Un an après les tirs des troupes gouvernementales ouzbèques sur des centaines de manifestants non armés dans la ville d’Andijan, personne n’a encore été tenu pour responsable de ce crime, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. La communauté internationale doit faire plus pour que justice soit rendue aux victimes du massacre qui s’est produit le 13 mai 2005.
« La nécessité d’une réponse internationale coordonnée et ferme au massacre d’Andijan est plus pressante que jamais, » a déclaré Kenneth Roth, Directeur exécutif de Human Rights Watch. « Le gouvernement ouzbek n’a rien fait pour que les auteurs de ces atrocités soient tenus pour responsables de leurs actes et la communauté internationale n’a pas réussi à obliger les autorités ouzbeks à entreprendre une telle démarche. Les victimes méritent vraiment que justice leur soit totalement rendue. »
Dans un document de présentation publié aujourd’hui, Human Rights Watch appelle l’Union Européenne à étendre les sanctions adoptées l’automne dernier contre l’Ouzbékistan afin que celles-ci comportent l’interdiction d’octroyer un visa au président ouzbek, Islam Karimov ainsi qu’à plusieurs autres hauts responsables pour leur responsabilité dans le massacre et leur incapacité à faire en sorte que justice soit rendue pour ce crime. Le gouvernement américain devrait également refuser l’octroi de visas en parallèle aux décisions européennes. De plus, Human Rights Watch a appelé l’Union Européenne et les Etats Unis à geler les avoirs de tous les responsables inscrits sur la liste des personnes interdites de visa.
Depuis le massacre d’Andijan, le gouvernement ouzbek se livre à une répression féroce contre les défenseurs des droits de l’hommme, les journalistes indépendants et les institutions de la société civile. Cette répression a été très largement couverte par Human Rights Watch, Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de l’homme. Parallèlement, les autorités ouzbèques ont agressivement continué à faire revenir en Ouzbékistan les personnes qui l’avaient fui par crainte d’être persécutées.
« Le gouvernement ouzbek a tout mis en œuvre pour réduire au silence toute personne osant dire la vérité sur les événements d’Andijan, » a déclaré Roth. « De nombreux défenseurs des droits de l’homme qui ont subi toutes les formes possibles de répression dans le passé ont soit maintenant dû fuir le pays, soit cesser leur activité. »
Le 13 mai 2005, les forces du gouvernement ouzbek ont tué des centaines de manifestants non armés alors qu’ils quittaient une manifestation à Andijan, dans l’Est de l’Ouzbékistan. A ce jour, le gouvernement ouzbek a rejeté les appels en faveur d’une commission d’enquête internationale indépendante. Il a étouffé la vérité sur le massacre et organisé une série de parodies de procès de centaines de personnes soi-disant impliquées dans le soulèvement et les protestations qui ont suivi. Les autorités ouzbèques n’ont pris aucune mesure pour que les forces gouvernementales dont le comportement brutal à conduit à la mort de centaines de personnes soient tenues pour responsables de leurs actes.
« Les Etats Unis et l’Union Européenne doivent insister pour que le gouvernement ouzbek accepte une commission d’enquête internationale indépendante et mette un terme à la répression, » a déclaré Roth. « Ils doivent augmenter leur pression jusqu’à ce que les autorités ouzbeks se plient à leur demande. »
Human Rights Watch a également appelé la communauté internationale à exhorter les gouvernements de la région, en particulier ceux du Kirghizstan, du Kazakhstan, de l’Ukraine et de la Russie, à ne pas renvoyer de force en Ouzbékistan les personnes qui risqueraient torture et persécution sur place. Les autres gouvernements doivent rapidement reloger les réfugiés ouzbeks vivant dans la région et qui sont exposés au risque d’un retour forcé.