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Libéria : 76 organisations appellent à la justice pour les crimes de guerre

Les ONG ont adressé au Comité des droits de l'homme de l’ONU une communication axée sur l’obligation de rendre des comptes

(Genève, le 5 juillet 2018) - Le gouvernement libérien devrait engager des poursuites équitables et crédibles relatives aux crimes internationaux commis au cours des deux guerres civiles qui ont eu lieu dans ce pays, ont déclaré 76 organisations non gouvernementales libériennes, africaines et internationales dans une communication conjointement adressée au Comité des droits de l'homme des Nations Unies. Cette communication est publiée avant que le Libéria ne se présente devant le Comité, chargé de surveiller la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) par ses États parties, les 9 et 10 juillet à Genève.

Un homme passe devant une affiche avec une photo géante de George Weah à Monrovia, au Liberia, le 27 décembre 2017, au lendemain de la victoire de Weah à l’élection présidentielle dans ce pays. © 2017 Reuters

« Depuis la fin de la guerre en 2003, le gouvernement libérien a mis de côté la question de la responsabilisation pénale pour les crimes de guerre », a déclaré Hassan Bility, directeur exécutif de Global Justice and Research Project, ONG basée à Monrovia. « Personne n'a été poursuivi pour les violations commises par le passé. »

Les Libériens ont énormément souffert au cours des deux conflits armés qu'a connus le Libéria pendant plus de 14 ans. Parmi les violations des droits humains citons les exécutions sommaires, les massacres d'ampleur, les viols et autres formes de violences sexuelles, les mutilations et la torture, ainsi que l'enrôlement forcé généralisé et l'utilisation d'enfants soldats.

Deux grandes manifestations se sont récemment tenues à Monrovia en faveur d'un tribunal chargé de traiter les crimes de guerre ; des personnalités libériennes réclament justice, notamment la lauréate du prix Nobel de la paix Leymah Gbowee et des dirigeants du Conseil des Églises du Libéria.

 « Les citoyens au Libéria descendent dans la rue et demandent à leurs dirigeants de prendre des mesures pour veiller à ce que justice soit rendue pour les crimes du passé », a déclaré Nushin Sarkarati, avocate auprès du Center for Justice and Accountability. « Les victimes et les familles méritent de voir les responsables présumés rendre des comptes. »

La Commission Vérité et réconciliation du Libéria a recommandé en 2009 qu'un tribunal chargé des crimes de guerre enquête et juge les responsables de graves violations du droit international. Or, le Libéria n'a toujours pas mis en œuvre cette recommandation. Les rares affaires dans lesquelles les atrocités commises pendant les guerres civiles ont été prises en compte ont été jugées hors du Liberia, notamment en Europe et aux États-Unis.

« Avec un nouveau gouvernement élu en promettant de mettre fin à la corruption et de faire respecter l'état de droit dans la nation, nos organisations demandent au Liberia de s'acquitter de ses obligations internationales en matière de poursuites pour les crimes graves et de rendre justice aux victimes des guerres civiles », a déclaré Adama Dempster, secrétaire général de l’ONG libérienne  Civil Society Human Rights Advocacy Platform of Liberia.

La communication présentée par les 76 ONG identifie les mesures que le gouvernement libérien doit prendre sans délai afin de garantir l'obligation de rendre des comptes pour les crimes graves au Libéria, et que le Comité des droits de l'homme doit examiner. Elle formule aussi des recommandations afin de faire des ajouts et des modifications au projet de tribunal présenté par la commission, en vue de procès équitables et crédibles.

« Le gouvernement libérien devrait rapidement mettre en place un comité chargé d'élaborer une feuille de route afin que justice soit rendue pour les crimes graves », a déclaré Elise Keppler, directrice adjointe du programme Justice Internationale à Human Rights Watch. « Le Libéria devrait également soutenir les efforts des pays tiers afin de traiter les affaires relevant de la compétence universelle pour les crimes perpétrés pendant la guerre civile. »

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À lire aussi :

Communication conjointe des 76 ONG
Communiqué sur le site d’Amnesty.fr

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