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Lettre au président de la République centrafricaine François Bozizé de la part des représentants de la société civile des zones affectées par la LRA en République démocratique du Congo, en République centrafricaine et au Sud-Soudan

 

20 groupes de la société civile au nord du Congo, en République centrafricaine, et au Sud-Soudan, écrit au président de la République centrafricaine François Bozizé pour attirer son attention sur les atrocités permanentes perpétrées par l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA) dans l’est de la République centrafricaine et dans les régions voisines du Congo et du Sud-Soudan.

 
Ce n'est pas une lettre signée par Human Rights Watch, mais nous l'estimons une lettre très touchante.

 

Monsieur le Président,

 

Nous, représentants de la société civile des districts de Haut Uélé et de Bas Uélé dans le nord de la République démocratique du Congo, de l'État de l’Équatoria-Occidental au Sud-Soudan, et des préfectures de Mbomou et Haut Mbomou en République centrafricaine, vous écrivons pour attirer votre attention sur les atrocités permanentes perpétrées par l’Armée de résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA) dans l’est de la République centrafricaine et dans les régions voisines du Congo et du Sud-Soudan.

 

Depuis 2008, nous traversons une période extrêmement difficile dans la région, subissant la perte de nombreuses vies innocentes et étant forcés à fuir de nos maisons à maintes reprises. Aujourd’hui, le dirigeant de la LRA Joseph Kony se cacherait dans les forêts de l’est de la République centrafricaine près de la rivière Vovodo, selon des rapports militaires et les comptes rendus de ceux qui se sont échappés belle du groupe armé. Il semblerait que les autres hauts dirigeants de la LRA aient rencontré récemment Joseph Kony sur le territoire de l’Afrique centrale.

 

Au total, la LRA a tué plus de 2400 civils et enlevé au moins 3400 personnes depuis le mois de septembre 2008. Un bon nombre des victimes étaient des Centrafricains et les attaques se poursuivent. Le 29 septembre, par exemple, environ 15 combattants de la LRA soupçonnés d’appartenir au même groupe que celui de Joseph Kony ont attaqué le village de Lingou, près de Derbissaka, en République centrafricaine, tuant le chef du village et enlevant trois hommes. Quatre villages voisins ont été abandonnés après l’attaque car, ayant peur, les habitants se sont enfuis. Les civils dans cette région éloignée ne disposent d'aucune protection contre les attaques de la LRA et souvent d’aucun moyen de communication pour appeler à l'aide.

 

Malgré les nombreux autres défis auxquels nous faisons face dans le nord et l’ouest du pays, nous vous demandons de faire de la région affectée par la LRA une de vos priorités absolues sans délai.

 

La grande majorité des combattants de la LRA sont des personnes enlevées de force qui vivent dans la brousse contre leur volonté. Des efforts plus importants doivent être réalisés pour encourager les combattants de la LRA et ceux retenus en otage à s’échapper. D’autre part, les communautés doivent être sensibilisées à l’accueil de ces individus qui parviennent à quitter la forêt. Bien d’autres actions doivent être entreprises pour aider les personnes enlevées à se remettre du traumatisme subi et à reprendre des vies normales.

 

Nous vous exhortons en outre à reconnaître publiquement la menace posée par la LRA et à coopérer de manière constructive avec les partenaires régionaux et internationaux pour résoudre le problème de la LRA et protéger les civils dans notre région.

 

Nous avons le sentiment que nos propres gouvernements nous ont abandonnés et oubliés. Nous sommes encore plus découragés lorsque nous entendons les déclarations de nos dirigeants élus affirmant que la LRA ne représente plus une menace. Aujourd’hui, la LRA constitue un problème régional auquel nous devons trouver une solution régionale. Dans cette région lointaine où les frontières des trois pays se réunissent, la protection des populations est possible uniquement si les trois gouvernements reconnaissent la menace incarnée par la LRA, s’engagent pleinement et coopèrent les uns avec les autres et avec les autres partenaires.

 

Nous avons accueilli avec satisfaction l’annonce du gouvernement américain que 100 conseillers militaires bien équipés seront envoyés pour contrer la menace représentée par l’Armée de résistance du Seigneur et pour aider à protéger les civils. Nous espérons que vous travaillerez avec eux pour garantir une réponse plus efficace au problème posé par la LRA.

 

Nous ne pourrons nous réjouir véritablement que lorsque la menace de la LRA sera définitivement écartée et que nous apprendrons que Joseph Kony ne terrorise plus notre région. Nous avons trop souffert et nous sommes fatigués de vivre dans l’insécurité la plus totale, craignant de nous rendre dans nos champs pour les cultiver et incertains du moment et du lieu où les rebelles pourraient refaire surface. Nous ne savons pas si nos enfants enlevés par la LRA reviendront un jour à la maison.

 

Monsieur le Président, nous vous enjoignons de faire tout ce qui est possible pour mettre un terme aux atrocités perpétrées par la LRA et pour protéger les hommes, les femmes et les enfants habitant  l’est de la République centrafricaine. Nos communautés sont traumatisées et, jamais auparavant, nous n’avons connu dans notre région de tels niveaux de peur, de perte et de souffrance. Nous voulons résoudre le problème de la LRA afin de pouvoir enfin reprendre des vies normales.

 

 

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de notre haute considération.

 

Signataires  :

 

1.         Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), Kinshasa, RDC

2.         Association des victimes de la LRA, Obo, RCA

3.         Association Zereda, Obo, RCA

4.         Commission Diocésaine pour la Justice et la Paix (CDJP), Dungu, Haut Uélé, RDC

5.         Commission Diocésaine pour la Justice et la Paix (CDJP), Duru, Haut Uélé, RDC

6.         Commission Diocésaine pour la Justice et la Paix (CDJP), Ngilima, Haut Uélé, RDC

7.         Commission Paroissiale pour la Justice et la Paix (CPJP), Bangadi, RDC

8.         Communauté des Églises Évangéliques en Centrafrique (CEEC), Zemio, RCA

9.         ECS Nzara Diocese, Yambio, South Sudan

10.       Justice and Peace Commission, Catholic Diocese of Tombura-Yambio, South Sudan

11.       Société civile d’Ango (SOCIDA), Bas Uélé, RDC

12.       Société civile de Doruma, Haut Uélé, RDC

13.       Société civile de Faradje, Haut Uélé, RDC

14.       Société civile de la Chefferie Mopoy (SOCICOMO), Banda, Bas Uélé, RDC

15.       Société civile de Poko (SOCIPO), Bas Uélé, RDC

16.       Solidarité et Assistance Intégrale aux Personnes Démunies (SAIPED), Dungu, RDC

17.       Traumatisme blessure du Cœur, Zemio, RCA

18.       Union des Jeunes de Doruma pour le Loisirs (UJDL), Doruma, Haut Uélé, RDC

19.       Union of Journalists of South Sudan, Yambio, South Sudan

20.       Unity Is Strength, Yambio, South Sudan

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