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Burundi: Les enfants emprisonnés sont victimes d’exactions

Les bailleurs de fonds devraient contribuer à la mise en œuvre de réformes visant à protéger les enfants

Au Burundi, les enfants en conflit avec la loi sont exposés à de graves exactions dans un système de justice pénale qui les traite comme des adultes, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.

« Les enfants sont parfois torturés pour leur arracher des aveux et la plupart n'ont pas accès à une assistance ou à une représentation juridique », a dénoncé Alison Des Forges, conseillère principale à la division Afrique de Human Rights Watch. « Pendant des mois, voire des années, les enfants sont incarcérés avec des adultes dans des cachots surpeuplés et des conditions déplorables, en attente de leur procès ».

Le rapport de 65 pages, intitulé « Un lourd fardeau à porter : Les violations des droits des enfants en détention au Burundi », expose les nombreux types de violations des droits humains dont sont victimes les enfants en détention préventive, pendant l'instruction de leur dossier et lors des poursuites menées à leur encontre, ainsi qu'en prison.

Sur la base d'entretiens avec plus de 100 enfants ainsi qu'avec des procureurs et du personnel pénitentiaire, le rapport de Human Rights Watch décrit en détail des cas de violences physiques et sexuelles commises sur des enfants par d'autres détenus ; il parle de la pénurie de nourriture, des mauvaises conditions sanitaires et de l'absence totale de programmes d'éducation organisés dans les prisons. Les chercheurs ont réalisé des visites sur place, dans 10 des 11 prisons du Burundi.

Fin 2006, plus de 400 enfants âgés de 13 à 18 ans se trouvaient en prison au Burundi et beaucoup d'autres étaient détenus dans des cachots communaux ou des bureaux de police.

Le Burundi ne dispose pas d'un système judiciaire pour mineurs. En vertu de la législation actuelle, l'âge de la responsabilité pénale est fixé à 13 ans. Les mineurs de 13 à 18 ans reconnus coupables d'un délit ne bénéficient que d'une réduction de la peine normalement réservée aux adultes condamnés pour le même délit. Aujourd'hui, il n'existe aucune alternative à l'incarcération des enfants, ni aucun service pour aider les enfants après leur libération.

Le parlement burundais étudie actuellement des projets d'amendements au droit pénal qui, s'ils venaient à être adoptés, financés et pleinement appliqués, amélioreraient le traitement des enfants en conflit avec la loi. Ces amendements feraient passer l'âge de la responsabilité pénale à 15 ans et offriraient des alternatives à l'incarcération.

« Le parlement burundais devrait modifier le droit pénal afin d'améliorer la protection des droits des enfants », a déclaré Des Forges. « Les pays bailleurs de fonds devraient apporter leur concours pour que ces réformes soient mises en œuvre de manière à ce que les enfants ne soient plus traités comme des adultes par les systèmes judiciaire ou carcéral du Burundi ».

Human Rights Watch a appelé le gouvernement burundais et les bailleurs de fonds qui opèrent dans le secteur de la justice, notamment le DFID et la Commission européenne, à appuyer un système de justice pour mineurs basé sur les normes internationales relatives aux droits de l'enfant. Ledit système doit en priorité mettre l'accent sur les alternatives à l'incarcération, sur la réhabilitation et la réinsertion sociale.

Témoignages d'enfants dans les prisons du Burundi

« Certains adultes sont vraiment méchants avec nous ici. Les grands criminels, on doit simplement ne pas s'en approcher, si on peut. Ceux qui sont condamnés à mort, ils nous menacent parfois. Ils ne nous font pas de mal tous les jours mais ils ne peuvent pas s'empêcher de nous frapper ».
– Gaspard N., 15 ans, accusé de vol, prison de Ruyigi, le 25 mai 2006.

« La première fois, j'étais sous la douche, qui était très petite. Un adulte est entré. Il m'a pris de force. Il était beaucoup plus grand que moi. Je ne pouvais donc rien faire et j'avais mal. J'avais trop peur et j'étais trop honteux pour en parler à qui que ce soit, et il a continué à s'en prendre à moi. Je n'en ai jamais parlé à personne au sein de l'administration de la prison. J'ai encore mal aux reins et au ventre. Je vais beaucoup à la diarrhée ».
– Adolphe M., 17 ans, accusé de vol, prison de Gitega, le 23 mai 2006.

« C'est très difficile de dormir car nous sommes environ 27 dans une seule pièce. Certains doivent rester assis toute la nuit. Il n'y a pas de douches ni de toilettes séparées pour nous, les enfants. Ca craint pour les enfants quand les adultes sont aux toilettes. Je vérifie pour voir qui s'y trouve avant d'aller prendre ma douche ».
– Jean-Bosco S., 14 ans, accusé de vol, prison de Ruyigi, le 25 mai 2006.

« Mon problème ici, c'est que je me sens très seul. Je suis seul tout le temps. Je viens de loin ; personne ne me rend visite. Cela fait un an que je n'ai plus vu quelqu'un que je connais ».
– Donatien C., 14 ans, qui purge une peine de 10 ans pour viol, prison de Gitega, le 23 mai 2006.

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