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Burundi : Le discours du président suscite la peur tandis que le nombre de meurtres augmente

La police ne devrait pas faire usage d’une force excessive

Enterrement de Christophe Nkezabahizi, de sa femme, de son neveu et de ses deux enfants adolescents, abattus par la police dans le quartier de Ngagara de la capitale du Burundi, Bujumbura, le 13 octobre 2015.   © 2015 Iwacu

(Nairobi) – Les forces de sécurité burundaises devraient faire preuve de retenue pendant les opérations de recherche d’armes illégales dans la capitale, Bujumbura, et ne devraient pas se servir de ces opérations comme d’un permis de tuer.

Le président Pierre Nkurunziza a averti le 2 novembre 2015 que toutes les personnes qui ne remettraient pas leurs armes avant le 7 novembre seraient « puni[e]s conformément à la loi anti-terroriste et combattu[e]s comme des ennemis de la nation ». Il a indiqué aux forces de sécurité qu’elles pourraient utiliser tous les moyens à leur disposition pour trouver ces armes et rétablir la sécurité. Les opérations de recherche ont démarré le 8 novembre.

« Les discours irréfléchis et menaçants du président et d’autres représentants du parti au pouvoir ont suscité la panique », a indiqué Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les forces de sécurité burundaises sont responsables de nombreuses violations des droits humains commises au cours des derniers mois, cependant les autorités se contentent souvent d’imputer la responsabilité à des ‘criminels’ et ‘terroristes’ et passent sous silence le recours à une force meurtrière par les forces de sécurité. »

L’avertissement du président a provoqué la fuite de nombreux résidents des quartiers de Mutakura et Cibitoke par peur des attaques. Des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir les ont fouillés alors qu’ils partaient.

Le fils de l’éminent défenseur des droits humains Pierre Claver Mbonimpa a été tué par balles le 6 novembre, après avoir été arrêté par la police, selon les informations disponibles. D’autres informations parues dans les médias indiquent que des assaillants non identifiés ont tué au moins sept personnes dans une attaque le 7 novembre dans un bar de la périphérie de la capitale.

Dans les jours précédant les opérations de fouilles, de hauts représentants du parti au pouvoir ont tenu des propos incendiaires et apparemment menaçants dans des déclarations et des discours publics. Dans un discours adressé à des autorités locales le 29 octobre, le président du Sénat Révérien Ndikuriyo a averti : « Allez leur dire [à ceux qui détiennent des armes]. Si quelque chose leur arrive, qu’ils ne disent pas : “si nous avions su”... Le jour où on dira, nous donnons l’autorisation aux gens, on leur dira, travaillez ! Ce sera terminé et vous allez voir. » Il a utilisé à plusieurs reprises le mot « gukora », ce qui signifie « travailler » en langue kirundi. Le même mot a été employé pour inciter des personnes à la violence collective avant et pendant le génocide rwandais de 1994.

Les autorités burundaises sont habilitées à mener des opérations d’application de la loi et de sécurité pour saisir les armes illégales. Cependant, en vertu du droit international, les forces de sécurité sont obligées de s’assurer qu’elles ne recourent à la force que de manière proportionnelle à une menace légitime. Elles devraient respecter les Principes de base des Nations Unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois.

Les discours font suite à une vague de meurtres au Burundi, avec plus de 100 personnes tuées depuis le mois d’août, dont certaines par des membres des forces de sécurité, à Bujumbura et aux alentours. La fréquence et la brutalité des meurtres ont atteint des niveaux inquiétants.

Deux des attaques les plus meurtrières ont eu lieu à Bujumbura, dans les quartiers de Cibitoke et Mutakura le 3 octobre et de Ngagara le 13 octobre. De nombreux témoins ont indiqué que des hommes en tenue policière ont mené les deux attaques, apparemment en représailles aux attaques contre des policiers commises par des hommes armés supposés être des sympathisants de l’opposition. La première attaque a fait au moins sept morts et la seconde neuf parmi les résidents. Lors de l’attaque de Cibitoke, des résidents ont reconnu des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir qui collaboraient avec les policiers pendant l’attaque. Le lendemain de l’attaque, deux témoins ont vu des personnes charger entre 7 et 10 corps portant des habits civils dans un camion de police.

Lors de la deuxième attaque menée à Ngagara, les victimes incluaient un caméraman qui travaillait pour la chaîne d’État. Des policiers l’ont abattu, puis ils ont ordonné à sa femme, son neveu et ses deux enfants adolescents de sortir de la maison, ils les ont obligés eux, ainsi qu’un veilleur de nuit local, à s’allonger dans la rue principale et leur ont tiré à chacun une balle dans la tête, d’après le récit de plusieurs témoins.

