(Moscou, le 15 octobre 2010) - Les dirigeants français et allemand devraient profiter de leur rencontre avec le président russe Dmitri Medvedev, les 18 et 19 octobre, pour soulever la question du bilan de la Russie en matière de droits humains et exhorter le Kremlin à s'assurer que les défenseurs de ces droits puissent travailler en toute sécurité, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Le président Dmitri Medvedev rencontrera le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel à Deauville pour une réunion préparatoire avant le prochain sommet du G-20.
« Au cours des deux dernières années, les propos positifs du Kremlin au sujet des droits humains ont contribué à améliorer l'image internationale de la Russie », a déclaré Anna Sevortian, directrice du bureau de Human Rights Watch en Russie. « Cependant, le climat des droits humains en Russie demeure malheureusement très hostile. »
Parmi les principales sources d'inquiétude dans le domaine des droits humains figurent les actes d'intimidation et les attaques contre les défenseurs de ces droits, la torture et les disparitions forcées dans la campagne anti-insurrectionnelle menée dans le Caucase du Nord, ainsi que les restrictions indues sur la liberté de réunion et la liberté d'association. Ces problèmes sont décrits en détail dans un memorandum préparé par Human Rights Watch en prévision des consultations biannuelles sur les droits humains entre l'Union européenne et la Russie programmées en novembre 2010.
Ce mémorandum souligne que les défenseurs des droits humains travaillant pour mettre fin à l'impunité relative aux exactions commises dans le Caucase du Nord sont particulièrement vulnérables au harcèlement.
« La réunion de Deauville coïncide avec le procès en diffamation intenté à Oleg Orlov, l'un des plus éminents défenseurs des droits humains en Russie », a observé Anna Sevortian. « C'est l'occasion pour Nicolas Sarkozy et Angela Merkel de rappeler à Dmitri Medvedev que de tels procès bâillonnent la liberté d'expression, et de recommander l'abandon des chefs d'accusation portés contre Orlov. »
Oleg Orlov, président du Centre « Memorial » de défense des droits humains, risque une peine de trois ans de prison pour avoir dit que le dirigeant de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, portait la responsabilité politique de l'assassinat de Natalia Estemirova, une chercheuse de Memorial en Tchétchénie, le 15 juillet 2009. Le procès d'Oleg Orlov, qui a tenu ces propos le jour de l'assassinat de Natalia Estemirova, est maintenant dans sa quatrième semaine.
Human Rights Watch a également exhorté Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à faire pression sur Dmitri Medvedev pour veiller à ce que soit menée une enquête transparente et approfondie sur l'assassinat de Natalia Estemirova.
Le mémorandum de Human Rights Watch décrit le harcèlement démocratique et les poursuites pénales sans fondement visant à intimider les organisations non gouvernementales, les journalistes et les militants travaillant sur des questions controversées.
« Il est urgent de rappeler au président Dmitri Medvedev que ce type de harcèlement est totalement incompatible avec son programme de modernisation de la Russie », a conclu Anna Sevortian.