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Jeux olympiques: Les futurs contrats des villes hôtes incluront une clause de protection des droits humains

La réforme annoncée par le CIO devrait inciter les autres fédérations sportives à prendre une telle mesure

(Lausanne, le 23 octobre 2014) – La décision prise par le Comité international olympique (CIO) d'inclure une clause de protection des droits humains dans les futurs contrats des villes hôtes constitue une étape importante dans la lutte contre de graves violations de ces droits, telles que celles qui ont été commises dans la préparation des Jeux olympiques de Pékin et de Sotchi, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Jusqu'à présent, les contrats des villes hôtes des Jeux olympiques étaient généralement tenus secrets et ils n'ont jamais inclus expressément des clauses de protection des droits humains.

Human Rights Watch a préconisé une réforme des contrats dans sa contribution officielle à la session du CIO consacrée à l'« Agenda olympique 2020 » qui se déroulera à Monaco en décembre. Human Rights Watch a émis diverses recommandations en coordination avec 40 autres organisations de défense des droits humains, parmi lesquelles le Comité pour la protection des journalistes, AllOut, Human Rights Campaign et Athlete Ally.

« Pendant des années, des gouvernements répressifs ont bafoué effrontément la Charte olympique et renié les promesses qu'ils avaient faites pour pouvoir accueillir les Jeux », a déclaré Minky Worden, directrice des initiatives mondiales à Human Rights Watch. « Cette réforme devrait donner de la consistance à la noble profession de foi olympique selon laquelle le sport peut être ‘une force pour le bien’. » 

La décision d'honorer de manière concrète les idéaux de « dignité humaine » et d’opposition à « toute forme de discrimination » évoqués dans la Charte olympique a été présentée lors d'une rencontre entre le président du CIO, Thomas Bach, et Human Rights Watch au siège du CIO à Lausanne, le 21 octobre. Cette décision fait suite à l'annonce en septembre par le CIO que les futurs contrats signés par les villes accueillant les JO comprendront une  clause de non-discrimination – réforme décidée en réponse à l'adoption par la Russie d'une loi discriminatoire à l'encontre des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (la communauté LGBT) avant les  JO d'hiver de Sotchi.

Human Rights Watch a qualifié cette nouvelle réforme d’avancée importante, en soulignant toutefois l’importance cruciale de sa mise en œuvre, compte tenu notamment du fait que deux pays à gouvernement répressif, la Chine et le Kazakhstan, sont les finalistes en lice pour accueillir les JO d'hiver de 2022. Rendre les contrats des villes hôtes publics et transparents constitue aussi une mesure importante que Human Rights Watch préconise depuis longtemps.

Avant et pendant les JO d’été de Pékin (2008) et les JO d’hiver de Sotchi (2014), Human Rights Watch a documenté de graves violations des droits humains qui ont entaché ces Jeux. Parmi ces violations figurent des abus commis à l'encontre des travailleurs migrants ayant participé à la construction des sites olympiques, les atteintes portées à la liberté de la presse, la restriction des activités d’organisations indépendantes, et l'emprisonnement de militants. Human Rights Watch a également documenté la discrimination dont l'Arabie saoudite continue de faire preuve à l'encontre des femmes et des filles qui souhaitent pratiquer des sports, ce qui contrevient à la Charte olympique.

Les modifications des contrats des villes hôtes seront incluses dans une section intitulée « Développement humain et environnemental durable ». Le nouveau texte exigera que la ville hôte, le Comité national olympique (CNO) et le Comité pour l'organisation des Jeux olympiques (COJO) prennent « toutes les mesures nécessaires » pour s'assurer que les projets de développement indispensables pour l'organisation des JO soient conformes aux législations locale, régionale et nationale, ainsi qu'aux accords et protocoles internationaux applicables dans le pays hôte en ce qui concerne la préparation, la construction et la protection de l'environnement, de la santé, de la sécurité et des codes du travail .

Ces nouvelles dispositions signifient que les futurs pays et villes hôtes des Jeux olympiques seront tenus contractuellement, par exemple, de respecter le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en même temps que les normes internationales en matière de droit du travail concernant les libertés fondamentales.

Les organisateurs d'autres événements sportifs de grande envergure comme les Jeux asiatiques, les Jeux européens qui se tiendront pour la première fois à Bakou en 2015, et la Coupe du monde, gérée par la Fédération internationale de football Association (FIFA), devraient prendre immédiatement des mesures pour inclure une clause de protection des droits humains dans leurs propres contrats signés par les villes hôtes, a ajouté Human Rights Watch.

Human Rights Watch continuera de fournir régulièrement au CIO et au public des comptes-rendus sur les conditions prévalant en matière de droits humains dans les pays candidats à l'accueil des Jeux olympiques.

« La décision du Comité international olympique d'inclure la protection des droits humains dans les futurs contrats des villes hôtes place les autres fédérations sportives devant leurs responsabilités », a conclu Minky Worden. « C'est un signe que les temps changent dans le sport international. La FIFA et les autres fédérations sportives internationales devraient immédiatement emboîter le pas du CIO. »

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