahmed Mansoor à une peine de dix ans de prison, assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant trois ans après la fin de sa peine, ainsi qu’à une amende d'un million de dirhams (272 000 USD) et à la confiscation de tous ses appareils électroniques. Le tribunal a condamné Mansoor pour avoir terni « le statut et le prestige » des EAU et les symboles du pays, ainsi que ses dirigeants, et pour avoir tenté de nuire aux relations des EAU avec ses voisins en publiant de « fausses informations » sur les médias sociaux.
Dans les semaines ayant précédé son arrestation en 2017, Mansoor avait critiqué les poursuites engagées par les autorités émiraties pour des délits liés à la liberté d’expression. Mansoor avait également utilisé son compte Twitter pour attirer l'attention sur les violations des droits humains dans d’autres pays de la région, y compris l’Égypte et le Yémen. Il avait également cosigné, avec d'autres activistes de la région, une lettre appelant les dirigeants participant au sommet de la Ligue arabe en Jordanie, en mars 2017, à libérer les prisonniers politiques dans leur pays.
Communiqué complet en anglais :
www.hrw.org/news/2018/12/31/uae-rights-defenders-conviction-upheld
Tweets
#ÉmiratsArabesUnis : La récente confirmation par la Cour suprême de la condamnation d'Ahmed Mansoor à 10 ans de prison reflète "l'extrême intolérance" des autorités à l'égard de toute critique (même pacifique) selon HRW. https://t.co/ll3mcuZIrp #EAU
— HRW en français (@hrw_fr) 3 janvier 2019
Hypocrisie des EAU qui se prétendent champions de la tolérance mais confirment peine de prison du défenseur des droits renommé Ahmed Mansoor.
— Bénédicte Jeannerod (@BenJeannerod) 2 janvier 2019
Réaction de la France qui a fait de la protection des défenseurs 1 priorité diplo ?Jusqu'à présent, silence https://t.co/Qj5gtB76sM
Les Emirats arabes unis, apôtres d’une tolérance à géométrie très variable https://t.co/VnSJtxrsMp pic.twitter.com/mhYEKBkbaT
— Le Temps (@letemps) 5 février 2019
Avril 2019
#ÉmiratsArabesUnis : Appel à la libération d'Ahmed Mansoor, éminent activiste condamné à 10 ans de prison en 2018 et qui a entamé une grève de la faim. Son emprisonnement est "profondément injuste", selon @sarahleah1 @hrw. https://t.co/eZdQtQpXai #FreeAhmedMansoor @martinennals
— HRW en français (@hrw_fr) 12 avril 2019