Jeudi matin, Chérubin Okende, un opposant politique, a été retrouvé mort dans sa voiture, tué par balles, à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo. M. Okende, 61 ans, était député et porte-parole du parti d'opposition Ensemble pour la République, connu sous le nom d'Ensemble.
Dès l'annonce de la nouvelle, les condamnations de l’assassinat exprimées par des hommes politiques, diplomates étrangers, activistes et citoyens ordinaires se sont succédées. Dans les heures qui ont suivi, le gouvernement congolais a dénoncé l'« assassinat », tandis que le bureau du président Félix Tshisekedi a indiqué sur Twitter que le président avait « appris avec consternation la disparition dans des conditions tragiques [de M. Okende] », ajoutant que les autorités avaient été chargées d'ouvrir une enquête sur cet « acte ignoble ». Le soir même, le gouvernement a annoncé l'ouverture d'une enquête et son intention d’y « associer […] des services étrangers des pays amis » afin d’en garantir la transparence, mais sans fournir plus de détails.
S'adressant aux médias, le dirigeant d'Ensemble, Moïse Katumbi, considéré comme l'un des principaux opposants de M. Tshisekedi à l’élection présidentielle prévue en décembre, a qualifié le meurtre d' « assassinat politique » et a déclaré que M. Okende aurait été « kidnappé devant la Cour constitutionnelle » la veille.
Un cadre d'Ensemble a déclaré à Human Rights Watch que M. Okende était attendu à la Cour constitutionnelle jeudi au sujet de sa déclaration de patrimoine déposée lors de sa démission de son poste de ministre des Transports en décembre 2022. Le cadre a déclaré que M. Okende s'était rendu à la Cour mercredi pour y demander un report de séance. Il avait demandé à son agent de sécurité de remettre la demande, tandis qu'il attendait à l'extérieur dans sa voiture. Lorsque cet agent de sécurité est revenu, selon le responsable du parti, M. Okende et sa voiture avaient disparu. Les médias ont rapporté la disparition de l’ancien ministre mercredi soir.
Cet assassinat survient à un moment où la tension politique est à son comble en RD Congo, notamment en raison d’inquiétudes quant à de possibles irrégularités dans la préparation des élections. Le 30 mai, Salomon Kalonda, un proche collaborateur de Moïse Katumbi, a été arrêté puis poursuivi quelques jours plus tard pour possession illégale d'arme et atteinte à la sûreté de l'État. D'autres membres de l'opposition ont également été ciblés par les autorités.
À moins de six mois des élections générales, l'enquête sur l'assassinat de Chérubin Okende devrait être rapide, impartiale et transparente, et les auteurs de ce crime devraient être traduits en justice. Toute autre dénouement au rabais risquerait d'aggraver une situation déjà extrêmement tendue.