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(New York, 25 novembre 2002) - Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait étendre l'embargo sur les armes à destination du Libéria à l'ensemble des groupes rebelles et surveiller de près son respect par le Gouvernement de Guinée, a estimé aujourd'hui Human Rights Watch.

Dans un nouveau rapport intitulé " Les réfugiés libériens en Guinée : refoulement, militarisation des camps et autres problèmes de protection ", Human Rights Watch a souligné que les relations étroites entre le Gouvernement guinéen et les groupes rebelles libériens représentaient une grave menace pour la sécurité de ces réfugiés et leur protection en Guinée. Des centaines de Libériens cherchant refuge en Guinée sont refoulés vers le Libéria et forcés de rejoindre les rangs du groupe rebelle des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (LURD), soit comme combattants soit comme porteurs. Les combattants du LURD en ont également empêché d'autres d'atteindre la frontière.

Le droit international humanitaire interdit le retour forcé, le refoulement, de personnes vers des situations où leur vie ou leur liberté seraient menacées.

" Le Gouvernement guinéen viole manifestement les règles du droit international humanitaire en traitant ainsi ces réfugiés ", a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la division Afrique de Human Rights Watch. "Par dessus tout, les autorités guinéennes encouragent les violations des droits humains par les rebelles libériens. "

De nombreux réfugiés ont raconté à Human Rights Watch comment des membres du LURD opèrent librement et ouvertement en territoire guinéen. Ils ont décrit comment les militaires guinéens près de la frontière arrêtent les réfugiés, en sélectionnent certains pour le retour et donnent l'ordre de les renvoyer au Libéria. Souvent, les soldats guinéens remettent en personne les réfugiés aux commandants du LURD.

Le rapport de Human Rights Watch a été publié pour coïncider avec la réunion, lundi 25 novembre, du Conseil de sécurité sur les sanctions imposées au gouvernement libérien en raison de son soutien aux rebelles de Sierra Leone.

Les chercheurs de Human Rights Watch ont été particulièrement alarmés par la situation à Kouankan, le plus grand camp de réfugiés en Guinée : les combattants du LURD, souvent en uniformes et parfois en armes, pouvaient se déplacer librement dans et autour du camp et, dans certains cas, y auraient résidé. Les autorités militaires guinéennes qui contrôlaient le seul accès au camp étaient manifestement au courant des mouvements des membres du LURD mais ne faisaient rien pour les empêcher.

" Les réfugiés ont été menacés et intimidés ", a souligné Peter Takirambudde. " Les forces du LURD ont recruté de force des hommes et des jeunes garçons parmi les réfugiés, ont enlevé des jeunes filles pour avoir des relations sexuelles avec elles avant de les renvoyer dans le camp. Ceci n'est pas acceptable : la nature civile des camps de réfugiés doit être préservée et leurs résidents doivent s'y trouver en sécurité. "

Au cours des deux dernières semaines, Human Rights Watch a reçu des informations crédibles de la part de réfugiés libériens quittant le camp de Kouankan et pour se mettre en sécurité dans les camps de réfugiés en Sierra Leone.

Dans les régions de Koyama et de Fassankoni, les réfugiés n'ont pas été refoulés vers le Libéria mais ont subi d'autres formes d'abus, parmi lesquelles des arrestations arbitraires suivies de détention dans des postes militaires ou de police, accusés sans fondement de combattre pour le Gouvernement libérien. Plusieurs hommes réfugiés qui étaient détenus ont été maltraités par les militaires ou la police de Guinée. Ils n'ont pas été sérieusement interrogés sur un crime quelconque et, dans la plupart des cas, ont pu obtenir leur libération en versant des pots-de-vin aux autorités guinéennes.

Human Rights Watch a également appelé le Gouvernement guinéen à permettre l'accès sans restriction aux zones frontalières du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et des autres agences humanitaires. Les autorités gouvernementales ont souvent bloqué l'accès à ces régions sous prétexte qu'elles étaient trop dangereuses.

Human Rights Watch a également exhorté le HCR à jouer un rôle plus actif et plus visible en appelant le Gouvernement de Guinée à assurer la protection et la sécurité des réfugiés et à rapporter immédiatement aux autorités tout exemple d'abus.

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