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ONU : Le Conseil de sécurité devrait prolonger le mandat de la MINURCAT au Tchad

Le Conseil devrait insister auprès des autorités tchadiennes sur un renforcement de la sécurité et de l’État de droit

(New York) - Le Conseil de sécurité devrait prolonger le mandat de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) qui se termine en mars 2010, a déclaré Human Rights Watch dans une lettre adressée aujourd'hui aux membres du Conseil de sécurité. Le retrait des Casques bleus exposerait la population civile à un risque aggravé de violence et d'atteintes aux droits humains, a averti Human Rights Watch.

En janvier, le gouvernement tchadien a demandé à la mission de quitter le pays à la fin de son mandat actuel, prévue le 15 mars, en déclarant que ses forces de sécurité pourraient assurer la sécurité des populations déplacées et des réfugiés dans l'est du Tchad. Les forces tchadiennes n'ont pourtant pas réussi à garantir la sécurité dans le passé et la situation reste instable.

« Les forces de maintien de la paix de l'ONU contribuent actuellement à la protection des civils et aux pressions exercées sur le gouvernement tchadien pour sanctionner toute exaction commise par l'une des parties en conflit », a déclaré Georgette Gagnon, directrice de la division Afrique au sein de Human Rights Watch. « Ce travail doit se poursuivre en raison des menaces qui continuent de peser sur la population civile dans l'est du Tchad. »

Les Casques bleus déployés au Tchad et au nord-est de la République centrafricaine depuis la mi-2008 ont pour mandat de protéger les réfugiés et les populations déplacées, de faciliter l'aide humanitaire et de veiller au respect des droits humains. En janvier 2009, le Conseil de sécurité a prolongé leur mandat en remplaçant les forces de l'Union européenne par 5 200 Casques bleus.

Ainsi que l'a documenté Human Rights Watch, les civils dans l'est du Tchad - notamment les réfugiés du Darfour - sont exposés à la violence et à d'autres atteintes aux droits humains perpétrées par des soldats tchadiens, des forces rebelles et des bandes armées criminelles. Cette situation a empêché le retour en grand nombre des populations déplacées. L'instabilité des rapports entre le Tchad et le Soudan dans le passé, la tenue d'élections nationales dans ce pays voisin en avril, ainsi que la tenue d'élections législatives au Tchad en novembre, constituent d'autres facteurs pouvant également déstabiliser la région, a averti Human Rights Watch.

« Le moment est mal choisi pour un départ des Casques bleus », a mis en garde Mme Gagnon. « Un tel départ, durant cette période cruciale marquée par une certaine volatilité, pourrait exposer les civils à davantage de dangers  et de violations de droits humains ».

Le retrait des Casques bleus aurait des effets néfastes sur les organismes humanitaires qui comptent sur ces soldats pour les escorter et assurer leur sécurité, a rappelé Human Rights Watch. Un retrait prématuré pourrait également compromettre le travail des Casques bleus relatif au respect des droits humains et couper court à leur soutien aux efforts en faveur de la justice dans l'est du Tchad, y compris les actions menées par le Détachement intégré de sécurité tchadien qui assure la sécurité dans les zones où ont été établis des camps pour personnes déplacées et réfugiés. Par ailleurs les Casques bleus soutiennent les initiatives entreprises par d'autres institutions judiciaires pour améliorer leur capacité à défendre les droits humains.

« L'ONU appuie des programmes essentiels qui visent à mettre fin à l'impunité et à renforcer les capacités des institutions judiciaires du Tchad », a indiqué Mme Gagnon. «Il faut laisser le temps à ces initiatives de porter leurs fruits, ce qui signifie qu'il faut autoriser le personnel militaire et civil de la mission de paix à rester plus longtemps au Tchad. »

La Résolution 1861 des Nations Unies a intégré plusieurs critères évoqués par le Secrétaire général Ban Ki-moon dans son rapport sur la MINURCAT présenté en décembre 2008. Parmi ces critères figurent la garantie du retour en toute sécurité des populations déplacées, la cessation des violations des droits humains dans les camps de personnes déplacées et de réfugiés, le renforcement des capacités des forces de sécurité tchadiennes, ainsi que l'avancée de l'État de droit au Tchad. Human Rights Watch a demandé à l'ONU et au Tchad de lier le retrait des troupes de la MINURCAT aux progrès réalisés par rapport à ces critères.

« L'ONU doit travailler avec le gouvernement tchadien en vue de respecter ces critères », a souligné Mme Gagnon. « Il y a encore un long chemin à parcourir. »

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