Le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, a brusquement annulé une réunion prévue pour cette semaine avec le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, et le président de l'Union africaine (UA), Moussa Faki. Le weekend dernier, Kabila a envoyé un message selon lequel il n’était finalement « pas disponible » pour cette rencontre– juste avant que les deux diplomates de haut rang n'entament leur voyage vers Kinshasa, la capitale de la RD Congo.
L'annulation in extremis de cette réunion par Kabila – et son refus de rencontrer d'autres dirigeants régionaux et internationaux ces dernières semaines – n'est guère de nature à dissiper les craintes qu'il n'ait aucune intention d'abandonner le pouvoir conformément à la constitution congolaise, et de permettre la tenue d'élections crédibles.
Au cours de la dernière fin de semaine, des dirigeants laïcs influents proches de l'Église catholique congolaise ont affirmé que la paix et la stabilité étaient en danger à la fois à l'intérieur du pays et dans la région, et ont annoncé une nouvelle série de manifestations de protestations pacifiques dans tout le pays pour la mi-août, afin de « sauver » la « démocratie en péril ».
Des élections sont prévues pour le 23 décembre, mais Kabila n'a toujours pas déclaré publiquement qu'il quitterait le pouvoir. Pendant ce temps, les responsables du parti au pouvoir ont commencé de manière éhontée à faire campagne pour le maintien en fonction de Kabila, en violation de la constitution qui limite le temps au pouvoir du président à deux mandats. Des membres de l'opposition politique et des activistes ont déploré l'existence d'une crise de confiance envers le processus électoral, tandis que la répression exercée par le gouvernement s'est poursuivie.
La visite conjointe d'Antonio Guterres et de Moussa Faki aurait été l'occasion de transmettre à Kabila un message ferme et coordonné sur les conditions minimales qui doivent être respectées pour que le prochain scrutin soit crédible, ainsi que sur les mesures que l'ONU et l'UA lui imposeraient s'il s'abstenait de les mettre en place.
La rebuffade de Kabila n'est qu'un camouflet de plus de sa part, après des années d'abus commis à l'instigation de son gouvernement et de mépris des appels de la communauté internationale pour qu'il prenne des mesures concrètes pour organiser une élection libre et équitable. Les organisations internationales et les gouvernements engagés aux côtés de la RD Congo doivent désormais aller au-delà des simples déclarations et exercer des pressions réelles pour montrer que la répression et les abus que Kabila et son entourage ont commis pour rester au pouvoir ne peuvent rester sans conséquences. Cela peut se faire par le biais de sanctions ciblées du Conseil de sécurité de l'ONU, de l'UA, de l'Union européenne et des États-Unis contre Kabila lui-même et contre d'autres individus choisis parmi les plus responsables de ces abus.
Le temps est venu d'agir avec fermeté. Si Kabila reporte de nouveau ou manipule les élections, cela posera un danger non seulement pour la RD Congo mais aussi pour toute la région.
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En #RDC, le président #Kabila snobe des diplomates internationaux de haut rang - une décision préoccupante selon @ida_sawyer @hrw https://t.co/BbQwOeEZKG
— HRW en français (@hrw_fr) 11 juillet 2018