(New York, 23 janvier 2001) - Human Rights Watch condamne aujourd'hui l'incapacité du gouvernement nigérian à protéger une jeune mère adolescente, Bariya Ibrahim Magazu, contre les coups de fouet administrés par les autorités locales. Les autorités de l'État du Zamfara ont exécuté la sentence de cent coups de fouet prononcée contre Magazu pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage même si un appel contre son inculpation et sa peine était en cours d'instruction.
"Les responsables nigérians se sont précipités pour appliquer cette sanction cruelle et inhumaine et ont ignoré la révision, par la cour, de l'inculpation et de la peine de Magazu," a déclaré Regan E. Ralph, directrice exécutive de la Division Droits des Femmes de Human Rights Watch. "Les châtiments corporels ne sont pas en eux-mêmes défendables. Le cas présent est particulièrement choquant parce qu'il s'agit d'une jeune fille accusée d'un crime pour avoir donné la vie."
En septembre 2000, Magazu, une toute jeune adolescente, a été condamnée par une cour islamique de l'état de Zamfara, dans le nord du Nigéria, à 180 coups de fouet. L'état de Zamfara, avec d'autres états du nord du Nigéria a récemment étendu l'application de la loi islamique, la Charia afin d'inclure de telles sanctions. Magazu a été reconnue coupable de relations sexuelles hors mariage et d'avoir porté de fausses accusations contre les hommes avec lesquelles elle aurait eu ces rapports sexuels. La semaine dernière, la cour a réduit la peine à cent coups de fouets et a déclaré qu'il s'agissait là de la sanction normale après tout manquement à la loi interdisant les relations sexuelles avant le mariage. La cour a annulé la peine de quatre-vingt coups prononcée contre Magazu pour avoir accusé faussement les hommes qui l'ont forcée à avoir des relations sexuelles avec eux. En dépit de l'appel en cours, Magazu a été fouettée cent fois vendredi matin, 19 janvier 2000.
Human Rights Watch a pressé le gouvernement nigérian de revoir ses procédures légales afin de s'assurer que tous les cas, y compris ceux jugés dans les cours islamiques, sont traités selon les règles du droit telles que définies par les normes internationales en matière de droits humains et la constitution nigériane. L'organisation internationale de défense des droits humains a également appelé le gouvernement du Nigeria à protéger les accusés contre la mise en application arbitraire de sanctions extrêmes et inacceptables.