Dans d’autres cas, il n’a pas été possible d’identifier les assaillants. Des cadavres ont été découverts presque chaque jour à Bujumbura, généralement abandonnés pendant la nuit, parfois dans un lieu différent de celui où le meurtre a eu lieu, ce qui rend difficile l’identification des victimes ou des tueurs. De nombreuses victimes ont été retrouvées mortes, tuées par balles, avec les mains ou les bras liés, et avec des blessures indiquant de possibles tortures. Des témoins ont expliqué à Human Rights Watch que certains cadavres semblaient avoir été placés dans des sacs, emportés vers la périphérie de la ville et enterrés.

Human Rights Watch est parvenu au chiffre de plus de 100 morts en parlant avec des témoins, des membres des familles des victimes, des autorités locales, des journalistes et d’autres sources locales, mais n’a pas pu confirmer chaque meurtre ou les circonstances de chaque incident. Beaucoup de résidents de Bujumbura ont indiqué à Human Rights Watch qu’ils avaient peur de parler des meurtres, ce qui a rendu difficile la confirmation du nombre exact de victimes.

Le directeur général adjoint de la police, Godefroid Bizimana – l’une des quatre personnes contre lesquelles l’Union européenne a imposé des sanctions le 1er octobre pour des actions qui « compromettent la démocratie ou font obstacle à la recherche d’une solution politique » – a raconté à Human Rights Watch le 16 octobre : « Les jeunes se sont servis de la population comme des boucliers humains. C’est comme cela que des civils sont morts. Certains des insurgés attrapent des civils, les accusent de ne pas être des sympathisants de leur cause, les tuent et se débarrassent de leurs corps. »

Des témoins, des membres des familles des victimes et des membres du parti au pouvoir ont expliqué à Human Rights Watch que bon nombre de ceux qui ont été trouvés morts appartenaient soit à des partis d’opposition, soit au parti au pouvoir, le Conseil national pour la défense de la démocratie - Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Certains étaient membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, connus sous le nom d’Imbonerakure (« ceux qui voient loin » en kirundi). Des personnes armées sympathisantes de l’opposition ont eu recours à la violence, en jetant des grenades sur des policiers, en leur tirant dessus et en attaquant des postes de police.

Le procureur général et le porte-parole de la police ont déclaré à Human Rights Watch que des enquêtes sont ouvertes sur tous les signalements de meurtres. Dans de nombreux cas, cependant, des témoins et des proches des victimes ont raconté à Human Rights Watch que les autorités judiciaires ne les avaient pas contactés concernant les enquêtes, même dans les cas qui ont eu un grand retentissement ou les cas où les victimes étaient membres du parti au pouvoir.

Une autorité judiciaire a indiqué à Human Rights Watch qu’alors que des dossiers ont été ouverts sur de nombreux meurtres, les magistrats n’ont pas toujours mené des enquêtes approfondies. L’autorité judiciaire a dit que les affaires étaient très politisées et que certains cas très en vue étaient traités directement par des magistrats ou d’autres autorités proches du parti au pouvoir.

La détérioration de la situation des droits humains au Burundi a conduit à une série de déclarations, de résolutions et d’autres actions de la part de hauts diplomates et d’organisations régionales et internationales, y compris une réunion au Conseil de sécurité des Nations Unies le 9 novembre et une déclaration ferme du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine le 17 octobre. Les acteurs régionaux et internationaux devraient utiliser tous les canaux disponibles pour maintenir la pression sur le président Nkurunziza pour prévenir de nouvelles violences, a déclaré Human Rights Watch.

Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, et la présidente de la Commission de l’Union africaine, Dr Nkosazana Dlamini-Zuma, devraient conduire des délégations de haut niveau à Bujumbura pour rencontrer le président Nkurunziza et l’exhorter à tenir la police et les services des renseignements pour responsables de leurs actes. Ces délégations devraient aussi se pencher sur le manque d’enquêtes crédibles sur les meurtres récents, le manque d’indépendance du système judiciaire et les attaques menées par les sympathisants de l’opposition contre les forces de sécurité.

La Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples devrait accélérer son enquête sur les atteintes aux droits humains et les autres abus commis au Burundi, conformément à la déclaration du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 17 octobre, et de garantir la publication d’un rapport sur ses conclusions en temps voulu. La commission devrait nommer des membres indépendants expérimentés pour cette enquête, capables de porter une attention particulière aux meurtres perpétrés par les forces de sécurité de l’État et les sympathisants de l’opposition et jeter les bases pour des enquêtes pénales indépendantes efficaces.

Lorsque le président Nkurunziza a prêté serment pour son troisième mandat le 20 août, il a promis que « les enquêtes sont en cours et tôt ou tard, ceux qui sont en train de tuer les gens seront appréhendés et sanctionnés sévèrement ». Cependant, aucune information n’est disponible concernant des poursuites judiciaires pour ces meurtres.

