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Afrique : Les États africains doivent réaffirmer leur soutien à la Cour pénale internationale

La décision de l’UA relative à l’affaire el-Béchir représente un déni de justice pour les victimes d’atrocités

(Pretoria) - Plus de 130 groupes africains de la société civile et de défense des droits humains ont publié aujourd'hui une déclaration commune pour demander aux États africains parties à la Cour pénale internationale (CPI) de réaffirmer leur engagement et leurs obligations de coopérer avec le tribunal.

Cette déclaration fait suite à la décision de l'Union africaine (UA), lors du sommet qui s'est tenu du 1er au 3 juillet 2009, selon laquelle ses États membres « ne coopéreront pas » avec la CPI pour l'arrestation du président soudanais Omar el-Béchir. Le 4 mars dernier, la CPI avait délivré un mandat d'arrêt à l'encontre du chef d'État soudanais, accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre au Darfour.

« La décision prise par l'UA exhortant ses États membres à ne pas coopérer avec la CPI, risque d'entraver la justice en faveur des victimes des pires crimes commis dans le continent africain », a déclaré James Gondi, de Eastern Africa International Criminal Justice Initiative (Initiative de justice pénale internationale en Afrique de l'Est) à Nairobi.

« Nous demandons à nos gouvernements de réaffirmer leur engagement à lutter contre l'impunité en collaborant avec la CPI », a ajouté Oby Nwankwo du Civil Resource Development and Documentation Centre, le centre nigérian de documentation et de développement des ressources civiles.

La décision de l'UA va à l'encontre de l'acte constitutif de l'organisation africaine qui rejette l'impunité, peut-on lire dans la déclaration commune. Elle constitue également une violation des dispositions du statut de la CPI en vertu desquelles les États parties sont tenus de coopérer avec le tribunal notamment pour l'arrestation et l'extradition de personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes.

« La CPI reste une institution judiciaire de dernier recours essentielle pour l'Afrique lorsque les juridictions nationales sont incapables de rendre justice ou non disposées à engager des poursuites pour génocides, crimes de guerre et crimes contre l'humanité », a déclaré Anton du Plessis du Institute for Security Studies, l'institut sud-africain de recherches sur la sécurité.

Les gouvernements africains étaient parmi les premiers États à avoir ratifié le Statut de Rome, l'accord qui a mené à la création de la CPI en 2002. Aujourd'hui, trente pays africains, soit la majeure partie des membres de l'UA, sont des États Parties au Statut de Rome.

« Les pays africains ont joué un rôle fondamental dans l'établissement de la CPI et sont indispensables à la réussite de la Cour », a déclaré Georges Kapiamba de l'Association Africaine de Défense des Droits de l'Homme (ASADHO) de la République démocratique du Congo.

La déclaration qui exhorte les gouvernements à exprimer leur soutien à la CPI et leur engagement à coopérer avec le tribunal, a été approuvée par des organisations de la société civile de 30 pays africains, représentant toutes les sous-régions du continent.

« La société civile africaine est unie dans sa détermination à inciter ses dirigeants à respecter l'engagement du continent à rendre justice aux victimes d'atrocités », a affirmé Comfort Ero du International Center for Transitional Justice, le centre international pour la justice transitionnelle en Afrique du Sud.

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