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La Présidente du Liberia exige l’extradition de Taylor

Le Nigeria doit remettre le suspect au tribunal pour crimes de guerre

(New York) — La Présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf a fait un pas historique en faveur de la justice et de la recherche des responsabilités pour les crimes commis en Afrique de l’Ouest lorsqu’elle a officiellement demandé au Nigeria d’extrader l’ancien Président, Charles Taylor pour qu’il soit jugé, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Le Président Olusegun Obasanjo du Nigeria doit maintenant lui répondre en confiant rapidement Taylor au tribunal pour crimes de guerre en Sierra Leone soutenu par les Nations unies.

La Présidente Johnson-Sirleaf est entrée en fonction en janvier 2006 après avoir remporté des élections cruciales dans ce pays d’Afrique de l’Ouest déchiré par la guerre. Taylor, l’ancien Président du Liberia accusé d’avoir fomenté des crimes de guerre en Sierra Leone est parti en exil au Nigeria en août 2003 alors que les rebelles menaçaient de prendre la capitale du Liberia, Monrovia.

« Les habitants de Sierra Leone attendent que justice soit rendue depuis longtemps et aujourd’hui, la Présidente Johnson-Sirleaf a fait un pas courageux pour garantir qu’ils obtiendront cette justice, » a déclaré Richard Dicker, directeur du programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Le Président Obasanjo doit maintenant jouer son rôle et extrader Taylor pour qu’il soit jugé. »

Lorsqu’il était Président du Liberia, Taylor a activement soutenu des groupes armés de l’opposition en Sierra Leone accusés d’avoir commis de nombreux crimes de guerre. Son départ du Liberia en août 2003 s’inscrivait dans un accord arbitré par l’Union africaine, la Communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’autres acteurs clefs de la communauté internationale, dont les Etats unis, dans une tentative pour contenir d’autres effusions de sang au Liberia. Depuis lors, le Président Obasanjo a maintenu qu’il n’extraderait Taylor et ne le remettrait au tribunal spécial pour la Sierra Leone que si une telle demande était formulée par un gouvernement dûment élu au Liberia.

Dans une déclaration publiée aujourd’hui, le Président Obasanjo a affirmé qu’il se plierait à la demande d’extradition après avoir consulté l’Union africaine et la CEDEAO. Lors d’une conférence de presse aux Nations unies aujourd’hui, la Présidente Johnson-Sirleaf a indiqué qu’elle voulait une concertation entre le Président Obasanjo et les responsables régionaux sur la question. Elle a indiqué que cette rencontre devrait inclure les personnes impliquées dans la décision première ayant autorisé Taylor à quitter le pays afin que ces personnes ne soient pas exclues du processus actuel. Cependant, elle a tout aussi clairement affirmé que suite à cette concertation, Taylor devrait être jugé.

« Le Président Obasanjo doit rapidement se plier à cette requête d’extradition concernant Taylor, » a déclaré Dicker. « La concertation avec les autres responsables africains ne doit pas permettre à Taylor de gagner du temps et lui éviter d’être jugé pour les crimes qu’il est suspecté d’avoir commis. »

Lors d’une présentation de la Présidente Johnson-Sirleaf au Conseil de sécurité des Nations unies aujourd’hui, les membres du Conseil ont fermement cautionné la demande d’extradition de Taylor qu’elle a formulée. Huit membres du Conseil de sécurité – la Tanzanie, les Etats Unis, le Royaume Uni, la France, le Danemark, la Grèce, l’Argentine et la Slovaquie – ont tous explicitement exprimé leur soutien à cette mesure. De nombreux membres du Conseil ont également apporté leur appui à la poursuite de la présence des soldats de maintien de la paix des Nations unies au Liberia pour aider à la préservation de la sécurité dans le pays.

« Les membres du Conseil de sécurité ont fortement signalé leur soutien à la demande du Liberia et au procès de Taylor devant le tribunal pour crimes de guerre en Sierra Leone, » a déclaré Dicker. « Le Président Obasanjo devrait prêter attention à ce message. »

Taylor fait l’objet de dix-sept chefs d’inculpation pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité prononcés par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Ces crimes incluent meurtres, mutilations, viols et autres formes de violence sexuelle, esclavage sexuel, recrutement et utilisation d’enfants soldats, enlèvements et recours au travail forcé par des groupes armés appartenant à l’opposition en Sierra Leone, groupes activement soutenus par Taylor.

Le temps est un facteur crucial pour un éventuel procès de Taylor, a déclaré Human Rights Watch. Les opérations du Tribunal spécial pour la Sierra Leone sont déjà bien en cours et la pression internationale se fait de plus en plus forte pour qu’il mette un terme à ses activités.

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