« Le président Nkurunziza devrait tenir sa promesse », a indiqué Daniel Bekele. « Pour prouver que le Burundi est un pays où les forces de sécurité ne sont pas au-dessus des lois, il devrait publiquement et sans équivoque condamner tous les meurtres et s’assurer que des enquêtes indépendantes approfondies et des poursuites ont lieu pour chaque cas. »

Pour prendre connaissance d’informations plus détaillées sur les meurtres, veuillez lire la suite.

Les meurtres à Bujumbura
Les recherches de Human Rights Watch, menées entre juillet et novembre, se sont concentrées principalement sur les meurtres à Bujumbura et dans ses environs. Plusieurs personnes ont aussi été tuées dans les provinces. Dans un communiqué de presse du 12 octobre, le ministre de la Sécurité publique, Alain Guillaume Bunyoni, a mentionné que la police avait enregistré 130 « assassinats » dans le pays entre juillet et septembre. Il n’a pas donné un bilan détaillé des victimes.

Depuis la fin du mois de juillet, Human Rights Watch a observé trois schémas de meurtres à Bujumbura : des meurtres lors des descentes de police après que des policiers ont été attaqués par des sympathisants de l’opposition ; des meurtres touchant des personnes en vue aux affiliations politiques claires ; et des meurtres de victimes parfois non identifiées par des hommes armés inconnus qui se sont débarrassés de leurs corps dans les rues de la ville.

Descentes de police meurtrières
Des manifestations contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat ont commencé en avril et ont été brutalement réprimées par la police. À la suite d’un coup d’État manqué, mené par un groupe d’officiers militaires le 13 mai, la police a intensifié la répression contre les manifestants. Depuis lors, des attaques sporadiques ont eu lieu contre les forces de sécurité et des rumeurs persistantes laissent entendre que certains Burundais ont constitué un mouvement d’opposition armé en exil. La fermeture par le gouvernement des principales stations de radio privées du Burundi en avril et en mai, et les menaces répétées du gouvernement à l’encontre des groupes de défense des droits humains, les empêchant d’agir librement, ont eu pour conséquence une absence de signalement de nombreux abus et d’autres événements.

Le porte-parole de la police Pierre Nkurikiye a indiqué à Human Rights Watch le 28 octobre que des grenades ont été lancées de manière sporadique sur des policiers, en général lorsque ceux-ci intervenaient dans des incidents survenant dans les quartiers. Il a déclaré que 26 policiers avaient été tués depuis avril. Des défenseurs des droits humains burundais pensent que le nombre réel de policiers tués est plus élevé.

Godefroid Bizimana, le directeur général adjoint de la police, a déclaré à Human Rights Watch : « Certaines personnes profitent pendant la nuit et attaquent la police. Elles ont des grenades. La police riposte en tirant sur les personnes qui ont lancé les grenades. »

Ces attaques contre la police ont parfois déclenché des attaques de représailles meurtrières menées par la police et par des hommes portant des tenues policières. Des militants, des résidents et une ancienne autorité policière ont expliqué à Human Rights Watch que, selon eux, des Imbonerakure portaient des uniformes de policiers et accompagnaient de véritables policiers pendant les incursions dans les quartiers. D’après les entretiens avec les témoins et les pratiques précédentes, Human Rights Watch pense que des Imbonerakure ont agi de concert avec la police pendant l’attaque du 3 octobre à Cibitoke, comme ils l’ont fait lors d’incidents passés documentés par Human Rights Watch.

La plupart des victimes des attaques de Cibitoke, Mutakura et Ngagara en octobre semblaient être des résidents que la police a tués au hasard, simplement parce qu’ils se trouvaient dans la localité où des policiers avaient été attaqués ou enlevés. Rien n’indique que les policiers ont ciblé ces individus spécifiques sur la base de leur identité.

Attaque du 3 octobre dans les quartiers de Cibitoke et Mutakura
Vers 11 h du matin, les résidents du quartier de Cibitoke à Bujumbura ont entendu des coups de feu. Un policier a raconté à Human Rights Watch que la police avait été appelée dans le quartier pour intervenir dans un incident et a été attaquée. Plus tard dans l’après-midi, la police, accompagnée par des jeunes habillés en civil, est arrivée à Cibitoke depuis le quartier de Kamenge. Un témoin a indiqué à Human Rights Watch que certains des jeunes, qui, d’après le témoin, étaient des Imbonerakure, ont pénétré dans une parcelle et ont crié aux habitants qui se cachaient dans leurs maisons :

« Ces imbéciles qui nous ont tiré dessus cette nuit, faites sortir ces chiens et vous allez voir ce que nous ferons ! » Une femme dans une maison [voisine] leur a répondu en criant : « Ils ne sont pas là. Vraiment, il n’y a personne ici. » Ils [deux jeunes en civil] voulaient entrer dans d’autres parcelles. Un policier avec eux leur a dit : « Ce n’est pas ce qui était convenu ; je vais vous tirer dessus ! » Il a dit [aux deux jeunes en civil] : « Vous êtes venus ici pour faire ça ? »

Les civils et le policier ont quitté la parcelle et sont restés sur la 10e avenue à Cibitoke. Au moins un témoin a reconnu des Imbonerakure parmi les hommes habillés en civil.

