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République centrafricaine : Exécutions de civils par des rebelles

Les Casques bleus de l’ONU devraient protéger le camp de personnes déplacées à Bria

Le 6 septembre 2018, des rebelles de la Seleka en République centrafricaine ont capturé et exécuté au moins neuf civils, dont sept femmes, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch. Ces exécutions ont été perpétrées aux abords de la ville de Bria, dans la province de Haute-Kotto, près de deux semaines après les meurtres de 11 civils par le même groupe armé à l’issue d’un affrontement avec une milice rivale.

« Ces exécutions et assassinats sont des crimes de guerre flagrants commis par des combattants qui se sentent libres de tuer à volonté, malgré la présence des soldats de la paix de l’ONU », a déclaré Lewis Mudge, chercheur senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch. « Les Casques bleus, qui sont autorisés à recourir à la force pour protéger les civils, devraient chercher à anticiper ces attaques et à intervenir rapidement. »

Les rebelles du Front populaire pour la renaissance en Centrafrique (FPRC) ont capturé et exécuté les neuf civils qui travaillaient ou se rendaient dans leurs champs en dehors du camp de personnes déplacées. Le même groupe a tué le 25 août au moins 11 civils qui avaient fui le quartier de Borno, situé à trois kilomètres du camp, après des affrontements entre le FPRC et la milice anti-balaka. Human Rights Watch a trouvé des preuves des meurtres d’au moins quatre autres civils par le même groupe, commis autour de Bria le 16 septembre.

Human Rights Watch a également recueilli des preuves de meurtres d’au moins huit autres civils dans la région depuis juin dernier, tous tués par des groupes anti-balaka. Les tensions entre les deux milices connaissent une escalade depuis 2017, se soldant par des meurtres de part et d’autre. Les deux groupes nient s’être attaqués à des civils.

Issu du groupe majoritairement musulman de la Seleka, qui a brièvement pris le pouvoir dans le pays en 2013, le FPRC contrôle la majeure partie de Bria. Bien que précédemment allié aux anti-balaka contre un autre groupe, le FPRC se bat contre eux dans la région depuis mi-2017. Apparus en 2013, les anti-balaka, issus pour la plupart de groupes d’autodéfense formés en réaction aux abus de la Seleka, ont commis de graves abus contre des civils, en particulier des musulmans, à travers le pays. Ils s’en prennent aux civils dans les forêts et les champs aux abords de Bria, sur la route d’Irabanda, mais certains éléments se trouvent également à l’intérieur du camp de personnes déplacées PK3 à Bria.

Les combats qui se déroulent depuis mai 2017 ont contraint des dizaines de milliers de civils à fuir leurs foyers, plus de 50 000 personnes vivant désormais dans le camp PK3. Les responsables du camp ont confirmé que des anti-balaka se trouvent à l’intérieur du PK3 pour de courtes périodes.

Entre le 19 et le 22 septembre, Human Rights Watch a interrogé 39 personnes à Bria et à proximité, y compris des victimes d’actes criminels, des proches de victimes, deux commandants du FPRC et un ancien combattant anti-balaka.

Les résidents et les responsables du camp ont déclaré que les tensions dans la ville se sont aggravées lorsque des combats ont éclaté dans le quartier de Borno, le 25 août. Des affrontements de courte durée, les anti-balaka ayant pris la fuite. Les combattants du FPRC ont ensuite pris pour cibles des civils en fuite, les pourchassant dans les champs de l’autre côté de la rivière Kotto, selon des témoins.

Un survivant âgé de 40 ans a livré ce témoignage : « [Mes proches] et moi nous sommes séparés en traversant la rivière, et eux ont été capturés par la Seleka. Depuis ma cachette, j’ai vu comment elles ont été poignardées à mort en pleine poitrine. Avant de les tuer, [les combattants de] la Seleka ont crié : Vous êtes les mères des anti-balaka! Elles ont toutes deux été laissées pour mortes alors que la Seleka continuait à tuer d’autres gens. »

Le 6 septembre, dans la brousse et dans les champs près du camp de personnes déplacées où ils résidaient, neuf civils ont été capturés et exécutés par les combattants du FPRC, ont assuré des témoins et des membres de leurs familles. Plusieurs victimes portaient des traces d’actes de torture et ont été retrouvées les mains liées. Selon des témoins, les combattants étaient placés sous le commandement du général Jaboud Tijani.

Un proche de Suzanne Yassimeya, âgée de 53 ans, l’une des victimes, a déclaré. « Elle savait que c’était dangereux à l’extérieur des camps, mais elle a dû se rendre dans les champs, sans quoi sa famille serait morte de faim… Lorsque nous avons retrouvé son corps, ses mains étaient toujours attachées et elle avait reçu une balle dans le ventre. »

Lors de l’attaque du 16 septembre, des combattants s’en sont pris à des civils non armés qui travaillaient les champs autour de Tamangola, un village situé à 15 kilomètres au nord de Bria, tuant au moins quatre personnes supplémentaires.

