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Russie : L’enquête sur le meurtre de Natalia Estemirova doit examiner l’éventuel rôle des autorités

Aucun officiel tchétchène ne doit participer à l’enquête sur l’assassinat de la militante des droits humains

(New York, le 1er août 2009) - Le président russe Dmitri Medvedev devrait veiller à ce que l'enquête sur le meurtre de la militante des droits humains Natalia Estemirova  examine rigoureusement le rôle éventuel des autorités tchétchènes, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Dans sa lettre en date du 27 juillet 2009, Human Rights Watch a demandé au président Medvedev de s'assurer que toutes les « pistes seront suivies dans le cadre de cette enquête ».

La nomination par le président Medvedev d'un enquêteur fédéral russe de haut rang pour diriger l'enquête est un pas dans la bonne direction, a déclaré Human Rights Watch. Cependant, les déclarations du président Medvedev lors d'une conférence de presse tenue à Munich le 16 juillet dernier suscitent des inquiétudes. En effet, il a affirmé que les allégations selon lesquelles les autorités seraient impliquées dans le meurtre de Natalia Estemirova sont jugées « primitives et inacceptables par le gouvernement ».

« Il y a de sérieux motifs de soupçonner les autorités tchétchènes d'être impliquées dans le meurtre de Natalia Estemirova », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Exclure cette possibilité signifierait imposer des restrictions d'ordre politique sur la portée de l'enquête. »

Natalia Estemirova, qui menait des recherches relatives aux droits humains pour l'organisation non gouvernementale russe Memorial, a été enlevée et assassinée le 15 juillet dernier. Elle travaillait sur des cas de violations des droits humains perpétrées pendant les opérations de contre-insurrection en Tchétchénie. Quelques mois avant son assassinat, elle avait fait état de cas d'enlèvements, de torture, d'exécutions sommaires et de punitions collectives perpétrés par les forces de sécurité tchétchènes.

Une liste détaillée de diverses menaces proférées par les autorités tchétchènes, y compris le président Ramzan Kadyrov, à l'encontre de Natalia Estemirova et de l'organisation Mémorial, a été jointe en annexe à la lettre de Human Rights Watch.

Le président Kadyrov a annoncé à maintes reprises qu'il contrôle lui-même l'enquête sur le meurtre de Natalia Estemirova. Dans sa lettre, Human Rights Watch a demandé au président Medvedev de clarifier ce point et de confirmer que « ce n'est pas le cas et de veiller à ce que M. Kadyrov ou tout subalterne relevant de son autorité soient absolument exclus de l'enquête ».

« Toute participation du président Kadyrov à l'enquête compromettrait de fait son efficacité », a averti M. Roth. « Ce serait une violation par la Russie de ses obligations internationales », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 2 de la Convention européenne sur les droits humains et selon l'interprétation de la Cour européenne des droits de l'homme, lorsque la possibilité de l'implication des autorités dans un cas de meurtre est établie, toutes les enquêtes pour faire la lumière doivent être menées en toute indépendance sans les responsables soupçonnés d'être impliqués dans le meurtre.

M. Roth a ainsi exhorté le président Medvedev de garantir « qu'à aucun moment cette enquête ne sera confiée aux autorités locales tchétchènes ».

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