Les enfants devraient pouvoir aller à l'école et apprendre sans crainte. Les autorités devraient garantir ces droits fondamentaux.
Pour les filles au Soudan du Sud, ce n'est malheureusement pas le cas, comme le montrent clairement quelques exemples récents.
Le 25 juin, des hommes armés auraient enlevé quatre étudiantes à Pochalla North, dans l'État de Jonglei, alors qu'elles se rendaient à leurs examens du secondaire. La communauté locale a organisé des recherches, mais les quatre filles sont toujours portées disparues.
Le même mois, la police a déclaré avoir arrêté sept suspects dans le viol collectif d'une jeune fille de 16 ans à Juba, la capitale du Soudan du Sud. Une vidéo présumée de l'agression a été diffusée en ligne, suscitant l'indignation du public.
En mai, des jeunes armés ont encerclé un internat de filles à Marial Lou, dans l'État de Warrap, piégeant au moins 100 élèves à l'intérieur. La mission de maintien de la paix des Nations unies a dû négocier la fin du siège.
Ces incidents s'inscrivent dans un contexte bien connu au Soudan du Sud, où le corps, l'éducation et l'avenir des filles sont constamment menacés.
L'enchaînement des conflits, l'accès généralisé aux armes et les coutumes patriarcales ont depuis longtemps transformé le corps des femmes et des filles en champ de bataille. Comme l'explique Nyagoah Tut Pur, experte de HRW, elles sont utilisées comme butin de guerre ou monnaie d'échange dans les conflits intercommunautaires.
Il est encourageant de constater que les communautés sud-soudanaises se mobilisent pour protéger les filles. Des militants organisent des forums publics pour encourager les survivantes à prendre la parole.
Cela laisse espérer que ces comportements et ces pratiques puissent changer.
Toutefois, une protection efficace dépend toujours de la capacité des autorités à garantir que les auteurs de ces actes soient tenus responsables. À l'heure actuelle, les condamnations sont rares dans les affaires d'agressions contre des femmes et des filles.
L'État doit remplir ses obligations légales pour protéger les femmes et les filles. Le Soudan du Sud a signé de nombreux traités internationaux pertinents en la matière. Il s'agit notamment de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Le ministère du Genre, de l'Enfance et des Affaires sociales et le ministère de la Justice travaillent sur un projet de loi contre la violence sexiste et pour la protection des enfants. Cela pourrait renforcer les protections juridiques, criminaliser les mariages forcés et d'enfants et garantir aux survivantes une aide médicale et psychosociale gratuite. Le Parlement devrait donner la priorité à l'adoption de ce projet de loi.
Les filles au Soudan du Sud devraient pouvoir aller à l'école et apprendre sans crainte. C'est en fin de compte au gouvernement qu'il appartient de faire de ce « devoir » une réalité.