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Que ce soit en Libye, en Côte d’Ivoire, au Mali ou en Centrafrique, la France s’est positionnée ces dernières années sur la ligne de front des conflits en Afrique. Souvent, la France y a contribué à protéger les civils. Mais alors que le président français François Hollande accueille un sommet cette semaine sur "la paix et la sécurité" en Afrique, il fait face à un défi encore plus difficile : comment faire en sorte que justice soit rendue, de manière impartiale et uniforme pour les crimes commis lors de ces conflits et d'autres.

En Côte d’Ivoire, les soldats français sont venus en appui à une mission de l'ONU qui a contribué à protéger les civils pris dans le feu croisé entre deux factions belligérantes. En Libye, la France a pris part à des opérations de l'OTAN visant à protéger les civils contre les forces de Kadhafi, même si les opérations militaires ont finalement outrepassé le mandat donné par le Conseil de sécurité de l’ONU. Au Mali, l'intervention précipitée de la France, alors qu’une opération des Nations Unies était en préparation, a probablement empêché des groupes rebelles islamistes d'imposer leur version abusive de la loi islamique au-delà des régions du Nord déjà sous leur contrôle. Et aujourd’hui, en République centrafricaine, la France est au cœur de l'élan international pour essayer de mettre fin aux violences contre les civils en soutenant les forces de maintien de la paix africains présents sur place.

Ces impacts à court terme mis à part, le plus grand défi est de savoir comment éviter que ces conflits ne se reproduisent. À cette fin, la France devrait insister sur la primauté de l’état de droit et assurer que les responsables de violations des droits humains soient tenus de rendre compte de leurs actes. Ce ne sera pas facile, mais c’est un moyen de dissuasion crucial contre de futures violations.

Au Mali, des éléments de l'armée ainsi que les séparatistes Touaregs ont également commis des crimes. Il est important qu'ils soient eux-aussi tenus de rendre compteaux côtés de rebelles islamistes. En Libye, la France reste silencieuse face au refus de Tripoli de remettre Saïf Al-Islam Kadhafi à la Cour pénale internationale (CPI) alors que celle-ci exige son transfèrement. Quant à la Côte d'Ivoire, le président Hollande n'a jamais parlé publiquement du fait que, depuis que Alassane Ouattara a été élu président, seuls des partisans de l'ancien président Laurent Gbagbo ont été arrêtés et inculpés pour des crimes commis pendant la crise post-électorale, alors même que plusieurs de ses propres chefs militaires ont aussi été impliqués dans des atrocités.

François Hollande et les chefs d'Etat africains devraient saluer la détermination du Sénégal à juger l'ancien dictateur tchadien Hissène Habré devant une cour africaine. Et à l’heure où, sous la pression du Kenya, du Rwanda et de l'Ouganda, l'Union africaine appelle la CPI à suspendre ses poursuites contre le président et le vice-président du Kenya, il est essentiel que la France réaffirme son soutien aux poursuites nationales et internationales impartiales à l’encontre de ceux qui sont accusés des violations les plus graves Une chose est certaine : tout discours prononcé lors de ce sommet en faveur de la justice sera bien accueilli par les victimes africaines et par les citoyens de ce continent.

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N.B. Ce "Point de vue" est la version abrégée d'une tribune parue sur Slate.fr le 5 décembre 2013.

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