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Nigeria : Arrêter immédiatement Taylor

L’ancien responsable du Liberia doit être localisé et renvoyé pour jugement

(Dakar) – Le Nigeria doit immédiatement solliciter et accepter une aide internationale pour mener à bien l’arrestation de Taylor, l’ancien président du Liberia accusé de crimes de guerre qui semble avoir quitté le Nigeria où il avait trouvé refuge, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Avec une aide internationale, le Nigeria serait plus à même de garantir l’arrestation dans de bonnes conditions de Taylor qui a passé les trois dernières années au Nigeria ainsi que son transfert pour procès auprès du Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Le Président du Nigeria, Olusegun Obasanjo sera à Washington, DC cette semaine et il doit rencontrer le Président Bush aujourd’hui. Human Rights Watch a exhorté les Etats unis, ainsi que les Nations unies, l’Union africaine et la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest, à prendre des mesures concrète pour faciliter la capture rapide et sure de Taylor.

« Taylor, que l’on associe le plus fréquemment en Afrique de l’Ouest à des meurtres et des atrocités, représente une menace sérieuse pour la région, » a déclaré Richard Dicker, directeur du Programme justice internationale à Human Rights Watch. « Le Nigeria doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour localiser et arrêter Taylor. Le pays devrait faire appel à l’aide internationale pour y parvenir. Permettre à Taylor de se soustraire à son procès reviendrait à abdiquer honteusement ses responsabilités envers les peuples d’Afrique de l’Ouest qui ont tant souffert. »

Le Nigeria a annoncé samedi qu’il consentirait au transfert de Taylor vers le Liberia comme l’avait demandé la Présidente libérienne, Ellen Johnson-Sirleaf. Une fois remis au Liberia, le gouvernement de ce pays aurait pu renvoyer Taylor pour qu’il soit jugé par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone où il est accusé de dix-sept chefs d’inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour avoir apporté son soutien aux rebelles de Sierra Leone.

Cependant, lundi, le Nigeria a indiqué qu’il n’avait pas l’intention de transférer physiquement Taylor, ni de le détenir. Le Nigeria a affirmé que « son travail était accompli » en donnant son accord au transfert de Taylor, faisant ainsi porter au Liberia la lourde tâche de l’arrestation et du transfert.

« La disparition de Taylor remet en question l’engagement du Président Obasanjo en faveur de la paix et de la sécurité au Liberia, raisons initialement invoquées pour accorder l’asile à Taylor, » a déclaré Dicker. « Le Président Bush doit clairement affirmer l’importance pour les Etats unis de voir Taylor face à un tribunal. »

Des sources dignes de foi ont affirmé la semaine dernière à Human Rights Watch que les mesures de sécurité sont quasi-inexistantes autour de la résidence de Taylor à Calabar, une ville du bord de mer située à une cinquantaine de kilomètres seulement de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun et à 130 kilomètres environ de la Guinée équatoriale. Mardi, le gouvernement nigérian annonçait la disparition de Taylor.

« Si Taylor ne peut pas être localisé, le Président Obasanjo devra rendre des comptes, » a déclaré Dicker. « En tant que chef d’état africain de premier plan, Obasanjo a la responsabilité de promouvoir la justice et la stabilité en Afrique et non pas de bafouer ces deux principes. »

En 2003, les Nations unies ont interdit à Taylor de voyager, ce qui l’empêche d’entrer ou de se déplacer légalement dans tout autre pays que le Nigeria. « Ceci signifie que tout autre gouvernement est obligé de stopper Taylor à l’entrée sur son territoire ou lors d’un transit à l’intérieur de ses frontières, » a déclaré Dicker.

En 2003, le Nigeria, soutenu par les Etats unis, l’Union africaine et d’autres acteurs internationaux, a offert l’asile à Taylor. Il s’agissait d’une mesure temporaire pour mettre un terme à l’effusion de sang au Liberia et assurer une transition pacifique vers un nouveau gouvernement.

En novembre 2005, la force des Nations unies de maintien de la paix au Liberia a reçu autorité pour arrêter et transférer Taylor au Tribunal spécial pour la Sierra Leone s’il entrait sur le territoire libérien. Le Tribunal spécial a été créé en 2002 pour juger les personnes les plus impliquées dans des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis pendant le conflit armé de Sierra Leone. Sont inclus dans ces crimes les meurtres, les mutilations, les viols et autres formes de violence sexuelle, l’esclavage sexuel, le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, les enlèvements et le recours au travail forcé par les groupes armés.

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