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Jeux olympiques : Le prochain président du CIO devra garantir des réformes en matière de droits

Les candidats à la présidence doivent prendre position contre les abus

(New York, le 23 août 2013) – Le prochain président du Comité international olympique (CIO) devra s’assurer que les futurs pays hôtes respectent les droits humains conformément à la Charte olympique, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Le 2 août 2013, Human Rights Watch et le CPJ ont envoyé une lettre aux six candidats à la présidence du CIO pour leur demander leurs points de vue sur diverses questions de droits liées au Mouvement olympique, en particulier aux Jeux olympiques d’hiver 2014 devant se tenir à Sotchi en Russie.

La lettre a été envoyée avant l’élection du successeur de l’actuel président du CIO, Jacques Rogge, prévue lors de la 125e session du CIO à Buenos Aires en Argentine, le 10 septembre. Le 23 août, M. Rogge s’adressera aux Nations Unies à New-York lors de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix.

« À moins de six mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de Sotchi, le Mouvement olympique fait face à une crise suite à l’incapacité de la Russie à respecter la Charte olympique à Sotchi », a déclaré Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales à Human Rights Watch. « Au moment où le CIO évalue les patinoires et les tremplins de ski, le nouveau président du CIO doit pousser la Russie à abroger une loi discriminatoire et à remédier aux violations des droits humains avant les Jeux de Sotchi. »

Les six candidats à la présidence du CIO sont Thomas Bach (Allemagne), Sergey Bubka (Ukraine), Richard Carrión (Porto Rico), Ser Miang Ng (Singapour), Denis Oswald (Suisse) et Ching-Kuo Wu (Taiwan).

Dans leur lettre conjointe du 2 août, Human Rights Watch et le CPJ ont demandé aux candidats de partager leurs positions sur les affaires de droits humains, y compris sur les questions urgentes liées aux Jeux de Sotchi. La lettre invite les candidats à commenter les mesures spécifiques qu’ils prendraient au sujet de :

 

  • La récente loi russe édictée contre l’égalité des lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transsexuels (LGBT) qui viole les sections de la Charte olympique exigeant de « préserver la dignité humaine » et interdisant aux membres du Mouvement olympique, y compris aux pays hôtes comme la Russie, de pratiquer la moindre forme de discrimination ;
  • La protection de la liberté des médias, conformément à la Règle 48 de la Charte olympique ;
  • La cessation des abus des droits liés aux préparations russes aux Jeux olympiques de Sotchi 2014, y compris les expulsions sans juste indemnité, les abus contre les travailleurs immigrés et le harcèlement des activistes et des médias critiquant les préparatifs des Jeux olympiques ou d’autres problèmes à Sotchi ; et
  • La nécessité d’une réforme générale au sein du CIO, telle que la proposition de Human Rights Watch de créer un comité permanent des droits humains chargé de s’assurer du respect des droits humains dans les pays hôtes.

 

« Au moment même où la Russie doit accueillir les invités internationaux des Jeux, le Kremlin légifère l’hostilité contre les étrangers et réprime les voix indépendantes par de nouvelles lois restrictives et un discours discriminatoire », a déclaré Nina Ognianova, coordinatrice du programme Europe et Asie centrale du CPJ. « Nous appelons le CIO à entamer le dialogue avec les autorités russes au sujet de ces problèmes urgents et à les inciter à dépénaliser la diffamation, à cesser la censure d’Internet, à abandonner leur politique de harcèlement des journalistes indépendants et des défenseurs des droits humains et à traiter les impunités qui persistent en matière de violence contre la presse. »

Avant, pendant et après les Jeux olympiques d’été de Pékin 2008, Human Rights Watch, le CPJ et d’autres organisations pour les droits ont rencontré le CIO pour signaler les violations des droits commises en Chine, notamment des abus contre les travailleurs immigrés venus construire les lieux d’accueil et les infrastructures olympiques et l’utilisation des Jeux comme excuse pour accroître radicalement le pouvoir de l’appareil sécuritaire du pays. Les mesures de répression sévères contre la société civile, les médias et la censure d’Internet à l’approche et au cours des Jeux de Pékin ont empêché de signaler ces abus car toute personne essayant de protester était punie.

Depuis 2008, Human Rights Watch a fourni au CIO des informations détaillées sur les abus des droits humains en prévention des Jeux de Sotchi, par le biais de lettres et de rencontres. Ces rapports portaient entre autres sur le harcèlement et l’intimidation des activistes et des journalistes, les abus des travailleurs immigrés chargés de la construction des principaux locaux des Jeux olympiques (notamment le centre des médias) et les expulsions forcées de certaines familles sans aucune indemnité. Les travailleurs immigrés qui ont essayé de porter plainte ont été emprisonnés.

« Le CIO n’est pas parvenu à ce que la Chine se tienne à ses engagements vis-à-vis de la liberté de la presse pendant les Jeux de Pékin et il se retrouve aujourd’hui face à la même situation en Russie, pays qui méprise couramment ses obligations vis-à-vis des droits humains », a expliqué Joel Simon, directeur exécutif du CPJ. « Le prochain président du CIO devra faire preuve d’autorité et de respect des principes olympiques en s’assurant que la Russie abroge ses lois répressives et se tienne à ses obligations en matière de droits humains, y compris de liberté de la presse et de liberté d’expression. »

Le 15 août, le CIO a répondu à Human Rights Watch et au Comité pour la protection des journalistes au nom des six candidats. Au sujet de la loi anti-LGBT en vigueur en Russie, le CIO a déclaré : « Bien que nous attendions clairement que tous les Jeux olympiques, peu importe leur emplacement, y compris la prochaine édition à Sotchi, aient lieu sans aucune forme de discrimination, il est important de souligner que le champ d’action du CIO se limite aux Jeux. Par exemple, le CIO ne peut pas exercer d’influence sur la législation nationale et doit respecter les lois de chaque pays hôte. » La lettreindiquait également l’accord général du CIO sur le fait que « la garantie des droits humains et de la liberté de la presse dans le cadre de l’organisation et de la mise en place des Jeux olympiques est cruciale. »

La lettre ne comportait aucune réponse spécifique de chaque candidat. Certains d’entre eux ont exprimé leurs opinions sur la loi anti-LGBT en Russie lorsque les médias leur ont demandé leur avis.

« En tant que gardien de la flamme olympique, le CIO a pour rôle de prendre des mesures dès que le Mouvement olympique est menacé », a annoncé Minky Worden. « Aujourd’hui, il est temps d’agir. »

 

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