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Malawi : Inaction de la police face à l'agression de manifestants pacifiques

Les autorités devraient enquêter sur les violences et garantir la liberté de réunion avant les élections prévues en septembre

Un policier tenait son arme à Blantyre, au Malawi, le 6 mai 2020, lors de la campagne précédant l’élection présidentielle de juillet 2020. La période préélectorale avait alors été entachée de violences. Fin juin 2025, des violences dans la capitale, Lilongwe, ont suscité des inquiétudes quant aux élections prévues au Malawi en septembre 2025. © 2020 Amos Gumulira/AFP via Getty Images

(Johannesburg) – Le 26 juin, une douzaine d'hommes armés ont attaqué des manifestants qui protestaient pacifiquement au Malawi contre la manière dont le gouvernement planifie les prochaines élections nationales, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Le refus apparent de la police d’intervenir pour mettre fin aux violences ou pour arrêter les responsables suscite de vives inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à organiser les élections générales de septembre de manière juste et impartiale.

L'incident s'est produit lors d’un rassemblement organisé par l’association Citizens for Credible Elections (« Citoyens pour des élections crédibles » - CCE), afin de réclamer un audit indépendant des listes électorales et la démission de hauts responsables de la Commission électorale du Malawi (Malawi Electoral Commission, MEC). Lors du rassemblement tenu dans la capitale, Lilongwe, entre 10 et 20 hommes – certains masqués et armés de bâtons, de sjamboks (fouets en cuir) et de grands couteaux – ont attaqué les manifestants, blessant plusieurs personnes et endommageant également des biens. Des groupes de la société civile et le principal parti d'opposition, le Parti démocratique progressiste (Democratic Progressive Party, DPP), affirment que les assaillants étaient liés à une milice de jeunes affiliée au Parti du Congrès du Malawi (Malawi Congress Party, MCP), au pouvoir. Le MCP est accusé d’employer des tactiques d'intimidation contre des citoyens souhaitant s’exprimer librement à l'approche des élections de septembre.

« Les autorités malawiennes devraient enquêter sur cette attaque brutale contre des manifestants pacifiques et veiller à ce que les responsables soient dûment punis », a déclaré Idriss Ali Nassah, chercheur senior auprès de la division Afrique à Human Rights Watch. « Pour que les Malawiens aient confiance dans l'équité des prochaines élections, ils doivent avoir la certitude que la police réagira rapidement et impartialement aux menaces ou aux actes de violence, quels qu'en soient les responsables. »

Le gouvernement et les forces de l'ordre ont la responsabilité de garantir le respect des droits fondamentaux à la liberté d'expression et de réunion pacifique, et de veiller à ce que les manifestants puissent manifester en toute sécurité, conformément à la Constitution du Malawi et aux normes internationales. Par ailleurs, la commission électorale MEC a rejeté la demande de plusieurs organisations locales qui souhaitaient examiner les listes électorales afin de déceler toute incohérence susceptible de conduire à des fraudes électorales ; ce refus a accru les inquiétudes des citoyens et de la société civile quant à l'équité des prochaines élections.

Sylvester Namiwa, directeur du Centre pour la démocratie et les initiatives de développement économique (Center for Democracy and Economic Development Initiatives, CDEDI Malawi) et principal organisateur des manifestations, a déclaré à Human Rights Watch qu'au moment où la manifestation allait commencer, des assaillants ont attaqué les personnes rassemblées. Il a déclaré que, sous le regard de la police et d'autres agents des forces de l'ordre, les hommes l'ont violemment battu, l'ont traîné vers un SUV Toyota et ont tenté de l'enlever. Il a ajouté qu'il a échappé à la tentative d'enlèvement grâce aux tirs de gaz lacrymogènes de la police. Les assaillants ont ensuite volé un système de sonorisation utilisé par les manifestants, endommagé plusieurs véhicules et incendié deux voitures.

Sylvester Namiwa a ensuite été soigné pour ses blessures dans un hôpital local.

Une femme qui est membre de l’organisation CCE a déclaré qu’alors que les assaillants la frappaient, elle a imploré les policiers de la secourir. Mais ils ne sont pas intervenus, et lors de l'attaque, elle a été blessée au dos à l’une de ses mains.

Des militants locaux des droits humains et des journalistes couvrant les manifestations ont corroboré les témoignages des manifestants, affirmant avoir vu des policiers observer les manifestants sans rien faire pour les protéger, même lorsqu'il était clair que leur vie était en danger. Aucun agresseur n'a été arrêté ; de plus, la police n'a pas répondu aux questions des médias sur la réaction des forces de l'ordre face aux attaques.

Précédemment en novembre 2024, des partis d'opposition et des organisations de la société civile ont allégué que le MCP avait organisé une violente attaque menée par des hommes masqués et armés contre des personnes qui manifestaient pacifiquement en faveur des réformes électorales. Des témoins avaient alors accusé les forces de l'ordre d'être restées passives lors de l’attaque, tout comme lors du récent incident du 26 juin.

Les gouvernements ont l'obligation, en vertu du droit international, de respecter, de faciliter et de protéger le droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique. Le Malawi est un État partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, qui énoncent ces droits. Le Comité des droits de l'homme des Nations Unies, l'organe international d'experts chargé de surveiller le respect du PIDCP, a déclaré dans son Observation générale no 37 que les États parties ont « l’obligation positive de faciliter la tenue des réunions pacifiques et de permettre aux participants d’atteindre leurs objectifs ».

Les Lignes directrices sur la liberté d'association et de réunion en Afrique, publiées par la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) indiquent ceci : « Les droits à la liberté d’association et de réunion restent des droits fondamentaux qui devraient sous-tendre toute société démocratique dans laquelle la personne humaine pourrait faire entendre librement sa voix sur toute question de société. » L’article 30 stipule ceci : « Les États sont censés protéger les associations, notamment leurs responsables les plus en vue, des menaces, actes de harcèlement, d’ingérence, d’intimidation ou de représailles de la part de tierces parties ou d’acteurs non étatiques. »

« Le gouvernement malawien devrait respecter les droits humains et l'État de droit en enquêtant, en arrêtant et en poursuivant en justice les agresseurs et les auteurs des violences », a conclu Idriss Nassah. « À l'approche des élections générales cruciales de septembre, les autorités doivent envoyer un message fort : les violations des droits humains ne seront pas tolérées. »

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