Les efforts déployés par les États-Unis pour mettre fin au conflit armé actuel dans la région africaine des Grands Lacs semblent ignorer un facteur clé des hostilités : l'incapacité historique des autorités de la région à punir les responsables des atrocités commises dans l'est de la République démocratique du Congo.
Jusqu'à présent, les pourparlers ont abouti à la signature d'une « déclaration de principes » par les gouvernements de la RD Congo et du Rwanda, qui se sont engagés à élaborer une ébauche d'accord de paix. La médiation des États-Unis tente de lier les objectifs de paix et de sécurité à l'intégration économique et au développement de la région. Les principes reconnaissent « l'intérêt commun » du Rwanda et de la RD Congo à limiter la prolifération des groupes armés, et leur « engagement à s'abstenir de fournir un soutien militaire d'État à des groupes armés non étatiques ».
Si ces engagements sont sincères, il pourrait s'agir d'une étape importante, étant donné que les États qui soutiennent les groupes armés responsables d'exactions facilitent eux-mêmes la commission de crimes de guerre.
Le conseiller spécial pour l’Afrique à la Maison Blanche, Massad Boulos, a également précisé que tout accord de paix sera accompagné d'un accord sur les minerais, permettant aux entreprises américaines et multinationales d'investir dans les mines et les projets d'infrastructure congolais. Étant donné que la concurrence pour les ressources entraîne des violations des droits humains dans les régions riches en minerais de la RD Congo, il est impératif que le lien entre les conflits, les abus, la corruption et l'exploitation des ressources soit correctement pris en compte.
Toutefois, la question de savoir qui est responsable des exactions commises en RD Congo et comment en répondre n'a pas été abordée jusqu'à présent dans les négociations de paix.
Les forces armées rwandaises et congolaises ont commis de nombreuses graves exactions dans l'est de la RD Congo, et ont soutenu des groupes armés qui ont tué, violé et pillé. Les engagements à cesser de soutenir militairement ces groupes ne semblent pas se concrétiser, et personne n'a encore été traduit en justice pour avoir fourni un tel soutien.
Les victimes congolaises et leurs familles, les activistes, les responsables religieux et les praticiens de la justice continuent de réclamer la fin des abus. Ils réitèrent également leur demande sans équivoque de justice. Les efforts de justice nationaux, que la crise actuelle a gravement entravés, et la réactivation des enquêtes de la Cour pénale internationale en RD Congo, ainsi que d'autres initiatives visant à combler le vide en matière de justice, ont besoin d'un soutien fort et cohérent.
Tout accord de paix pour la RD Congo devrait soutenir les efforts visant à rendre justice aux victimes des crimes dévastateurs commis au cours de ce conflit, ainsi que ceux des décennies précédentes.