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États-Unis : Maintien du statu quo lors du premier examen de la situation des droits humains par les Nations Unies

Les autres pays pointent du doigt la peine de mort et les politiques migratoires parmi les sources d’inquiétudes

(New York, le 5 novembre 2010) - Les États-Unis devraient prendre des mesures concrètes pour remédier aux graves manquements qui marquent leur bilan des droits humains, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. La plupart de ces problèmes ont été soulevés par les pays membres des Nations Unies le 5 novembre 2010, au cours du premier examen de la situation et des politiques des droits humains des États-Unis, devant le Conseil des Droits de l'Homme à Genève.

« Les États-Unis n'étaient pas sur la défensive dans leurs réponses, mais ont quand même refusé de sortir du statu quo », a commenté Antonio Ginatta, directeur du plaidoyer pour les États-Unis chez Human Rights Watch. « Les représentants américains en ont souvent été réduits à réaffirmer des pratiques qui ont cours actuellement et qui violent les droits humains de façon scandaleuse, comme la peine de mort, les mauvaises conditions de vie dans les prisons, et les condamnations de mineurs à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle. »

Au cours de ce qu'on appelle l'Examen Périodique Universel (EPU), une large majorité de pays a exprimé ses préoccupations concernant la peine de mort, et appelé à un moratoire au niveau national. Plusieurs pays ont également pointé du doigt un certain nombre de problèmes, parmi lesquels les mauvais traitements subis par les migrants, et les disparités raciales dans l'éducation, l'accès aux soins de santé, et le système judiciaire. Nombre d'entre eux ont appelé les États-Unis à tenir la promesse de fermer la prison de la Baie de Guantanamo. 

Presque tous les pays participants ont également appelé les États-Unis à ratifier les traités fondamentaux des droits humains, comme la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, et la Convention sur les droits de l'enfant.

Un haut fonctionnaire américain a déclaré au cours des débats que le seul moyen de promouvoir les valeurs américaines était de « vivre selon ces valeurs chez soi » (« live them at home »). Pourtant, cela ne s'applique pas à toutes les personnes vivant aux États-Unis, a affirmé Human Rights Watch. Un homme afro-américain sur dix est incarcéré ; environ 2500 criminels mineurs purgent une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle ; à ce jour 40 personnes ont été exécutées en 2010 ; 400 000 immigrés se trouvent dans des centres de détentions similaires à des prisons ; et 48 personnes restent emprisonnées à Guantanamo, et font l'objet de procès inéquitables devant des commissions militaires.

Le système de l'Examen Périodique Universel a été créé en 2006. L'examen représente l'occasion d'attirer l'attention sur les violations des droits humains commises dans tous les États membres des États-Unis, et de faire des recommandations à leur sujet. Les États soumettent des rapports écrits concernant la situation des droits humains dans leur pays, et répondent aux questions et aux recommandations émises par les autres États membres des Nations Unies. Les 192 pays membres des Nations Unies sont tous soumis à de tels examens tous les quatre ans.

Lors de la session d'aujourd'hui, plus de 55 pays se sont exprimés pendant deux minutes chacun, proposant des recommandations et posant des questions à la délégation. Les États-Unis ont pris une heure pour débattre de leur bilan, et répondre de façon générale à certaines des déclarations. Suite à l'examen, les États-Unis ont tenu une réunion publique pour les organisations de la société civile rassemblées à Genève mais aussi à Washington, avec la possibilité de participer via internet. Il s'agissait d'une opportunité importante pour les groupes de la société civile qui souhaitaient poser des questions et débattre plus avant avec le gouvernement américain sur son bilan des droits humains. Les États-Unis sont le premier pays à mettre en place ce type de réunion.

Le compte-rendu des débats sera rendu public au début de la semaine prochaine, et les États-Unis auront jusqu'en mars 2011 pour fournir leurs réponses définitives aux recommandations.

« Heureusement il semble que les États-Unis se rendent compte que la réunion d'aujourd'hui ne constitue pas le chapitre final du processus de l'EPU, » a déclaré Antonio Ginatta. « Bien que cette réunion laisse peu d'espoir de voir le gouvernement annoncer des réformes dans sa réponse définitive à l'EPU en mars, Human Rights Watch et les autres groupes de la société civiles continueront à presser les États-Unis de remplir ses obligations en matière de droits humains. » 

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