Un témoin a entendu certains jeunes en conversation téléphonique avec une personne qu’ils appelaient « commissaire ». Ils disaient qu’il y avait une opération à Cibitoke et qu’ils « contrôlaient le secteur ». Ils ont fait allusion à des personnes qui « [allaient] porter les uniformes » et à une personne qui était déjà vêtue d’un uniforme. Ils ont ajouté que les autres « n[’étaient] pas en uniforme ».

Les policiers et les hommes en civil ont arrêté deux hommes qui rentraient chez eux ce soir-là. L’un des hommes était Eloi Ndimira, un homme handicapé de 54 ans. Un témoin a raconté :

Ils [les civils et les policiers] lui ont dit d’une manière méchante : « Mettez les mains en l’air et applaudissez-nous. » Il y avait deux hommes. L’un était handicapé. Il a répondu : « Vous vous prenez pour qui pour me traiter comme ça ? » Il n’a pas pu lever les mains et applaudir. Il est tombé par terre. Nous avons entendu sa canne tomber sur le sol.

Vers 19 h, nous les avons entendus, nous avons entendu les coups de feu. Nous avons entendu Eloi [l’homme handicapé] crier : « Oh ! Oh ! Oh ! » Il a crié trois fois. C’est peut-être à ce moment qu’ils l’ont poignardé. Lorsque nous avons entendu les cris d’Eloi, il y a eu des coups de feu. Nous avons entendu l’un d’eux dire : « Si ça avait été moi, je lui aurais mis au moins 10 balles. » Nous avons entendu entre cinq et sept coups de feu.

Le lendemain matin, deux personnes sont revenues dans la localité à la recherche d’un membre de leur famille ayant disparu et elles ont vu entre 7 et 10 Imbonerakure et un policier qui s’apprêtaient à mettre des cadavres à l’arrière d’une camionnette de police portant des plaques d’immatriculation de la police. L’une d’elles a expliqué :

Quand je suis arrivé sur la 8e avenue, c’est là que nous avons vu un tas de cadavres. Je pense qu’il y avait au moins 10 corps. Certains corps étaient [allongés] côte à côte, d’autres étaient empilés. Des Imbonerakure sont arrivés et les ont mis dans un véhicule de la police. Parmi les Imbonerakure, j’en ai reconnu un qui avait habité à Cibitoke, mais avait déménagé à Kamenge.

Le même jour, des policiers se sont rendus dans le quartier de Mutakura. Les résidents ont entendu des coups de feu vers 10 h du matin. Un témoin a raconté :

J’ai trouvé tout le monde dehors dans notre parcelle, près de la porte de leur maison. Après un moment, les policiers ont dit : « Livrez-nous tous les jeunes qui habitent ici. » Les policiers portaient des uniformes bleus unis. Ils nous ont ordonné de nous allonger sur le sol et ont dit à tout le monde de sortir des maisons. Nous avons répondu qu’il n’y avait personne dans les maisons. Ils ont tiré dans les maisons pour faire sortir tout le monde.

Des policiers à l’extérieur de la parcelle ont continué à tirer dans la parcelle. Deux grenades ont aussi été jetées dans la parcelle par des personnes à l’extérieur. Les personnes qui avaient été forcées de s’allonger sont allées se réfugier dans leurs maisons. Un blanchisseur rwandais, Joseph Baganineza, a été tué d’une balle. La police a mis le feu à certaines maisons de la parcelle.

Peu après, selon le même témoin, des policiers, y compris des membres de l’unité chargée de la protection des institutions étatiques (Appui pour la protection des institutions, API), sont entrés dans la parcelle :

Ils ont continué à tirer dans les maisons. C’est là que j’ai été touché. La balle est passée par la fenêtre. [La police] a tiré de nombreuses balles dans les maisons qui n’étaient pas incendiées, donc ceux qui s’y cachaient risquaient d’être touchés. Alors que j’étais déjà blessé, ils ont dit : « Sors, avec les mains en l’air. » C’est alors que nous avons vu la police en tenue tache-tache. Il y avait [deux] groupes, avec deux uniformes différents. La police [API] a dit : « Oui, les combattants, c’est vous. Sortez. » Nous avons répondu : « Nous ne sommes pas des combattants. » Ils ont dit : « Vous savez qui sont [les combattants]. » Nous avons répondu : « Nous ne les connaissons pas. » C’est alors qu’ils ont commencé à nous fouiller.

La police a confisqué les téléphones, l’argent et les documents personnels, puis a forcé les résidents à s’allonger face contre terre dans la rue, a raconté un témoin. S’ils essayaient de lever la tête, les policiers leur donnaient des coups de pied dans la tête ou les frappaient avec le canon des fusils. La police a arrêté 48 jeunes hommes, parmi lesquels des mineurs, et les ont conduits au centre de détention de la police, connu sous le nom de Bureau spécial de recherche (BSR).

Là, un officier de police judiciaire a pris les procès-verbaux des personnes arrêtées. Un des jeunes hommes arrêtés, qui ne savait pas lire et avait été blessé, a raconté :

Le procès-verbal, il [l’officier de police judiciaire] m’a dit de le signer, mais il ne m’a pas lu ce qu’il a écrit. Par exemple, il a demandé : « Où étais-tu lorsque tu as été touché [par les balles] ? » J’ai répondu : « J’étais chez moi. » Il a dit : « C’est toi qui as tiré sur des gens et tu dis que tu as été touché ? Et qu’est-ce qui se serait passé si quelqu’un t’avait tiré dans la tête ? »

Malgré une blessure par balle grave et des blessures par des éclats provenant de l’explosion d’une grenade, la police lui a refusé l’accès à des soins médicaux. Il a été libéré quelques jours plus tard, avec de nombreux autres détenus, y compris les mineurs. Ils n’ont pas été inculpés.

Attaque du 13 octobre dans le quartier de Ngagara
L’une des réponses policières les plus meurtrières à une attaque contre des policiers a eu lieu le 13 octobre dans le quartier de Ngagara. Des témoins ont entendu plusieurs grenades exploser près d’une école primaire. Lorsque les résidents se sont rendus sur le lieu, ils ont vu une personne blessée, qui était selon eux un policier de l’API habillé en civil, se tordre de douleur sur le sol. Des membres de l’API sont arrivés en tirant en l’air. Nkurikiye, le porte-parole de la police, a déclaré plus tard que des hommes armés avaient capturé trois policiers en civil. Un policier a été tué, un a été blessé et le dernier s’est enfui.

Vers 16 h, la police de l’API est arrivée dans le secteur de Ngagara appelé le Quartier 3. Des témoins ont raconté à Human Rights Watch qu’ils avaient entendu la police tirer sur les maisons. Quatre policiers de l’API sont entrés dans la maison d’un homme âgé. L’un d’eux lui a dit : « Montre-nous où sont les personnes qui ont commis le crime. » Quand il a répondu qu’elles n’étaient pas là, les policiers lui ont donné un coup de pied dans le ventre et l’ont battu. Un policier de l’API lui a ensuite tiré une balle dans la jambe gauche et est parti.

Un témoin a indiqué que le policier est venu chez lui : « Il a pointé le canon de son fusil sur nous, il a mis le doigt sur la détente et a dit : “Je vais vous tuer. Vous allez payer pour les nôtres [ceux qui ont été tués].” »

Le témoin leur a dit qu’ils pouvaient fouiller la maison, mais qu’ils ne trouveraient pas d’armes.

Les policiers de l’API sont alors allés dans une maison voisine. Ils ont hurlé : « Si vous n’êtes coupables de rien, sortez ! Ouvrez [le portail]. » Christophe Nkezabahizi, un caméraman de la chaîne d’État la Radio Télévision Nationale du Burundi (RTNB), a dit en ouvrant le portail : « Je suis un journaliste de la RTNB. » Un témoin a dit qu’un policier de l’API est entré lorsque Nkezabahizi a ouvert le portail et l’a giflé. Nkezabahizi a perdu l’équilibre et le policier de l’API lui a tiré dessus deux fois. Le policier a répété : « Tous ceux qui ne sont coupables de rien, sortez. Sinon nous allons brûler toutes les maisons. »

La femme de Nkezabahizi, Alice, son fils adoptif, Trésor, son neveu, Évariste Mbonihankuye, et sa fille Ines Nikura Kamikimana, surnommée « Kami », sont sortis de la maison. Alors qu’ils passaient près du corps de Nkezabahizi, l’un des policiers de l’API a demandé à la femme de Nkezabahizi : « C’est ton mari ? » Elle a confirmé. Un résident local a décrit ce qu’il s’est passé ensuite :

Ils les ont obligés à s’allonger dans la rue. Puis ils ont amené un veilleur [qui habitait à proximité]. Tous ont été tués ici. Ils ont tous reçu une balle au même endroit, dans la tête, près de l’œil. Sauf Kami, qui a reçu une balle sous le menton. Sa cervelle a été laissée là, avec des morceaux de son crâne.

