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UE : Propositions pour répondre à la crise des réfugiés

Les États européens devraient mettre fin au chaos frontalier, protéger les réfugiés et s’assurer d’un traitement humain

Des demandeurs d'asile et des migrants descendent d'un bateau de pêche les ayant transportés de la Turquie vers l'île grecque de Lesbos, le 11 octobre 2015. © 2015 Zalmaï pour Human Rights Watch

(Bruxelles) – Les gouvernements de l’Union européenne devraient agir d’urgence pour s’assurer que leur réponse à la problématique des réfugiés, désormais une véritable crise au sein de l’UE, soit à la hauteur de leurs responsabilités juridiques et des valeurs proclamées, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

Ce document de 16 pages, intitulé « Europe’s Refugee Crisis: An Agenda for Action » (« La crise des réfugiés en Europe : Un programme d’action ») analyse les failles de la réponse à ce jour des gouvernements européens à cette crise, et émet des recommandations à cet égard dans quatre domaines : réduire la nécessité d’entreprendre de périlleux voyage ; gérer la crise aux frontières de l’Europe ; pallier les carences du système d’asile de l’UE ; et garantir la coopération de l’UE avec d’autres pays pour améliorer la protection des réfugiés et le respect des droits humains.

« Dans un monde où les déplacements de population, les conflits et les violations des droits humains se multiplient, le rôle de l’UE est plus important que jamais », a affirmé Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch. « Les attentats atroces commis à Paris le 13 novembre mettent en lumière l’urgente nécessité d'une réponse collective de l'UE qui aborde de manière efficace la crise des réfugiés, par le biais d’un système de traitement et de contrôle ordonné des demandeurs d’asile, y compris de ceux fuyant les violences commises par l’Etat islamique en Syrie et en Irak. »

Amnesty International a également publié un rapport important sur ce sujet le 17 novembre 2015, intitulé « Fear and Fences: Europe’s Response to Keeping Refugees at Bay » (« Craintes et clôtures : la réponse de l’Europe pour tenir les réfugiés à distance »), et exprime les mêmes préoccupations.



Plus de 800 000 demandeurs d’asile et migrants sont arrivés en Europe par la mer en 2015, et la plupart ont continué leur voyage vers les pays du nord et de l’ouest de l’UE. Selon le HCR, l’agence pour les réfugiés des Nations Unies, 84 pour cent venaient de Syrie, d’Afghanistan, d’Érythrée, de Somalie ou d’Irak – tous des pays touchés par un conflit, des violences et une insécurité généralisée, ou dont les gouvernements sont extrêmement répressifs.

Bien que l’UE et ses États membres aient intensifié leurs opérations de recherches et sauvetage, plus de 3 450 personnes ont perdu la vie en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe en 2015.

La réponse à la crise de nombreux gouvernements de l’UE présente de graves défaillances. Celle-ci a été marquée par des morts en mer, le chaos et une situation humanitaire déplorable aux frontières terrestres parfois fermées ou bloquées, et par un partage inéquitable des responsabilités et de l’action collective. Plusieurs pays européens ont tenté de renvoyer ces responsabilités sur des pays situés hors de l’Union européenne.

L’Union européenne et ses pays membres devraient travailler collectivement pour :
  • Sauver des vies en mer grâce à d’importantes opérations de recherches et sauvetage en Méditerranée et dans la mer Égée ;
  • Réduire la nécessité d’entreprendre de périlleux voyages en développant la réinstallation des réfugiés, en facilitant les regroupements familiaux, et en délivrant des visas humanitaires ;
  • Rectifier la situation chaotique qui règne aux frontières de l’Europe en améliorant la préparation et la coordination, en accélérant la mise en œuvre d’un plan de réinstallation convenu ensemble, en donnant accès à des procédures d’asile justes et efficaces – y compris aux frontières terrestres de la Grèce et de la Bulgarie avec la Turquie – et en accueillant les personnes dans des conditions correctes dans toute la région ;
  • Pallier les carences du système d’asile de l’UE, en commençant par remplacer le système de Dublin, déficient, par un mécanisme permanent permettant de répartir équitablement les demandeurs d’asile, et en appliquant les normes de l’UE dans tous les pays membres ;
  • Veiller au respect des droits humains dans le cadre des accords de coopération sur les migrations avec les pays situés hors de l’UE, notamment lors de la conception et mise en œuvre des programmes, et de leur suivi ;
  • Mettre les droits humains au cœur de toutes les initiatives, notamment diplomatiques, visant à s’attaquer aux causes fondamentales des afflux de réfugiés et de migrants.

L’UE devrait également s’assurer que les efforts pour lutter contre les passeurs et le trafic d’êtres humains ne mettent pas de vie en danger, n’empêchent pas les personnes de solliciter une protection international, et ne les renvoient pas vers des pays où elles pourraient être victimes d’abus.

« Accepter que des gens se noient en mer ou meurent de froid dans un champ des Balkans ne sera jamais une forme acceptable de contrôle des frontières », a conclu Judith Sunderland. « Les gouvernements européens devraient développer des voies d’accès sûres et légales, et garantir l’accès à l’asile et un traitement humain à leurs frontières et au sein de chacun des États membres. »

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RTL.be 17.11.15

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