Le nombre total de victimes civiles est probablement plus élevé que celui des 24 tuées par le FPRC et des huit tuées par les anti-balaka depuis fin juin. Les familles affirment que plusieurs de leurs proches sont toujours portés disparus. Les résidents des villages à proximité ont continué de signaler des meurtres de civils non armés, perpétrés dans des champs aux abords de Bria. Human Rights Watch n’a pas été en mesure de confirmer toutes les allégations de meurtres en raison d’un accès limité et de problèmes de sécurité.

Le 7 septembre, la Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le meurtre de masse. La MINUSCA devrait mener l’enquête dans le but de faciliter d’éventuelles poursuites judiciaires aux niveaux national, régional et international, a précisé Human Rights Watch.

Les Casques bleus de la MINUSCA sont stationnés devant le camp de personnes déplacées, à l’aéroport et près de l’hôpital. Des chercheurs de Human Rights Watch ont repéré des patrouilles de l’ONU dans le camp, mais des combattants armés des FPRC se déplacent librement en ville.

Les FPRC ont nié toute responsabilité pour les crimes et blâmé les forces anti-balaka. Le général Hussain Damboucha, commandant régional de la province de Haute-Kotto, a déclaré à Human Rights Watch que ses hommes n’avaient tué aucun civil à Bria ou dans les villages voisins. « Les anti-balaka ont enlevé ces neuf personnes […] et les ont torturées et tuées pour que nous soyons accusés », a-t-il assuré. Human Rights Watch n’a trouvé aucune preuve à l’appui de cette allégation.

Le 22 septembre, le général Tijani a déclaré à Human Rights Watch que ses hommes n’avaient pas capturé ou pris pour cible de civils : « Les anti-balaka veulent que je quitte la région parce que je leur mène un combat acharné. Ils tuent donc des civils et me font ensuite porter le chapeau. »

Les milices anti-balaka autour de Bria ont pris pour cible des musulmans et des non-musulmans accusés de collaborer avec la communauté musulmane locale.

Fin juin, des combattants anti-balaka placés sous le commandement de Thierry François Pelenga, alias « Bokassa », ont tué quatre femmes non musulmanes dans le village de Gbre, à cinq kilomètres de Bria. « Nous les avons tuées parce qu’elles continuaient à vendre de la nourriture en ville », soutient un ancien combattant anti-balaka. « Nous leur avons fait creuser leurs propres tombes, puis nous les avons frappées à la tête et enterrées vivantes. » Le lendemain, les mêmes combattants ont capturé trois hommes, les ont accusés du même crime et les ont tués. Human Rights Watch n’a pas été en mesure de vérifier ces affirmations.

Les crimes de guerres commis à Bria ont été perpétrés au moment où la Cour pénale spéciale – composée de magistrats et de procureurs nationaux et internationaux chargés de juger des graves violations des droits humains perpétrées depuis 2003 – vient d’entamer ses travaux. Basée à Bangui, cette juridiction mixte présente une chance unique d’établir les responsabilités pour les crimes commis et de mettre fin aux cycles de violences meurtriers, selon Human Rights Watch.

Le cycle d’attaques et de contre-attaques en cours à Bria semble se perpétuer. Damboucha a exprimé sa frustration quant au fait que le camp PK3 serait devenu un refuge d’anti-balaka, laissant entendre que le FPRC pourrait désarmer le camp par la force. Par le passé, les rebelles de la Seleka ont déjà attaqué et incendié des camps de personnes déplacées, tuant de nombreux civils.

Compte tenu des éléments portant à croire que la violence se poursuivra, les Casques bleus de l’ONU devraient être en alerte maximale et prendre de toute urgence des mesures pour protéger des attaques les civils du camp et des zones à proximité, a déclaré Human Rights Watch.

« Les combattants des FPRC ne craignent apparemment pas les soldats de la paix, et des anti-balaka se trouvent à l’intérieur du camp », a conclu Lewis Mudge. « La MINUSCA devrait être prête à réagir en cas d’attaque contre le camp. Des arrestations et des poursuites à l’encontre des auteurs des meurtres récents sont indispensables de toute urgence. »

La République centrafricaine en crise

Les combats font rage en République centrafricaine depuis décembre 2012, lorsque les rebelles de la Seleka, majoritairement musulmans, et prétendant agir au nom de la minorité musulmane lésée du nord-est du pays, se sont aventurés dans le sud-ouest, dans des zones densément peuplées par des communautés non musulmanes, tuant des milliers de civils.

