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Yémen : Le gouvernement doit révéler le sort de plusieurs opposants « disparus »

Au moins huit activistes du Mouvement sudiste ont « disparu » depuis leur arrestation en février

(Sanaa, le 1er mars 2011) - Au moins huit opposants yéménites dont un dirigeant du Mouvement sudiste ont « disparu » après avoir été arrêtés par les forces de sécurité à Aden durant le mois de février, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Les forces de sécurité ont arrêté cinq membres éminents du Mouvement sudiste dans la soirée du 26 février, six jours après avoir arrêté l'un des dirigeants de ce mouvement, Hassan Baoum, ainsi que son fils Fawaz, alors que Hassan Baoum se trouvait dans un lit l'hôpital. Hassan Baoum préside le Conseil suprême du Mouvement sudiste, qui depuis 2007 a joué un rôle important dans l'organisation de manifestations à Aden, ville portuaire dans le sud du pays, en faveur de l'indépendance ou d'une plus grande autonomie pour cette région ; l'actuelle République du Yémen est née de l'union en 1990 du Yémen du Sud et du Yémen du Nord. Les forces de sécurité ont également arrêté un militant du Mouvement sudiste lors d'une manifestation le 11 février. Les membres des familles des détenus ont indiqué à Human Rights Watch qu'ils n'ont pu obtenir aucune information sur le sort des huit hommes.

« Le gouvernement du Yémen prétend protéger les droits des citoyens, mais ceci est démenti par l'arrestation et le maintien au secret d'opposants politiques », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Lorsque les forces de sécurité font disparaître des opposants au gouvernement, ce n'est plus la loi qu'ils appliquent, mais la volonté politique du chef de l'État. »

Des forces des Services centraux de sécurité, une unité commandée par Yahya Saleh, un neveu du président Ali Abdallah Saleh, ont fait irruption dans l'appartement d'Ali bin Ali Shukri vers 17h30 le 26 février. Ingénieur de formation et membre du Mouvement sudiste, Ali bin Ali Shukri se trouvait avec quatre autres membres de ce mouvement : les médecins Abd al-Khaliq Salah Abd al-Qawi et Yahya al-Shayif Sunaibi, le professeur d'université Aidarus Muhsin al-Yahari, ainsi que Qasim 'Askar Jubran, un ancien ambassadeur du Yémen du Sud en Mauritanie.

Des membres de la famille d'Ali bin Ali Shukri ont indiqué à Human Rights Watch qu'ils avaient aperçu des fonctionnaires du Département d'investigation criminelle (Criminal Investigation Department, CID) devant leur immeuble vers 16h20 le 26 février. Le fils d'Ali bin Ali Shukri, Amr, a expliqué que quelques minutes après l'arrivée des invités, cinq véhicules 4x4 transportant une quarantaine d'individus portant l'uniforme des Services centraux de sécurité ont encerclé l'immeuble. Environ cinq d'entre eux ont fait irruption dans l'appartement. Sans s'identifier formellement et sans fournir d'explication, ils ont procédé à l'arrestation des cinq hommes et les emmenés dans leurs voitures.

Amr Shukri a ajouté il n'a pas été en mesure d'obtenir des informations sur le lieu où son père est détenu, malgré des démarches auprès du poste de police de al-Qahira. De même, les familles d'Abd al-Qawi, d'al-Sunaibi, et d'al-Yahari ont déclaré à Human Rights Watch qu'elles n'avaient pu obtenir aucune information sur le sort de leurs proches.

Cet épisode est survenu six jours après l'arrestation le 20 février de Hassan Baoum et de son fils Fawaz par la police à l'hôpital al-Naqib à Aden, où Hassan Baoum, âgé de 75 ans, avait été admis la veille en raison de problèmes cardiaques et diabétiques. Hassan Baoum avait précédemment fait l'objet de trois arrestations depuis 2007, la dernière ayant mené à son incarcération de novembre 2010 à janvier 2011.

Le nombre réel d'arrestations liées aux manifestations à Aden risque d'être beaucoup plus élevé que ce qui a été confirmé à ce jour. Selon des représentants du Conseil national de solidarité, 35 manifestants seraient détenus par le CID à Aden et une vingtaine d'autres manifestants seraient détenus dans diverses prisons. Human Rights Watch n'a pas été en mesure de confirmer indépendamment ces informations.

Selon le droit international, le refus par un gouvernement de reconnaître la mise en détention d'un individu, ou le lieu où une personne est détenue après avoir été arrêtée par des forces de l'État, constitue une disparition forcée. Le Yémen n'a pas encore ratifié la Convention Internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, adoptée par l'ONU en 2006.

Pour lire l'intégralité de ce communiqué en anglais, veuillez cliquer ici.

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