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De nombreux groupes extrémistes se caractérisent par une « signature » pour se définir eux-mêmes. Cela est particulièrement vrai du groupe extrémiste État islamique (EI, ou Daech) qui commet des violations des droits humains à une échelle inouïe avant de célébrer ces mêmes exactions.

Alors que la coalition internationale composée de 60 pays opposés à l'EI se réunit à Paris aujourd'hui, l'obligation de rendre des comptes des exactions commises occupera-t-elle une place de choix dans l'ordre du jour de la rencontre ?

Cette question ne relève pas seulement de la moralité. Elle représente un aspect fondamental dans le cadre d'une stratégie fructueuse contre l'EI face à l'ampleur des exactions commises par ce groupe armé en Irak et en Syrie.

Or, les combattants de l'EI ne sont pas les seuls à enfreindre les droits humains en Irak.

Il est par conséquent essentiel que les ministres des Affaires étrangères fassent comprendre au Premier ministre Haïder al-Abadi que la victoire contre l'EI, de même que l'appui soutenu de la communauté internationale en faveur de cette mission, dépendra de l'obligation claire et transparente de rendre des comptes pour l'ensemble des violations des droits humains commises dans le pays.

Lorsque les forces irakiennes ont chassé les combattants de l'EI de la province de Salah al-Din en mars et avril, elles ont semé la terreur, incendiant ou faisant exploser des centaines de maisons et de magasins, comme l'a révélé une enquête menée par Human Rights Watch.

À ce jour, des dizaines de milliers d'Irakiens originaires de la province de Salah al-Din sont toujours déplacés, souvent terrorisés à l'idée de retourner dans leurs maisons qui demeurent sous le contrôle des forces de mobilisation populaire (FMP).

Les FMP sont constituées de milices chiites irakiennes – notamment les Brigades Badr, la Ligue des vertueux, les Brigades du Hezbollah, les Brigades du Khorassan, les brigades Ali Akbar et les Brigades de l'imam Ali – soutenues par des combattants volontaires locaux.

Le 7 avril, le gouvernement irakien a voté pour faire passer formellement les FMP sous le contrôle du Premier ministre Haïder al-Abadi, sans toutefois que cela mette un terme aux exactions commises par ces milices.

Une vidéo mise en ligne la semaine dernière semble montrer un individu arborant l'insigne des FMP dans le nord de la province de Salah al-Din en train d'exécuter à la mitraillette un homme agenouillé portant un bandeau sur les yeux qui est, selon ses dires, membre de l'EI. Dans une autre vidéo macabre mise en ligne il y a trois jours, des individus arborant des insignes des brigades de l'Imam Ali et des FMP s'esclaffent tandis que le corps d'un homme censé être membre de l'EI pend au dessus d'un feu.

Les ministres des Affaires étrangères de la coalition anti-EI devraient aussi demander au Premier ministre ce qu'il est advenu de plus de 160 hommes et jeunes garçons des environs d'Al Dur, qui ont été vus pour la dernière fois vers le 8 mars dernier, alors qu'ils étaient emmenés sous la garde de bataillons du Hezbollah dans la zone d'Al Dur.

De telles violations ne font que renforcer le soutien apporté à l'EI. Il sera impensable de remporter le combat contre l'EI si ce genre d'exactions reste impuni par le gouvernement irakien et ses alliés.

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Articles: Le Monde - Le Point

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