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Décombres de l'école Imam al-Kazem, à El Genaina (Darfour occidental), au Soudan, qui a été incendiée en avril 2023. Cette école servait de site de rassemblement pour des personnes déplacées par le conflit.  © 2023 Roots for Human Rights and Monitoring Violations

On se souvient tous de l'époque ou l'on disait « si seulement le monde savait ! ».

Ils observaient une crise ou un conflit plein d'atrocités effroyables et pensaient que les gouvernements étrangers n'étaient tout simplement pas au courant de ce qui se passait. Ou bien, ils pensaient que si les faits horribles étaient plus largement connus, les hommes et les femmes politiques seraient inévitablement soumis à la pression de l'opinion publique et devraient faire quelque chose.

En d'autres termes, les gens pensaient que la seule chose qui empêchait le monde de mettre fin aux atrocités commises en Ruritanie était le manque d'informations à ce sujet.

Aujourd'hui, plus personne ne croit ça.

Bien sûr, je vois encore quelques activistes et quelques journalistes pas encore blasés courir désespérément après l’histoire, la photo ou la vidéo, qui selon eux va enfin inciter le monde à agir face à la situation horrible en Ruritanie. Mais ils découvrent vite que le monde ne fonctionne plus comme ça.

En réalité, l'idée selon laquelle il suffit de mettre en lumière des atrocités pour les faire cesser est probablement morte il y a de nombreuses années. Ne me demandez pas quelle crise a fini par mettre fin à cette idée - elle s'est progressivement affaiblie à chaque nouvelle crise. 

Les gouvernements ont toujours eu accès aux informations nécessaires, et savaient certainement mieux que la plupart des gens ce qui se passait dans les différentes Ruritanies. Mais au fil des années avec l'explosion des différentes sources d'information, notamment les réseaux sociaux, la prise de conscience s’est généralisée. Ce ne sont pas seulement les gouvernements qui ne peuvent pas prétendre ignorer ce qui se passe, c'est tout le monde. L'information est partout.

Et des informations fiables sont facilement accessibles. Même dans les situations de conflit, lorsque les parties belligérantes diffusent mensonges et désinformation pour gagner du soutien - ou du moins pour semer la confusion - il existe des sources dignes de confiance sur lesquelles les gens peuvent compter. C'est là que Human Rights Watch et d'autres organisations entrent en jeu, avec des faits documentés par des recherches rigoureuses, tous accessibles au public.

Mais même ces informations fiables ne suffisent pas - les faits ne suffisent pas - à inciter les gouvernements à agir. Il faut les convaincre, les cajoler et parfois les embarrasser pour qu'ils fassent ce qu'il faut. C'est pourquoi Human Rights Watch et d'autres groupes n'ont pas seulement des chercheurs, mais aussi des experts du plaidoyer et des médias, des personnes dont le travail consiste à aider à convaincre.

Il n'est pas facile de persuader les gouvernements de faire quelque chose, quelle que soit la question. Les hommes et femmes politiques ont leurs propres priorités, et toute action coûte probablement de l'argent public et, plus important encore pour eux, leur temps, la ressource la plus rare qui existe. Souvent, la volonté politique n'est tout simplement pas là.

Mais notre tâche n'est pas de nous lamenter sur l'absence de volonté politique, mais de la créer. Cela signifie qu'il faut changer les calculs des hommes et femmes politiques et augmenter le coût de leur inactivité.

Nous aimerions tous que la fin des atrocités soit aussi simple que de dire « si seulement le monde savait ! » et de partager des informations. Mais nous savons tous que c'est beaucoup, beaucoup plus difficile que ça.

 

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