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Le gouvernement du Soudan doit restituer son autorisation de paraître au principal journal anglophone du pays et autoriser les autres journaux à paraître librement, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Human Rights Watch demande également au gouvernement d'enquêter sur les accusations portées par le rédacteur en chef du Monitor, Nhial Bol, selon lesquelles le véhicule qui a percuté sa voiture le 13 juillet dans le quartier de Kobar à Khartoum était en réalité une tentative d'assassinat contre lui, orchestrée par le gouvernement.

Le tribunal pénal soudanais chargé des crimes contre l'Etat a révoqué la licence du Khartoum Monitor le 13 juillet de cette année en raison d'une interview publiée en 2001 sur l'esclavage dans le sud du Soudan. Cette décision entraîne la fermeture définitive du journal. Le tribunal a également jugé coupables le rédacteur en chef du Monitor, Nhial Bol et l'auteur de l'article William Ezekiel de crimes contre l'Etat; et a infligé une amende de 400.000 dinars soudanais (1.1554 US dollars) au journal.

" En fermant le Monitor, le gouvernement franchit un pas de plus dans sa campagne contre les médias qui critiquent sa politique ", a souligné Jemera Rone, chercheuse sur le Soudan à Human Rights Watch. " Cette fermeture a un effet réfrigérant sur l'ensemble des activités de presse au Soudan, rappelant aux journalistes et aux patrons de presse qu'ils publient à leur risques et périls. "

Cette fermeture est survenue deux jours après que le Monitor ait repris sa publication suite à deux mois de fermeture. Un tribunal pénal de Khartoum avait ordonné la fermeture du journal pour deux mois parce qu'il n'avait pas payé l'amende qui lui avait été infligée le 9 mai. L'amende visait un article dont la cour a jugé qu'il était "dicté par la haine" parce qu'il aurait cité le Coran en termes erronés.

Le Monitor et ses employés ont été harcelés par les responsables de la sécurité à de nombreuses reprises par le passé. En mars, les forces de sécurité ont confisqué une édition entière du journal pour empêcher la sortie d'un article sur l'Islam que le gouvernement considérait comme offensant. Le gouvernement a également arrêté et détenu, dix jours durant, l'auteur de l'article, Edward Tersu Lado.

Début septembre 2002, la sécurité a aussi confisqué des éditions du Monitor et interrogé ses journalistes à propos d'articles sur le processus de paix de Machakos entre le gouvernement et les rebelles de l'Armée/Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLA/M). En novembre, le Conseil national de la presse, contrôlé par le gouvernement, a suspendu le journal pendant deux jours pour un article consacré au sida auquel il reprochait d'être sexuellement trop connoté.

En 2002, Human Rights Watch a désigné le Monitor comme bénéficiaire du Fonds Hellman-Hammett; cette récompense est attribuée aux journalistes victimes de persécution politique.

Le gouvernement du Soudan n'a cessé de censurer le Monitor depuis son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat islamiste en 1989. Il a souvent confisqué ses éditions, bien au-delà de la fameuse "ligne rouge" tacite en vigueur à Khartoum et pour des reportages sur des sujets "interdits" comme l'esclavage, les négociations de paix, les opposants politiques et la poursuite du conflit armé dans l'ouest du Soudan.

En février 2003, le Conseil national de la presse - pro-gouvernemental - a interdit aux journaux de faire état du processus de Machakos. Ce processus de paix, qui pourrait déboucher sur une nouvelle constitution et mettre un terme à vingt ans de guerre civile qui a fait deux millions de morts, est en cours depuis juin 2002 au Kenya.

Le quotidien de langue arabe, Al Ra'i Al A'am, s'est déclaré en faveur du processus de Machakos dans un éditorial du 3 juillet 2003. Le 4 juillet, les officiers de sécurité ont confisqué 7.000 numéros du journal publiant cet éditorial. Ils ont aussi confisqué des copies d'un autre quotidien en langue arabe, Alalwan, pour avoir publié la Déclaration de Khartoum signée par une centaine d'organisations, partis politiques et individus soutenant Machakos.

Début mai, le gouvernement soudanais a également confisqué la totalité des éditions des journaux en arabe Al Sahafa et Al Shari' Al Syasi, en représailles à des articles publiés par ces journaux sur le conflit du Darfour.

" Le droit du peuple soudanais à être informé de ce qui se passe dans son propre pays sur des sujets aussi importants, qui traitent de vie et de mort, de guerre et de paix, est dénié quand les éditions des journaux sont confisquées, les journalistes harcelés et détenus ", a insisté Rone.

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