Plus tard, deux policiers sont venus et ont commencé à tirer [sur la maison de Nkezabahizi]. L’un visait le salon et l’autre la chambre. L’un d’eux a dit d’une voix forte, comme pour avertir : « Espérons qu’il ne reste personne ici. » Certains disaient à d’autres qu’il y avait encore des gens dans la maison. Ils ont continué à tirer plusieurs fois. Ils sont partis et revenus. Partis et revenus. Ils ont fait ça trois fois. À chaque fois, ils recommençaient à tirer. Cela a duré 30 minutes environ.

Des témoins ont indiqué que la police a aussi tiré au hasard sur de nombreuses autres maisons.

Pendant la descente, la police a aussi abattu trois autres jeunes hommes de la localité, par une balle dans la tête pour au moins deux d’entre eux. Un témoin a raconté qu’un policier de l’API a trouvé un domestique qui se cachait dans une maison et qu’il lui a dit : « “Toi chien, tu te caches ici ? C’est toi qui nous a tiré dessus !” » Il lui a tiré une balle à l’arrière de la tête et la balle est ressortie par le front. « Lorsque nous sommes allés chercher le corps, il y avait de la cervelle sur le sol. »

Un autre domestique qui distribuait de la bière et des boissons sucrées dans le quartier a aussi été retrouvé mort dans la rue, tué d’une balle dans la tête.

Le 17 octobre, le procureur général, Valentin Bagorikunda, a établi une commission pour enquêter sur l’attaque de Ngagara et indiqué que son rapport était attendu sous 10 jours. On ignore si le rapport a été finalisé.

Attaques ciblées contre des individus bien connus
En plus des meurtres pendant les descentes de police, plusieurs meurtres et attaques ciblés ont visé des individus spécifiques. Les victimes incluaient des hommes politiques en vue, des membres des forces de sécurité, des défenseurs des droits humains et des journalistes.

L’une des premières attaques a eu lieu le 23 mai, presque un mois après le début des manifestations contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, lorsque Zedi Feruzi, président du parti d’opposition Union pour la paix et la démocratie-Zigamibanga a été assassiné. Jean-Baptiste Bireha, un journaliste, a été blessé au cours de l’attaque, sous les coups de feu tirés par des hommes en tenue policière alors qu’il accompagnait Feruzi chez lui.

A partir du mois d’août, le nombre de ces attaques a nettement augmenté. La liste suivante n’est pas exhaustive :

·    2 août : le lieutenant-général Adolphe Nshimirimana, ancien directeur des services de renseignements et allié proche du président, a été tué par des hommes non identifiés qui ont ouvert le feu sur son véhicule à Bujumbura.

·    2 août : Esdras Ndikumana, correspondant au Burundi pour Radio France Internationale (RFI) et l’Agence France-Presse (AFP), a été gravement battu par des agents des services de renseignements après qu’il a tenté de prendre des photos du véhicule dans lequel Nshimirimana a été assassiné. Les agents des services de renseignements lui ont cassé un doigt et l’ont frappé très fort sur la plante des pieds.

·    3 août : Pierre Claver Mbonimpa, président de l’organisation de défense des droits humains burundaise Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (APRODH), a été blessé par balle au visage et dans le cou par un homme à moto qui s’est approché de sa voiture alors qu’il rentrait du travail. Mbonimpa a reconnu son agresseur comme une personne qui travaillait avec les services de renseignements. Mbonimpa a été gravement blessé et a reçu des soins médicaux en Europe.

·    4 août : Côme Harerimana, un président local du CNDD-FDD à Kanyosha, dans la province de Bujumbura Rurale, a été tué lorsqu’un homme armé non identifié a jeté une brique sur la moto qui le transportait, faisant perdre au chauffeur le contrôle du véhicule. L’assaillant a ensuite tiré sur Harerimana dans la tête, les côtes et le bras avant de prendre la fuite. Harerimana avait auparavant reçu des menaces, apparemment parce qu’il était membre du parti au pouvoir. Des manifestants étaient venus devant chez lui pendant les manifestations contre le troisième mandat de Nkurunziza et avaient chanté : « Nous allons creuser sur une profondeur de 100 mètres et nous allons y enterrer Côme et toute sa famille. »

·    15 août : le colonel Jean Bikomagu, ancien chef d’état-major de l’armée burundaise pendant la guerre civile du Burundi dans les années 1990, a été abattu par un homme non identifié circulant à moto alors qu’il rentrait chez lui.

·    22 août : Pontien Barutwanayo, un membre du parti d’opposition Forces nationales de libération (FNL) et ancien administrateur de la commune d’Isale, dans la province de Bujumbura Rurale, a été abattu. Un témoin a indiqué qu’une ou plusieurs personnes, cachées derrière un mur, ont ouvert le feu sur Barutwanayo qui était assis avec des amis à la terrasse d’un bar à Rushubi, une ville de la commune d’Isale.

