Skip to main content
Faire un don

Le rêve d'un jeune athlète tourne au cauchemar

La mort du joueur sénégalais Cheikh Touré relance le débat sur le trafic de jeunes footballeurs

Un supporter arbore le drapeau national sénégalais à Dakar, le 2 février 2022, après la victoire du Sénégal contre le Burkina Faso lors de la demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations 2021. © 2022 Carmen Abd Ali/AFP via Getty Images

Le 2 novembre, les funérailles de Cheikh Touré, un jeune et prometteur gardien de but sénégalais, ont finalement eu lieu après que son corps ait été rapatrié du Ghana. Selon les médias, Cheikh Touré s'était rendu au Ghana en pensant être mis en contact avec des recruteurs de footballeurs. Ces derniers l'auraient kidnappé, extorqué de l'argent à sa mère et tué. Le ministère sénégalais des Affaires étrangères a indiqué que Cheikh Touré avait probablement été « victime d’un réseau d’escroquerie et d’extorsion de fonds ».

Cette affaire a suscité l'indignation et la tristesse du public au Sénégal et au Ghana, y compris parmi la communauté footballistique. Les autorités des deux pays enquêtent sur le cas de Cheikh Touré, et les responsables sénégalais ont annoncé le 24 octobre que deux autres jeunes joueurs détenus au Ghana avaient été libérés.

Cette tragédie met en lumière la vulnérabilité des jeunes joueurs face aux escroqueries et aux tentatives d'extorsion, auxquelles les jeunes footballeurs du continent africain sont régulièrement exposés. Incités à signer de faux contrats dans des pays africains, en Asie du Sud-Est et en Europe, de jeunes Africains ont vu leurs rêves et leurs vies brisés par des réseaux de traite d'êtres humains.

Si la professionnalisation du football mondial a sans aucun doute créé des opportunités exceptionnelles pour les jeunes joueurs, elle a également mis en évidence le manque de protection des mineurs par les fédérations internationales telles que la FIFA, ainsi que l'incapacité des autorités publiques à surveiller les conditions des jeunes joueurs. Ces deux défaillances ont favorisé le développement du trafic d'êtres humains et d'autres formes d'abus dans le domaine du football. Un rapport de Mission89 affirme que des centaines de joueurs en Afrique de l'Ouest sont victimes chaque année de la traite des êtres humains, ceux issus de milieux défavorisés étant les plus exposés.

« La traite des êtres humains dans le football n'est pas une crise cachée, c'est une crise ignorée », a déclaré Ahmar Maiga, directeur exécutif de l'Association pour la protection des jeunes sportifs en Afrique – Mali (Young Players Protection in Africa-Mali, YPPA-Mali) et membre du Conseil consultatif du réseau Sport & Rights Alliance. « Nous avons un besoin urgent de surveillance, de protection et de reddition des comptes pour protéger les jeunes athlètes africains. »

« Le rêve de Cheikh Touré a été volé, mais son histoire doit réveiller la conscience du monde du football », a déclaré Khayran Noor, avocate kenyane et fondatrice de Sports Legal. « Protéger les jeunes joueurs et joueuses africain-e-s n'est pas une œuvre de charité, c'est la responsabilité du monde des acteurs du football. »

Les autorités sénégalaises et ghanéennes devraient faire toute la lumière sur le cas de Cheik Touré, afin de démanteler les réseaux apparemment responsables de sa mort. En outre, les responsables sénégalais et de l'Union africaine devraient collaborer avec la FIFA et la Confédération Africaine de Football (CAF) à la veille des Jeux olympiques de la jeunesse de 2026 à Dakar, afin de renforcer les cadres régionaux de protection des joueur-euse-s. Les réformes devraient inclure la mise en œuvre du Plan d’Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains et l'élaboration d'un code continental de protection des jeunes athlètes.

 

GIVING TUESDAY MATCH EXTENDED:

Did you miss Giving Tuesday? Our special 3X match has been EXTENDED through Friday at midnight. Your gift will now go three times further to help HRW investigate violations, expose what's happening on the ground and push for change.
Région/Pays