En 2014, les forces internationales ont repoussé la Seleka en dehors de la capitale, Bangui. Les divisions ethniques, les rivalités, les différends liés au contrôle des ressources et les divergences stratégiques ont rapidement fait imploser la Seleka. À la fin de 2014, le groupe s’est scindé en plusieurs factions, chacune contrôlant sa propre région. En juillet 2018, elles se sont rencontrées et ont formé une alliance politique sous la bannière du Conseil national pour la défense et la sécurité (CNDS).

Un dialogue politique entre l’Union africaine et les groupes armés, y compris le FPRC, a repris fin août, en vue de parvenir à un accord politique pour mettre fin à la violence en cours. Le FPRC a déjà fait des propositions pour un dialogue pouvant aboutir à une amnistie générale. Mais aucun accord signé depuis 2012 n’a tenu.

Violences récentes à Bria

Par le passé, le FPRC avait conclu une alliance avec les anti-balaka pour lutter contre l’Union pour la paix en République centrafricaine (UPC), un groupe étroitement lié à l’ethnie minoritaire peul de la Seleka, lorsque les deux groupes ont fait bande à part en raison de leur différend sur l’accès aux ressources locales. Les combats qui se sont déroulés à Bria fin novembre 2016 ont coûté la vie à au moins 14 civils et fait 76 blessés. Le FPRC et l’UPC ont depuis rétabli des alliances pour présenter un front uni contre les anti-balaka.

Les habitants du quartier de Borno ont déclaré que les combats du 25 août entre le FPRC et les anti-balaka n’avaient duré qu’une demi-heure. Le FPRC a repoussé les forces anti-balaka du quartier de l’autre côté de la rivière Kotto sans se heurter à une grande résistance. Cependant, à l’issue des affrontements, des combattants du FPRC ont poursuivi des civils ayant fui les combats, tuant au moins 11 personnes. Certaines victimes ont été capturées et exécutées sur le champ.

Un homme âgé de 64 ans a déclaré s’être caché alors que la Seleka le poursuivait ainsi que son frère, George Rediebone, âgé de 56 ans. « Après la fin des tirs, je suis allé chercher mon [frère] », a-t-il déclaré. « Au bout d’un moment, j’ai retrouvé les corps de quatre hommes. Trois avaient les bras attachés les uns aux autres. Mon frère était l’un d’entre eux. Chacun avait reçu une balle dans la tête. »

Parmi les victimes figuraient au moins une enfant, Bellivia Gadda, 14 ans. « Je me cachais dans la brousse et j’ai vu Bellivia être poursuivie», a déclaré un témoin. « Elle portait un enfant sur son dos. En voyant la Seleka, elle a jeté l’enfant dans la brousse avant d’être capturée avec une autre femme », a déclaré Bénédicte Renede-Chatou, 25 ans. « Elles ont toutes deux reçues une balle dans la tête ». L’enfant, le frère de Gadda, âgé de 3 ans, a survécu.

Un proche de Sem Koumounda, un homme âgé de 18 ans atteint de handicaps physiques et mentaux, a déclaré qu’il avait l’habitude d’attendre près de la rivière le retour de ses proches des champs. Lorsque les combats ont éclaté, un piège s’est refermé sur Koumounda, alors que les combattants poursuivaient les civils. « Lorsque nous avons finalement pu revenir à Bria [à l’issue des combats], nous l’avons retrouvé mort à sa place habituelle, près de la rivière, tué de deux balles, sur le flanc », a déclaré le proche. « Un membre de la Seleka nous a dit plus tard qu’un autre combattant avait tiré sur Sem sans raison. »

Human Rights Watch a confirmé que des combattants du FPRC avaient violé une femme enceinte de 22 ans le 9 septembre dernier, près de la zone où les exécutions ont été perpétrées. Un proche de cette femme a déclaré que sa famille voulait engager des poursuites contre l’auteur de cet acte lorsque le système judiciaire fonctionnait encore à Bria. Human Rights Watch a corroboré ces informations avec des prestataires de soins de santé à Bria. D’autres viols commis par des combattants du FPRC ont été signalés, mais les détails n’ont pu être corroborés.

Exécutions en date du 6 septembre

Human Rights Watch s’est entretenu avec deux personnes ayant identifié Tijani et ses hommes le 6 septembre, l’une qui l’a vu dans la zone où les civils ont été exécutés au petit matin et l’autre que Tijani avait renvoyée au camp de personnes déplacées avant le meurtre collectif.

