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Israël/Palestine : Lourdes pertes civiles en violation du droit international

Le respect du droit international et la cessation de l’impunité sont essentiels pour éviter de nouveaux abus

Rockets launched toward Israel from the Gaza Strip, October 8, 2023.   © 2023 AP

(Jérusalem, le 9 octobre 2023) – Des groupes armés palestiniens ont mené, le 7 octobre 2023, une attaque meurtrière lors de laquelle plusieurs centaines de civils israéliens ont été tués, provoquant de la part d’Israël des frappes de représailles qui ont causé la mort de centaines de Palestiniens, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui en publiant un document « questions-réponses » à ce sujet ; ce document porte notamment sur les lois de la guerre régissant cette nouvelle vague d’hostilités. À la date du 8 octobre, les attaques menées par les groupes armés palestiniens avaient causé la mort de plus de 677 Israéliens et ressortissants étrangers, dont des civils, selon des sources israéliennes citées par les Nations Unies. Les frappes aériennes israéliennes menées ensuite contre la bande de Gaza ont fait au moins 413 morts parmi les Palestiniens, a affirmé le ministère palestinien de la Santé à Gaza.

Le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont ouvert des brèches dans les clôtures séparant la bande de Gaza et Israël, et ont attaqué les communautés israéliennes avoisinantes ; les combattants ont fait irruption dans des maisons, commettant apparemment une tuerie de masse en tirant sur des civils, et ont capturé de nombreux civils israéliens qu’ils ont ensuite emmenés comme otages à Gaza. Ces groupes armés auraient aussi tiré sans discernement plus de 3 000 roquettes sur des centres de population israéliens.

« Les meurtres délibérés de civils, les prises d’otages et les punitions collectives sont des crimes odieux que rien ne peut justifier », a déclaré Omar Shakir, directeur pour Israël et la Palestine à Human Rights Watch. « Les attaques illégales et la répression systématique accablant cette région depuis des décennies risquent toutefois de se poursuivre, tant que les droits humains continueront d’y être ignorés, tout comme l’obligation de rendre des comptes. »

Les autorités israéliennes répriment systématiquement les droits des Palestiniens depuis des décennies, et imposent depuis 2007 un bouclage à Gaza dont les effets sont dévastateurs pour la population locale. Le 7 octobre, le ministre israélien de l’Énergie a annoncé que les autorités israéliennes n’alimenteraient plus en électricité les 2,2 millions d’habitants de Gaza.

Le ciblage apparemment délibéré de civils par les groupes armés palestiniens, leurs attaques menées sans discernement et l’enlèvement de civils en tant qu’otages constituent des crimes de guerre, au regard du droit international humanitaire. La coupure de l’électricité dans la bande de Gaza par les autorités israéliennes et les autres mesures punitives prises à l’encontre de la population civile de Gaza équivaudraient à une punition collective illégale, constituant également un crime de guerre. Les lois de la guerre s’imposent à toutes les parties à un conflit, indépendamment des questions légales à l’origine du conflit, ou du déséquilibre des forces entre les belligérants.

Les Palestiniens vivant dans le Territoire palestinien occupé (TPO) ont récemment subi une répression qui était peut-être sans précédent. Lors des neuf premiers mois de 2023, les autorités israéliennes ont tué davantage de Palestiniens en Cisjordanie que lors de toutes les années depuis que les Nations Unies ont commencé, en 2005, à tenir un décompte précis du nombre des victimes. Au mois d’octobre, le nombre de Palestiniens qui étaient en détention administrative sans inculpation ni procès, sur la seule base d’informations tenues secrètes, avait atteint un nouveau pic depuis 30 ans. Le bouclage illégal de Gaza par Israël, y compris l’interdiction générale de voyager imposée aux Palestiniens qui vivent sur ce territoire d’une longueur de 40 kilomètres (25 miles) et d’une largeur de 11 kilomètres (7 miles), avec peu d’exceptions, est récemment entré dans sa 17ème année.

L’oppression systématique exercée dans le TPO par le gouvernement israélien, accompagnée d’actes inhumains commis contre les Palestiniens dans le cadre d’une politique visant à maintenir la domination des Israéliens juifs sur eux, équivalent aux crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution, comme l’a précédemment conclu Human Rights Watch.

Lors de précédents épisodes d’hostilités, Human Rights Watch a documenté de graves violations des lois de la guerre commises par les forces israéliennes ainsi que par les groupes armés palestiniens. Israël a mené à plusieurs reprises et sans discernement des frappes aériennes qui ont causé la mort de nombreux civils – tuant des familles entières – et d’autres frappes qui visaient des civils ou des infrastructures civiles, notamment la destruction de tours d’habitation à Gaza qui abritaient des appartements et des entreprises, alors qu’aucun objectif militaire évident ne se trouvait à proximité.

De leur côté, les groupes armés palestiniens ont tiré des milliers de roquettes sans discernement en violation des lois de la guerre, ce qui équivaut à des crimes de guerre. Human Rights Watch appelle depuis des années ces groupes armés palestiniens à cesser ces attaques illégales, notamment dans un récent échange de lettres avec les autorités du Hamas.

En 2021, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) de l’époque, Fatou Bensouda, avait ouvert une enquête officielle sur les graves crimes commis en Palestine, l’État palestinien étant partie au Statut de Rome, le traité fondateur de cette Cour. Les affrontements actuels soulignent le besoin urgent de justice et la nécessité que le Bureau du procureur de la CPI accélère cette enquête ouverte sur les graves crimes commis par toutes les parties en Palestine, a affirmé Human Rights Watch.

« S’il y a une leçon à retenir des précédentes escalades de la violence, c’est que tant que perdurera l’impunité pour de graves abus, nous continuerons à assister à encore plus de répression et d’effusion de sang parmi les civils », a conclu Omar Shakir.

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