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Vietnam: le sommet de l’APEC devrait mettre en lumière les abus en matière de droits de l’homme

De nouveaux documents révèlent la répression en matière religieuse

Les leaders mondiaux devraient continuer à faire pression sur le Vietnam à propos des droits de l’homme, de la liberté religieuse et des réformes politiques, quand ils se retrouveront à Hanoi, cette semaine, au sommet de l’organisation de Coopération Economique Asie-Pacifique (APEC), a indiqué aujourd’hui Human Rights Watch.

“Le progrès économique du Vietnam a légitimement mérité les éloges des donateurs”, a dit Sophie Richardson, directrice-adjointe de la division Asie de Human Rights Watch. “ Mais les délégués à l’APEC ne devraient pas croire que ces avancées se sont traduites par un plus grand respect des droits de l’homme”.

En dépit de la libération spectaculaire, lundi, d’une américano-vietnamienne arrêtée pour avoir soi-disant comploté en diffusant des émissions de radio anti-gouvernementales, les antécédents du Vietnam en matière de droits de l’homme fondamentaux sont exécrables, a rappelé Human Rights Watch.

Des centaines de prisonniers politiques restent derrière les barreaux dans des conditions très dures. Les dissidents qui se servent d’Internet pour préconiser un plus grand respect des droits de l’homme sont emprisonnés. Nguyen Vu Binh, 38 ans, purge une peine de sept ans, en grande partie en cellule d’isolement, pour espionnage. Et ce, après avoir transmis au Congrès des Etats-Unis en 2002 un témoignage écrit sur les droits de l’homme au Vietnam, et diffusé sur Internet des articles critiquant le gouvernement vietnamien. Truong Quoc Huy, 25 ans, a été détenu en 2005 pendant plus de huit mois après avoir participé à des forums de discussion sur Internet, à propos de la démocratie. Il a été arrêté à nouveau le 18 août 2006 dans un café-Internet. Il aurait exprimé publiquement son soutien au mouvement pour la démocratie.

Les travailleurs vietnamiens ont interdiction de créer des syndicats qui soient indépendants du gouvernement. En 2006, des centaines de milliers de travailleurs ont lancé des grèves sauvages pour demander des syndicats indépendants, le droit à des négociations collectives, des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail.

La loi vietnamienne continue aussi d’exclure les publications qui s’opposent au gouvernement et énumère plus de deux mille activités interdites, dans les domaines de la culture et de l’information, tels que révéler des secrets du Parti ou faire circuler des informations « nocives ». On demande aux propriétaires des cafés-Internet de surveiller l’usage d’Internet fait par leurs clients et de s’assurer qu’ils n’accèdent pas à des sites interdits par le gouvernement. Les manifestations en face des lieux où se tiennent les réunions du gouvernement, du Parti et les conférences internationales sont illégales.

« Le libre-échange dépend du libre accès à l’information », a ajouté Sophie Richardson. « Si l’APEC vise un développement équitable et des normes communes, ses délégués devraient promouvoir le maximum – et non le minimum – de liberté d’information parmi tous ses membres ».

Bien qu’ils subissent les représailles de l’Etat, les activistes poussent le Vietnam aux réformes. Dans les six derniers mois, plus de deux mille personnes de différentes parties du pays ont signé des appels publics sans précédent appelant au respect des droits de l’homme fondamentaux, à un système politique multipartiste, à la liberté religieuse et d’association. Le gouvernement a réagi par le harcèlement : détention, interrogatoires et confiscation des documents et des ordinateurs d’un grand nombre des activistes les plus importants.

Bien que le Vietnam ne soit plus pour les Etats-Unis un « pays problématique » en matière d’abus perpétrés contre le droit à la liberté religieuse, les moines boudhistes de l’Eglise Boudhiste Unifiée du Vietnam, interdite, y compris le Patriarche Suprême, Thich Huyen Quang, et son second, Thich Quang Do, restent assignés à résidence dans leurs monastères. Membres d’une minorité ethnique, les églises chrétiennes des montagnes du nord et du centre, continuent d’être harcelées et pressées d’abjurer leur foi.