·    7 septembre : Patrice Gahungu, porte-parole du parti d’opposition UPD, a été abattu alors qu’il rentrait chez lui en voiture à Bujumbura. Des agents des services de renseignements avaient gravement torturé Gahungu en 2010, en le frappant à coups de matraques et de pierres, en lui coupant un bout d’oreille qu’ils ont essayé de lui faire avaler et en le forçant à boire son propre sang. Ils l’avaient interrogé sur des attaques à la grenade prétendument menées par l’UPD et par les FNL et sur les liens entre ces deux partis. Il a été emprisonné pendant 15 mois et inculpé de détention d’armes. Après sa libération le 24 octobre 2011, il a déposé une plainte officielle auprès du procureur général en 2012 et a envoyé une requête au Comité contre la torture des Nations Unies le 30 juin 2012. Le Comité contre la torture des Nations Unies a écrit au gouvernement burundais à la fin du mois d’août 2015 indiquant que les droits de Gahungu avaient été violés. Le Comité a déclaré que le gouvernement devait « entreprendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir toute menace ou acte de violence auquel le requérant ou sa famille pourraient être exposés, en particulier pour avoir déposé la présente requête ».

·    11 septembre : le général Prime Niyongabo, chef d’état-major de l’armée, a échappé à une attaque menée par des hommes inconnus à Bujumbura au cours de laquelle plusieurs de ses gardes du corps ont été tués.

·    17 octobre : Charlotte Umurwaneza, membre du parti d’opposition MSD, a disparu le 16 octobre. Son corps a été retrouvé deux jours plus tard près d’une rivière à la périphérie de Bujumbura.

Le procureur général, Valentin Bagorikunda, a indiqué à Human Rights Watch lors d’une réunion le 16 octobre que des dossiers ont été ouverts pour chaque meurtre dans le pays. Il a précisé que les enquêtes sur l’attaque contre Mbonimpa étaient en cours, mais qu’il n’avait pas été facile de recueillir des témoignages. Il a ajouté que des enquêtes préliminaires étaient aussi en cours sur les meurtres des deux représentants de l’UPD, Feruzi et Gahungu.

Dans le cas de Ndikumana, Bagorikunda a expliqué que, étant donné que Ndikumana n’était actuellement pas dans le pays et que le procureur n’avait pas sa déposition, il n’était pas facile d’avancer sur cette enquête.

Le 19 octobre, RFI, l’AFP et Ndikumana lui-même ont déposé des plaintes devant la Cour suprême du Burundi contre une personne des services de renseignements qu’ils ont accusée d’avoir torturé Ndikumana. Le porte-parole des services de renseignements a indiqué, selon RFI, qu’au moment de l’arrestation de Ndikumana, « les gens étaient pris de panique » et qu’il y avait eu « des dérapages ». Le porte-parole a précisé que les mesures et les sanctions nécessaires seraient prises.

Dans l’un des rares cas où des suspects ont été appréhendés, un militaire et trois policiers figuraient parmi les personnes arrêtées dans le cadre du meurtre de Nshimirimana. Nkurikiye a expliqué à Human Rights Watch le 22 septembre que des enquêtes étaient aussi en cours sur les attaques visant Mbonimpa, Bikomagu, Barutwanayo et Bireha, le journaliste blessé pendant l’attaque contre Feruzi. Il a ajouté que « pour chaque affaire d’assassinat, pour chaque corps retrouvé, un dossier est ouvert ; une enquête est menée ».

Autres meurtres
En plus des cas susmentionnés ayant eu un grand retentissement, plusieurs autres personnes ont été tuées depuis le mois de mai. Les victimes étaient apparemment ciblées en raison de leurs affiliations politiques, de leurs liens présumés avec l’opposition ou de ressentiments passés entre certaines des victimes et les agences gouvernementales, telles que les services de renseignements.

Des sources proches des victimes ont rapporté que certaines avaient reçu des visites, des SMS ou des appels de menaces de la part de personnes non identifiées ou de personnes proches du parti au pouvoir. Dans certains cas, des sources ont vu ou confirmé que des membres des services de renseignements et des forces de sécurité étaient impliqués dans les enlèvements ou les meurtres.

Les meurtres visaient des membres du parti au pouvoir, ainsi que des opposants au gouvernement. Un témoin a raconté à Human Rights Watch que le 25 mai, des manifestants anti-gouvernement se sont rendus devant la maison d’un membre du parti CNDD-FDD chargé de la sensibilisation dans son secteur, dans la périphérie de Bujumbura. Ils ont brisé les vitres de la porte, endommagé le toit et pillé et incendié certains biens de cet homme.

