Skip to main content

(New York) - La signature aujourd’hui par le gouvernement soudanais d’un accord de paix pour mettre fin à la guerre civile qui dure depuis 21 ans dans le Sud ne doit pas faire oublier les critiques faites sur l’actuelle campagne de « purification ethnique » qu’il mène dans la région Ouest du Darfour.

Pas plus tard qu’hier, des milices arabes ont attaqué cinq villages à 15 kilomètres au sud de Nyala dans le Darfour, tuant 46 civils et en blessant au moins neuf autres, selon des sources locales. Les milices, connues sous le nom de Janjaweed, étaient accompagnées de soldats du gouvernement conduisant trois Land Cruisers dotées d’une artillerie anti-aérienne.

Human Rights Watch a constitué une documentation étayée sur la manière dont les Janjaweed ont été armés, entraînés et dotés d’uniformes par le gouvernement soudanais.

« Mettre fin à la guerre dans le Sud est une grande avancée, mais, dans la partie Ouest du pays, le gouvernement soudanais fait un terrible retour en arrière », a déclaré Jemera Rone, chercheur spécialisé sur le Soudan à Human Rights Watch. « La campagne gouvernementale de ‘purification ethnique’ dans le Darfour soulève de véritables interrogations sur la réelle volonté de Khartoum de respecter l’accord de paix dans le Sud présenté aujourd’hui ».

L’accord-cadre de paix qui devait être signé aujourd’hui à Naivasha au Kenya, est le fruit de négociations entre le gouvernement soudanais et les rebelles basés au Sud, l’Armée/Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM/A). Grâce à cet accord, les deux parties sont en nettement meilleure position pour mettre fin à la guerre civile opposant le gouvernement de Khartoum aux rebelles basés au Sud qui a coûté depuis 1983 la vie à plus de deux millions de personnes, la plupart d’entre-elles étant des habitants du Sud. Des négociations restent à mener sur des ententes dans le domaine de la sécurité ainsi que sur l’exécution de l’accord.

Les négociations de paix ont duré près de deux ans et étaient placées sous les auspices de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avec la médiation des États-Unis, du Royaume-Uni et de la Norvège. Aucun groupe rebelle, aucun parti politique n’a participé aux négociations bien que l’accord comprenne des dispositions portant sur la structure du gouvernement soudanais et le partage de la rente pétrolière durant une période de transition de six ans et demie.

Human Rights Watch a appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à adopter une résolution exigeant que le gouvernement soudanais dépose les armes, se dissolve, procède au retrait des Janjaweed de la région qu’ils ont occupée et les poursuive en justice pour les violations massives des droits de l’homme commises contre des civils. Le 25 mai, le Conseil de sécurité a fait une déclaration sévère sur le Darfour par la voix de son président qui a affirmé que le Conseil était « profondément préoccupé » par les informations selon lesquelles des attaques aveugles contre des civils, des violences sexuelles, des déplacements forcés et des actes de violence, en particulier « des actes à caractère ethnique » continuent d’être perpétrés. Il a exigé que ceux qui en sont responsables rendent des comptes. Il n’est malheureusement pas allé jusqu’à identifier les responsables des attaques, bien qu’il ait quand même condamné « ces actes, qui compromettent le règlement pacifique de la crise. »

Jusqu’à récemment, l’Union Européenne et les États-Unis ont hésité à exercer une trop grande pression sur le gouvernement soudanais à propos de sa conduite en matière de droits humains au Darfour, malgré les preuves de l’existence de crimes contre l’humanité. Apparemment, ils craignaient que le gouvernement soudanais ne réagisse en se dérobant à l’accord de paix.

« Le Darfour reste une ombre sur le Soudan, » a déclaré M. Rone. « Il serait inopportun pour les E-U de fêter avec de hauts dignitaires de l’État l’accord de paix alors que la purification ethnique continue dans l’Ouest du Soudan. »

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays