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Les autorités du Burundi devraient sans délai enquêter sur les attaques à la grenade perpétrées contre quatre personnalités politiques de l’opposition et traduire leurs auteurs en justice, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Les attaques contre les domiciles des responsables politiques se sont produites presque simultanément le 8 mars 2008, ce qui suggère qu’il s’agissait d’une tentative coordonnée pour intimider l’opposition politique au parti actuellement au pouvoir, le Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD). Ces attaques faisaient suite à deux mois de tension croissante entre le CNDD-FDD et les partis politiques de l’opposition.

Les attaques contre les domiciles des responsables politiques se sont produites presque simultanément le 8 mars 2008, ce qui suggère qu’il s’agissait d’une tentative coordonnée pour intimider l’opposition politique au parti actuellement au pouvoir, le Conseil National pour la Défense de la Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie (CNDD-FDD). Ces attaques faisaient suite à deux mois de tension croissante entre le CNDD-FDD et les partis politiques de l’opposition.

« Les Burundais devraient pouvoir s’opposer au parti au pouvoir sans risquer leur vie », a déclaré Alison Des Forges, conseillère principale à la Division Afrique de Human Rights Watch. « Les divergences politiques ne devraient pas se régler à la grenade. »

Les quatre personnalités politiques prises pour cible le 8 mars sont d’anciens membres du CNDD-FDD. Trois d’entre eux, le Pasteur Mpawenayo, Mathias Basabose et Zaituni Radjabu, ont quitté le parti au début de 2007, tandis que la quatrième, Alice Nzomukunda, ancienne deuxième vice-présidente de la république et première vice-présidente de l’Assemblée Nationale, a été exclue du CNDD-FDD en janvier 2008. Zaituni Radjabu est la sœur de Hussein Radjabu, ancien président du CNDD-FDD qui est actuellement emprisonné et mis en jugement sur des allégations de complot contre le gouvernement.

Personne n’a été blessé lors des attaques à la grenade, mais les domiciles des personnalités politiques ont subi des dommages. Plusieurs de ces personnalités se sont cachées, craignant d’autres attaques.

Juste après les attaques, la police burundaise a arrêté un jeune chauffeur de taxi motocyclette sur la route près du domicile de Nzomukunda. D’après la police burundaise, le passager du taxi fuyait les lieux de l’attaque et une grenade non explosée a été trouvée à côté de la motocyclette. Un officier de police a d’abord assuré à un chercheur de Human Rights Watch et aux observateurs des droits humains des Nations Unies qu’ils pourraient interroger le chauffeur de taxi, qui est en garde à vue, mais jusqu’ici la police ne leur a pas encore permis de lui parler. La police a aussi déclaré qu’un deuxième suspect a été arrêté le 11 mars.

Plusieurs personnalités politiques de l’opposition ont été menacées et prises violemment pour cible au cours des 18 derniers mois. Nzomukunda, alors deuxième vice-présidente de la république, a fui le Burundi en septembre 2006 après avoir écrit une lettre critique à l’égard du gouvernement ; elle est revenue en mars 2007. Cinq parlementaires du parti d’opposition Front pour la Démocratie au Burundi (Frodebu) et d’une aile dissidente du CNDD-FDD, dont Mpawenayo, ont été pris pour cible lors d’attaques à la grenade en août 2007, qui ont fait plusieurs blessés parmi les passants. Pancrace Cimpaye, porte-parole du Frodebu, a été arrêté après avoir suggéré que le parti au pouvoir était responsable des attaques du mois d’août ; après avoir été relâché, il a brièvement quitté le pays. En février 2008, un représentant local du Frodebu a été tué, tandis qu’un autre était blessé grièvement dans une attaque à la grenade qui a tué sa femme et son enfant.

Les attaques d’août 2007 et mars 2008 se sont produites à des moments d’impasse politique au parlement. La crise d’août 2007 a découlé des demandes des partis d’opposition d’obtenir le nombre de postes ministériels qui leur étaient accordés par la constitution, et elle a été résolue en novembre 2007 par un remaniement ministériel. Cette dernière crise résulte de l’exclusion de Nzomukunda du CNDD-FDD et du désaccord qui a suivi à propos de la décision du parti de la destituer de son rôle de dirigeante à l’Assemblée Nationale.

Un ancien agent du renseignement connu sous le nom de « Bienvenue » a enregistré des aveux filmés peu avant de fuir le Burundi en décembre 2007, dans lesquels il disait avoir participé à certaines des attaques du mois d’août. Il affirmait que des agents du renseignement cherchaient à intimider des personnalités politiques de l’opposition pour qu’elles mettent fin à leur blocage de l’action parlementaire, qui paralysait alors le gouvernement. Une personne victime des attaques du mois d’août a dit à Human Rights Watch que le récit des attaques fait par Bienvenue semblait crédible, compte tenu de ce dont elle avait été elle-même témoin.

L’insécurité croissante au Burundi a incité 46 parlementaires de l’opposition à écrire au Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, le 22 février, pour demander une protection internationale. Ils ont accusé le parti au pouvoir de « persécutions, arrestations arbitraires, exécutions extrajudiciaires et assassinats » à l’encontre de ses opposants. Les quatre personnalités prises pour cible des attaques du 8 mars avaient toutes signé la lettre. De la même façon, plusieurs des personnes prises pour cible lors des attaques du mois d’août 2007 faisaient partie des 67 membres du parlement signataires d’une lettre au Président burundais Pierre Nkurunziza trois jours auparavant, exprimant leur préoccupation au sujet de l’impasse parlementaire et demandant que le gouvernement entame un véritable dialogue avec l’opposition politique.

A la suite des attaques d’août 2007, le gouvernement a créé une commission pour enquêter sur les incidents, mais il n’a jamais publié aucun rapport. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans ce cadre, mais elles ont été relâchées ensuite sans qu’il y ait eu de procès.

Le gouvernement a mis en place une nouvelle commission, dirigée par le chef régional de la police judiciaire, Gaston Uwimana, pour enquêter sur les attaques du 8 mars. Lorsque Human Rights Watch a contacté Uwimana le 11 mars, il a déclaré qu’il ne pouvait pour le moment donner aucune information sur le mandat ou la composition de la nouvelle commission.

« Le gouvernement devrait agir pour mettre fin à ces attaques politiques avant que quelqu’un d’autre soit blessé ou tué », a insisté Des Forges. « Le gouvernement devrait enquêter sur ces crimes déplorables et traduire leurs auteurs en justice. »

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