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Cela fait un an aujourd’hui que des manifestations ont été organisées à Kinshasa et dans d’autres villes de la République démocratique du Congo pour protester contre les tentatives du président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir. Quand les forces de sécurité ont réprimé les rassemblements, les manifestations jusque-là pacifiques sont devenues violentes. Au cours de plusieurs jours, la police et les soldats de la Garde républicaine ont tué par balles au moins 43 personnes, ont blessé des dizaines de manifestants et ont fait disparaître de force cinq autres personnes.

La police anti-émeute patrouille dans une rue de Goma, en République démocratique du Congo, le 19 janvier 2015, lors d’une vague de manifestations à travers le pays contre un projet de modification de loi qui permettrait un report de l’élection présidentielle. © 2015 Reuters

Les forces de sécurité ont emporté à la hâte certains corps, laissant les familles dans l’incapacité d’enterrer leurs proches.

Ce premier anniversaire est un sombre aperçu de ce que pourrait connaître la RD Congo si les forces de sécurité répondent de la même façon à de futures manifestations. Les deux mandats présidentiels consécutifs prévus par la constitution arriveront à échéance le 19 décembre 2016, mais les préparatifs de l’élection ont été délibérément paralysés et Joseph Kabila n’a pas annoncé son intention de se retirer. Les autorités fidèles au président ont réprimé et intimidé la coalition croissante des voix appelant au respect de la constitution et à des élections crédibles.

Rien qu’aujourd’hui, la police a entravé une série de rassemblements pacifiques organisés par les chefs de file de l’opposition et de la société civile à Kinshasa, la capitale, en commémoration des victimes des manifestations de l’an passé. Alors que d’autres manifestations sont prévues dans les semaines à venir, le gouvernement devrait prendre des mesures urgentes pour s’assurer que tous les Congolais puissent exprimer pacifiquement leurs points de vue sans crainte d’être arrêtés ou tués par les forces de sécurité.

Les autorités devraient arrêter les responsables des abus passés et les traduire en justice dans le cadre de procès équitables et crédibles. Elles devraient aussi stopper toutes les tentatives illégales de recrutement et de mobilisation de membres des « ligues de jeunes » afin qu’ils fassent usage de la violence pendant les manifestations – une tactique observée le plus récemment lors d’un rassemblement de l’opposition politique à Kinshasa le 15 septembre 2015.

Les partenaires internationaux de la RD Congo et la mission de maintien de la paix des Nations Unies en RD Congo, la MONUSCO, ont un rôle crucial à jouer. La police et les forces militaires de la MONUSCO devraient se tenir prêtes à se déployer dans des sites stratégiques à Kinshasa et dans d’autres villes pour exercer un effet dissuasif face aux répressions et pour protéger les manifestants pacifiques lorsque cela est nécessaire. L’Union européenne, les États-Unis et les Nations Unies devraient appliquer des sanctions ciblées, notamment interdictions de voyager et gels d’avoirs, à l’encontre des personnes portant la plus grande part de responsabilité quant à la répression violente.

Les bailleurs de fonds de la RD Congo ainsi que l’ONU ont appelé à plusieurs reprises à une élection présidentielle crédible et ont insisté sur l’importance d’une passation de pouvoir pacifique, dans l’intérêt de promouvoir la démocratie, les droits humains et la stabilité en RD Congo.

Le temps est venu de traduire ces belles paroles en actes.

 

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