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Les Ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité de l’ONU quittent rarement New York, mais cette semaine, ils se sont rendus au Burundi en raison des vives inquiétudes suscitées par les centaines de meurtres commis dans la capitale, Bujumbura, et de la crainte de voir les violences politiques dégénérer en une véritable guerre. Il est encourageant de constater que le Conseil de sécurité (et l’Union africaine, qui a proposé une mission de maintien de la paix) prend la situation au sérieux. Cependant, pour empêcher de nouvelles pertes humaines et violations des droits humains, une diplomatie forte et un plan d’action exhaustif sont nécessaires.

Les Ambassadeurs devraient mettre à profit leur visite à Bujumbura pour persuader le président Pierre Nkurunziza d’accepter une mission politique de l’ONU solide, appuyée par une force de police internationale substantielle, ainsi que par des sections spécialisées en droits humains, justice et analyse politique. Les objectifs seraient d’endiguer les abus commis par les forces de sécurité et par les groupes d’opposition armés ; de renforcer la protection des droits humains au sein des institutions burundaises, surtout dans le secteur judiciaire ; et de favoriser des solutions non violentes à la crise.

© 2011 Human Rights Watch

La force de police de l’ONU serait basée et patrouillerait dans les quartiers de Bujumbura et dans les autres zones particulièrement touchées par la violence, y compris la nuit. Elle offrirait aux résidents une présence visible permanente et leur permettrait de signaler les attaques et les menaces. Cette présence pourrait renforcer la sécurité et dissuader les attaques menées par l’opposition armée, ainsi que les exécutions extrajudiciaires et d’autres violations perpétrées par les forces de sécurité.

La mission devrait inclure une section spécialisée en droits humains, afin de collaborer étroitement avec l’équipe du Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU déjà en place à Bujumbura, en vue d’enquêter et de publier des rapports sur les abus commis par toutes les parties, y compris l’incitation à la violence et les discours de haine. Des experts légistes pourraient être déployés sur des lieux de crimes et assister les autorités judiciaires qui ont, jusqu’à présent, échoué à mener des enquêtes crédibles sur les meurtres. Une section sur l’État de droit et la justice contribuerait à renforcer le système judiciaire entaché par la corruption, l’ingérence politique et l’insuffisance de moyens, et pourrait faciliter la recherche de justice ainsi que l’établissement des responsabilités pour les crimes graves.

Les Nations Unies devraient aussi déployer une force de réaction rapide pour protéger la mission. Cette force serait d’une taille limitée, et proviendrait d’un seul pays, africain de préférence.

On ne peut attendre d’une telle mission qu’elle stoppe entièrement la violence ou qu’elle mette un terme à tous les meurtres politiques, mais elle pourrait avoir un impact considérable en matière de dissuasion et de diminution des abus. Une telle initiative de l’ONU, notamment en coopération avec la force proposée par l’Union africaine, pourrait permettre au Burundi de s’éloigner du précipice et marquerait le soutien international fort envers la population burundaise piégée par les violences et exposée au risque de violations.

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