Les pétitions recueillant les plaintes des citoyens et un document de travail interne du gouvernement obtenu récemment par Human Rights Watch montrent que le gouvernement vietnamien continue de traiter certaines religions avec une grande suspicion ; comme « des forces hostiles » qui se servent de la religion pour créer des conflits politiques.
Le document gouvernemental appelé « Document de travail : Concernant l’activité de la religion protestante dans la région des montagnes du Nord. » est disponible sur Internet :
https://www.hrw.org/pub/2006/vietnames/Training_Document_Vietnam_CBRA_Vietnam.... en même temps qu’une traduction anglaise non officielle : https://www.hrw.org/pub/2006/vietnames/Training_Document_Vietnam_CBRA_English....

Le document de travail du gouvernement, publié par le Bureau central des Affaires religieuses, charge les cadres locaux de limiter et de contrôler la propagation du christianisme parmi les minorités ethniques du Nord. Ce document les appelle également à contraindre à des abjurations forcées les nouveaux convertis qui pratiquent la religion « de façon irrégulière », et dont la foi n’est pas encore « fermement établie ». Cette politique constitue une violation des conventions internationales sur les droits de l’homme, que le Vietnam a signées, aussi bien que de la législation nationale qu’il a promulguée en 2004 dans le but de répondre aux inquiétudes des Etats-Unis sur la liberté religieuse.

Des pétitions récemment sorties en fraude du Vietnam décrivent les arrestations arbitraires et la persécution constante des minorités ethniques chrétiennes des montagnes centrales, ainsi que les difficultés pour les églises à être reconnues par le gouvernement. La femme d’un pasteur chrétien de la province de Dak Nong a écrit que des interrogatoires et des arrestations sous l’accusation de préparation secrète d’une manifestation, ou encore de soutien à la religion « Dega » non autorisée, pouvaient être conduits sur base de faits anodins : en communiquant sur un portable avec des amis à l’étranger, en recevant de l’argent de la famille d’Outremer, ou en emmenant un parent malade à Ho Chi Minh Ville se faire soigner. La police utilise régulièrement une tactique de pressions psychologiques et de violence physique, écrit-elle dans une plainte aux autorités locales obtenue par Human Rights Watch :

« Systématiquement, la police chargée de l’enquête bat les individus qu’elle arrête et utilise les méthodes de la profession pour boucler le dossier aussitôt que possible ; elle joue sur les craintes de leur famille, sur leur éducation limitée et leur connaissance insuffisante du vietnamien. Les enquêteurs menacent, enjôlent, font des promesses et écrivent même la confession pour que la famille la signe, ou en font le brouillon pour que la personne la copie et qu’ils la forcent alors à signer. C’est arrivé aux femmes (de deux hommes), qui ont été forcées de signer des confessions avant que leurs maris soient relâchés ».

Human Rights Watch invite les délégués à l’APEC à évoquer publiquement ces violations des droits de l’homme avec les officiels vietnamiens, et à faire pression pour des modifications du code du travail et du code pénal. Et ce, afin de renforcer les protections de la liberté d’expression, de réunion et d’association . Human Rights Watch exhorte aussi les membres de l’APEC à réitérer leurs attentes de voir le Vietnam respecter ses engagements, comme il l’a accepté quand il a ratifié la Convention Internationale sur les Droits civils et politiques en 1982.

« Le Vietnam se tient particulièrement bien pendant qu’il est sous le feu des projecteurs internationaux », commente Sophie Richardson. « Mais que se passera-t-il après que les contrats auront été signés et que les délégués à l’APEC rentreront chez eux ? Le monde suivra avec attention si le Vietnam se montre plus tolérant pour la dissidence et la critique, ou s’il retourne à ses affaires comme si de rien n’était ».

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