D’après le premier témoin, les hommes de Tijani ont ouvert le feu sur elle et sa famille dans le même secteur. « Nous marchions vers les champs, et en traversant la route, nous avons aperçu Jaboud avec des hommes en tenue de camouflage », a-t-elle assuré. « Quand nous les avons vus, nous avons couru dans la brousse et ils nous ont tiré dessus. »

Vers 11 heures, Tijani et ses hommes avaient regroupé au moins 10 civils à environ cinq kilomètres de la base de la MINUSCA. Ils ont pris des otages qui se rendaient aux champs et d’autres qui travaillaient déjà dans les champs.

Un survivant capturé avec d’autres victimes, avant d’être remis en liberté, a déclaré :

J’avais passé la journée de mercredi dans les champs avec des proches. Jeudi, la Seleka s’est rendue chez nous [une maison de campagne momentanée utilisée pendant la saison des plantations]. C’était Jaboud [Tijani] et ses hommes. Jaboud est bien connu à Bria, il dirigeait une entreprise dans le quartier de Pia. Il avait environ 20 combattants avec lui et ils ont immédiatement demandé si nous dissimulions des armes à feu pour les anti-balaka. Nous avons expliqué que nous n’étions que des agriculteurs. Ils ont fouillé la maison et n’ont rien trouvé. Ils nous ont attachés et ont brûlé notre petite hutte. Ils nous ont ensuite emmenés avec eux à un endroit dans la brousse, près de PK5 [à environ cinq kilomètres de Bria].

D’autres personnes étaient retenues comme otages par la Seleka et gardées par d’autres combattants… Elles ont fait cuisiner à certaines femmes le maïs qu’elles avaient ramassé. Alors qu’elles préparaient le repas, Jaboud est venu et m’a dit: « Tu retournes au camp et tu dis aux anti-balaka qu’ils doivent venir ici pour nous combattre, sinon nous tuerons d’autres otages ». En partant, la Seleka frappait les hommes qu’ils avaient capturés [Benoit Wambala, âgé de 67 ans et Philman Wambala, âgé de 24 ans]… J’ai couru sur la route et entendu le coup de feu peu juste après. Je savais qu’ils tuaient tous les otages. Maintenant, je ne peux même pas penser à aller travailler dans les champs. C’est trop dangereux pour quiconque d’y aller.

Human Rights Watch s’est entretenu avec les membres de la famille de trois victimes. Ils ont déclaré que leurs mains étaient liées, signe d’une exécution. Un proche de Françoise Renemati, âgée de 66 ans, a déclaré: « Quand nous sommes allés chercher son corps, nous avons constaté qu’ils s’étaient servi de son foulard pour lui nouer les mains derrière le dos. »

Abus perpétrés par les anti-balaka à Bria depuis juin

Les combattants anti-Balaka placés sous le commandement de « Bokassa » ont pris pour cibles des civils depuis au moins la fin du mois de juin. Bokassa contrôle la zone située autour de la route menant de Bria à Irabanda. Les résidents ont déclaré qu’ils ciblent des civils soupçonnés de sorcellerie et de « trahison », c’est-à-dire qui aurait eu la moindre interaction avec des musulmans à Bria.

Un homme a déclaré qu’en juin, Bokassa l’avait retenu pendant trois jours. « Ils m’ont battu et traité de traître parce que je me rends toujours en ville », a-t-il relaté. « Ils ont pris tous les biens qui se trouvaient dans ma ferme et je devais leur donner tout mon argent juste pour être relâché… Si vous allez en ville, les anti-balaka voudront vous tuer, mais nous devons y aller pour vendre le produit de nos récoltes et tenter de survivre. »

Un ancien combattant anti-balaka, qui a quitté le groupe en juillet, a déclaré :

Nous avons capturé quatre femmes que nous avions mises en garde par le passé. Bokassa leur a dit: « Vous, les femmes, vous faites du commerce avec les Tchadiens [musulmans du Tchad] pour les aider à vivre. Vous les informez de nos positions. Nous vous avons averti à maintes reprises et vous refusez de suivre nos ordres. Nous allons donc maintenant vous tuer. » Nous leur avons donné des pelles pour creuser leurs propres tombes. Quand elles ont terminé, nous les avons frappées à la tête à l’aide d’une pelle, une par une, et elles sont tombés dans les fosses. Nous les avons ensuite enterrées vivantes.

Le lendemain, nous avons surpris trois hommes de retour de Bria après y avoir vendu du manioc. Bokassa a décidé d’en faire un exemple également. Nous les avons donc dépouillés de tout ce qu’ils avaient acheté en ville, du savon et du sucre, et nous leur avons également demandé de creuser leur propre tombe. C’est là le sort qui a été réservé aux personnes accusées de sorcellerie et de trahison… Après les avoir tuées, certains d’entre nous se sont demandés pourquoi nous avions rejoint les anti-balaka, et nous avons décidé de nous enfuir… Si les hommes de Bokassa me mettaient la main dessus, ils me tueraient sur le champ.

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