Le 31 juillet, des hommes non identifiés sont venus chez lui à 23 h et ont cogné à la porte, en disant : « Sortez, nous avons quelque chose à vous dire. Nous sommes des militaires. » Le témoin, qui se trouvait dans la maison avec la victime, a indiqué que la victime a regardé dehors et a vu environ 12 hommes armés entourant la maison. Certains portaient des vêtements civils. Deux ou trois portaient des uniformes militaires de camouflage.

Le témoin a raconté :

Quand je me suis mise à crier, ils [les hommes armés] ont commencé à tirer. Au bout d’un moment, [l’homme] est sorti, mais il avait déjà été touché [par des balles]. Nous avons trouvé du sang dans la maison. Je suis sortie cinq minutes plus tard. J’ai trouvé un des assaillants assis devant la porte. Deux autres se tenaient contre un mur. L’un d’eux a ordonné ? : « Abattez[-la] ! » Un autre a répondu : « Non, ça ne vaut pas la peine. On a déjà terminé avec celui qu’on cherchait. »

Un proche a trouvé la victime près de la maison. L’homme avait reçu plusieurs balles dans les parties génitales et le bras. Les assaillants ont incendié la maison de l’homme avant de prendre la fuite. Un mois après le meurtre, un proche de la victime a dit que la famille n’avait connaissance d’aucune enquête sur sa mort.

Dans une autre affaire dans la périphérie de Bujumbura, un homme de 30 ans et sa femme, tous deux anciens combattants dans les FNL de l’opposition, avaient subi des menaces venant de partisans de l’opposition pendant plusieurs mois. Après avoir été démobilisé des FNL, l’homme avait rejoint le CNDD-FDD sous la pression. Des manifestants anti-Nkurunziza et d’autres personnes se sont rendus à sa maison plusieurs fois. Il pensait qu’ils étaient mécontents de son affiliation au parti au pouvoir et de son refus de participer aux manifestations.

L’homme a expliqué à Human Rights Watch : « [Un manifestant] a dit ouvertement que ceux qui n’étaient pas avec eux dans leur lutte contre l’État seraient considérés comme des ennemis. Ils nous regardaient, en disant que le [parti au pouvoir] nous a fourni des armes. »

La nuit du 25 août, des hommes non identifiés se sont rendus au domicile de l’homme alors qu’il était sorti et ont abattu sa femme. Ils ont aussi tiré cinq fois sur son fils de 8 ans. Le garçon a survécu. « Je n’ai pas eu le courage de regarder [le corps de ma femme] parce que des personnes ont dit que sa tête était entièrement aplatie », a déclaré l’homme.

Égide Twagirayezu, âgé de 35 ans, qui, jusqu’à récemment, avait été un membre actif, un collecteur de fonds et un mobilisateur du parti au pouvoir, avait signé une lettre dénonçant la décision du président de briguer un troisième mandat. Quelqu’un ayant connaissance de l’affaire a raconté à Human Rights Watch qu’après que Twagirayezu a signé la lettre, les services de renseignements et des membres de la commission de discipline du parti au pouvoir l’ont menacé. Il a été limogé de son travail et réaffecté à un autre poste. En réponse à la pression accrue, il a écrit une lettre aux responsables du parti pour demander pardon, mais les menaces ont continué. Des jeunes l’ont suivi et ont surveillé sa maison, les services de renseignements l’ont interrogé et un haut responsable du gouvernement lui a conseillé de fuir parce que sa vie était en danger. Il a confié à un membre de sa famille : « Je vais mourir. Avec les menaces que je reçois, je vais mourir. Prends soin des enfants. »

Le 12 août, Twagirayezu et sa femme, Yvette Irakoze, 32 ans, se sont rendus dans un bar dans le quartier de Kamenge. Un policier a été vu à l’extérieur près de leur voiture. Lorsque Twagirayezu, Irakoze et un membre de la famille ont quitté le bar et sont montés dans la voiture, un homme armé inconnu a ouvert le feu depuis l’arrière de la voiture. Un témoin qui a vu le corps a raconté : « Egide a été abattu par derrière. Les balles sont ressorties de sa poitrine. L’un de ses yeux est sorti. Sa femme a été touchée à peu près 20 fois. »

Tous deux ont été tués. Le couple a laissé derrière lui une fillette de 3 ans et un garçon de 1 an.

Dans d’autres cas, le motif des meurtres n’est pas clair. Le 11 août, un employé de l’Université du Burundi a reçu un appel d’une personne de sa connaissance et est parti la rejoindre. Il a été arrêté plus tard par des policiers et des hommes en civil portant des armes à feu dans un restaurant près du marché central de Bujumbura. Le 16 août, des passants ont trouvé son corps en décomposition dans un champ à la périphérie de Bujumbura. Selon un témoin, trois doigts manquaient à l’une de ses mains et deux sur l’autre. Le témoin a dit qu’il avait été tué d’une balle dans la tête.

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