Skip to main content

Après Charlie Hebdo, combattre l’intolérance à l’égard des juifs et des musulmans français

Dimanche dernier, des millions de personnes ont défilé dans les rues de Paris et d'autres villes de France, pour exprimer de façon massive leur solidarité avec les victimes des attaques sanglantes de la semaine dernière qui ont fait 17 morts. Des gens de tous âges et de tous horizons ont marché ensemble, brandissant des pancartes avec les mots « Je suis Charlie », « Je suis juif », et « Je suis Ahmed », du nom du policier tué après l'attaque au siège de Charlie Hebdo.

Pourtant, à l’inverse de cet élan d'unité et de solidarité, une vague d'attaques islamophobes a déferlé en France. Le ministère de l'intérieur a enregistré plus de 50 actes d’agression violente ou verbale depuis le 7 janvier, un chiffre qui n’inclut pas les actes éventuellement commis en région parisienne.

Des mosquées à travers la France ont été la cible de coups de feu, de grenades, de graffitis racistes, et d’incendies criminels. Les chiffres du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) sont également alarmants : depuis le jour de l'attaque contre Charlie Hebdo, le CCIF a recueilli des témoignages d'attaques contre 24 mosquées à travers la France et quatre commerces appartenant à des musulmans, ainsi qu’une douzaine d'attaques verbales ou physiques contre des musulmans.

En réponse à ces agressions et à la sanglante attaque antisémite qui a visé le supermarché casher la veille du shabbat, le gouvernement s’est engagé à accroître la sécurité autour des lieux de culte juifs et musulmans, et des écoles juives. Hier, le ministre de l'Intérieur a également annoncé qu’un préfet serait nommé pour coordonner les mesures de sécurité mises en place pour les sites de la communauté juive et lieux de culte menacés.

Ces mesures sont bien sûr bienvenues, mais les attaques islamophobes et antisémites en France ne datent pas de la semaine dernière. En juillet 2014, un supermarché casher a été attaqué à Paris, et à Sarcelles, un magasin casher et une pharmacie appartenant à des Juifs ont été incendiés. Le souvenir des meurtres d'un homme et de trois enfants dans une école juive à Toulouse en 2012 demeure vivace et très douloureux. Un nombre croissant de Juifs choisissent d’émigrer, au moins en partie car ils ont peur.

Les attaques islamophobes sont également monnaie courante, et c’est alarmant. La CCIF rend compte régulièrement des agressions et actes discriminatoires à l’encontre de musulmans, dont beaucoup de femmes et de filles portant le voile, et contre des lieux de culte musulmans.

Il est urgent de veiller à ce que les juifs et les musulmans soient protégés contre les agressions, et le gouvernement devrait respecter son engagement de le faire sans délai. Mais la lutte contre l'antisémitisme et l'islamophobie en France - le pays qui compte les plus grandes populations juives et musulmanes d'Europe – nécessitera plus que des agents de police. Il faudra aussi s’engager davantage en faveur de l'éducation, du dialogue et du respect mutuel au sein de la société française, et lutter contre les stéréotypes qui alimentent de telles attaques.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.