(Bagdad, le 12 juin 2014) - Le groupe armé État islamique d'Irak et du Levant (EIIL, ou ISIS en anglais) s’est emparé de Mossoul ainsi que d’autres villes dans la province de Salah al-Din, en Irak.
Human Rights Watch a précédemment documenté de nombreux crimes commis par l’EIIL en Irak ainsi qu’en Syrie, notamment des attentats à la voiture piégée et des attentats-suicides dans des zones civiles, des exécutions sommaires, des actes de torture à l’encontre de détenus, la destruction de biens religieux, et diverses formes de discrimination à l’égard des femmes. Selon Human Rights Watch, il pourrait s’agir dans certains cas de crimes contre l'humanité.
« La perspective de nouvelles atrocités commises par l’EIIL, suite à celles déjà perpétrées ailleurs en Irak, et de l’imposition d’un pouvoir arbitraire et abusif comme dans certaines régions de la Syrie, est très préoccupante », a déclaré Nadim Houry, directeur adjoint de la division Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Néanmoins, le gouvernement irakien doit veiller à ne pas riposter en recourant au genre de tactiques brutales pour lesquelles les civils ont déjà payé un lourd tribut dans le passé. »
Human Rights Watch n'a pas été en mesure d'enquêter sur les actions de l’EIIL dans les zones dont ce groupe armé s’est emparé depuis le 10 juin, mais les médias ont rapporté que l’EIIL a enlevé le consul turc et 24 membres du personnel consulaire à Mossoul, ainsi que le gouverneur de Salah al-Din, et tué 15 soldats à Kirkouk.
Par ailleurs, Human Rights Watch a documenté dans le passé de nombreuses exactions commises par les forces gouvernementales dans leur lutte contre l’EIIL et d'autres groupes armés dans la province d'Anbar et dans d'autres régions du pays. Les forces de sécurité gouvernementales et les milices pro-gouvernementales ont notamment attaqué un hôpital à Falloujah, largué des barils d’explosifs sur des zones résidentielles, et illégalement détenu, torturé et exécuté de manière extrajudiciaire de nombreuses personnes depuis le mois de janvier.
Les autorités irakiennes doivent protéger les civils contre les attaques aveugles et le risque de détention arbitraire ou d’exécutions sommaires, a souligné Human Rights Watch.
Toutes les parties au conflit - qu’il s’agisse de l’EIIL, des autorités gouvernementales ou des forces de sécurité dans le centre de l'Irak et dans la région du Kurdistan - doivent permettre l’acheminement rapide et sans entrave d’aide humanitaire aux civils qui en auraient besoin. Les diverses parties doivent également prendre toutes les mesures possibles pour permettre l’évacuation en toute sécurité de civils se trouvant à proximité de cibles militaires.
La Mission d'assistance des Nations Unies en Irak (MANUI) devrait publier dès que possible ses constats sur les exactions commises lors de la récente offensive, afin de tenir les auteurs d’abus responsables de leurs actes.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait appeler toutes les parties au conflit à respecter le droit international et avertir les responsables de violations des droits humains - quel que soit leur camp - qu’ils risquent de devoir répondre de leurs actes devant la justice.
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