(Sanaa, le 28 juillet 2015) - Des frappes aériennes menées le 24 juillet par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite ont tué au moins 65 civils, dont 10 enfants, et blessé des dizaines d’autres personnes dans la ville portuaire de Mokha, au Yémen, et s’apparentent à un crime de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Entre 21h30 et 22h00 dans la nuit du 24 juillet, des avions de la coalition ont frappé à plusieurs reprises deux immeubles résidentiels à proximité de la centrale thermique de Mokha, habités par des employés de l’usine et par leurs familles.
Le fait que ni l'Arabie saoudite ni d'autres membres de la coalition n’aient enquêté à ce jour sur de telles frappes aériennes apparemment illégales menées au Yémen démontre la nécessité pour le Conseil de droits de l'homme des Nations Unies de créer une commission d'enquête portant sur les allégations de violations des lois de la guerre par la coalition, par les rebelles houthistes et par d'autres parties au conflit, selon Human Rights Watch.
« La coalition dirigée par l'Arabie saoudite a bombardé à plusieurs reprises des logements d'employés, avec des conséquences fatales pour plusieurs dizaines de civils », a déclaré Ole Solvang, chercheur auprès de la division Urgences de Human Rights Watch. « En l'absence de cible militaire évidente, cette attaque s’apparente à un crime de guerre. »
L’actuel conflit au Yémen est soumis au droit international humanitaire, ou les lois de la guerre. Les lois de la guerre interdisent les attaques délibérées contre des civils ainsi que les attaques indiscriminées, qui ne font pas de distinction entre des objectifs militaires et des biens civils, ou des populations civiles.
La coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui comprend huit autres pays – Bahreïn, l'Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, le Qatar et le Soudan – mène depuis le 26 mars une campagne aérienne au Yémen contre les forces houthistes, également connues sous le nom d’Ansar Allah, qui ont renversé le gouvernement du président Abdu Rabu Mansour Hadi en janvier dernier.
Les États-Unis ne sont pas membres de la coalition, mais ont déclaré lui fournir un soutien logistique et de renseignement. De même, le Royaume-Uni a indiqué apporter un soutien aux forces armées saoudiennes en vertu d’accords préexistants. L’apport d’un appui direct aux opérations militaires, telles que des informations sur les cibles, ferait des États-Unis et du Royaume-Uni des parties au conflit armé, tenues aussi d'appliquer les lois de la guerre.
Communiqué intégral en anglais :
https://www.hrw.org/news/2015/07/27/yemen-coalition-strikes-residence-apparent-war-crime