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(New York, le 13 mai 2012) - Le coming out de Barack Obama en faveur du mariage gay est une prise de position importante et courageuse. Nous ne pouvons que la saluer. Ce n’était un secret pour personne que le président américain soutenait en privé et à titre personnel l’union entre deux personnes de même sexe. La seule surprise vient du moment choisi. Une telle annonce après l’élection présidentielle, en novembre prochain, aurait sans doute été politiquement moins risquée. Les Américains sont très divisés sur cette question, les derniers sondages donnent 50% d’électeurs pour, 48% contre. Cela pourrait coûter des voix au candidat démocrate, notamment du côté de l’électorat noir et de l’électorat latino, traditionnellement conservateurs et religieux.

En prenant ce risque en pleine campagne pour sa réélection, Barack Obama agit en vrai leader. Mais son geste reste malgré tout très symbolique, la reconnaissance du mariage homosexuel aux États-Unis relevant de l’autorité des États. Seuls 6 des 50 États de l’Union ont pour l’instant légalisé ce type d’union. À l’inverse, dans 31 États, des amendements constitutionnels ont été adoptés pour limiter le mariage aux couples hétérosexuels. C’est le cas de la Caroline du Nord, dont le référendum se tenait la veille même des déclarations de Barack Obama. Au vu du contexte politique actuel et de la défiance très prononcée de l’opinion publique à l’encontre de Washington, le seul espoir de changement sur le plan national ne peut venir que d’une cour constitutionnelle, qui invaliderait l’interdiction du mariage gay dans un État donné pour entrave à la Constitution et renverrait le dossier devant la Cour suprême, qui lui donnerait raison. Une perspective peu probable dans l’immédiat quand on connaît la couleur très conservatrice de la plus haute juridiction américaine, dont cinq des neuf juges ont été nommés par un président républicain.

Dans les années 1950 et 1960, les mariages interraciaux étaient interdits dans 18 États de l’Union, jusqu’à ce que la Cour suprême, en 1967, déclare cette prohibition anticonstitutionnelle. Le « oui » du président démocrate au mariage gay devrait avant tout avoir un impact décisif sur la mobilisation de la communauté homosexuelle, qui avait contribué à son élection en 2008 et dont l’enthousiasme était en perte de vitesse ces derniers temps face à la lenteur des réformes. La légalisation de l’union homosexuelle a le vent en poupe, et cette évolution est irréversible. J’étais à l’origine de la proposition de loi votée en 2001 dans mon pays autorisant le mariage gay, pour la première fois dans le monde. Depuis, 9 pays ont suivi l’exemple des Pays-Bas. Le lendemain de l’annonce faite par Barack Obama, le Premier ministre néo-zélandais déclarait qu’il n’était "pas opposé" au mariage homosexuel. Le mouvement est lancé. Nul ne pourra l’arrêter. En France, Human Rights Watch sera très attentive à l’action en la matière de François Hollande, qui s’est engagé à faire adopter la légalisation du mariage gay.

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